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Zoltán Kodály (1882-1967) : Duo pour violon et violoncelle opus 7 ; Sonate pour violoncelle seul opus 8 ; Capriccio pour violoncelle seul. Alexandre Brussilovsky, violon ; Bion Tsang, violoncelle. 1 CD Suoniecolori SC 253282. DDD. Enregistré à Issy-les-Moulineaux et à Clamart en 1999. Notice français/anglais. Durée : 61’49.

 
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La Sonate pour violoncelle seul (1915) de Kodály est un bijou aux reflets multiples, tour à tour dense comme du Bach ou mystérieux comme la Transylvanie, toujours fascinant. On y vient sceptique, car le Hongrois n'a somme toute guère de réputation en France pour le public mélomane (en cela le Hary Janos de Montpellier en 2002, repris au Châtelet en 2004 avec Gérard Depardieu n'a pas aidé), mais une fois que la première écoute nous a accrochée, on y revient. Pour le violoncelliste américain Bion Tsang, capté à Clamart, c'est une forme d'Everest. Pour l'auditeur, un espace pur.

Le programme du disque, qui regroupe la Sonate et le Duo pour violon et violoncelle (1914) est cohérent mais n'est pas en soi original. Les plus belles gravures, qu'elles soient anciennes (Janos Starker, Delos International) ou modernes (Michal Kanka, Praga Digitals) reprennent en effet le même couplage. Face à ces illustres devanciers Bion Tsang parvient, dans un style éloigné de la tradition d'Europe centrale, à captiver par la netteté de sa vision. Il se passe quelque chose. Le Duo pour violoncelle qui ouvre le disque n'est pas de même rang que la Sonate, et si le métier du compositeur y est solide on n'y retrouve pas l'évidence, l'inspiration constante de la Sonate. Le violon est d'un caractère bavard (Baudime Jam dans la notice préfère parler, non sans tact, de brioet de volubilité), et les deux instruments se côtoient, leurs voix cœxistent sans qu'on puisse parler de dialogue, encore moins d'affrontement. Il en résulte une impression de froideur que ne compense pas le violon probe mais un rien distant d'. Un duo, sans duettistes. Après la concentration de la Sonate, le Capriccio (1915) forme une conclusion légère et virtuose, rafraîchissante.

Un autre attrait de ce disque est que ses protagonistes proposent chacun à sa manière une réponse actuelle à l'éternel grand écart dans lequel se trouve l'artiste, sommé pour réussir de connaître les chefs-d'œuvre et savoir se faire connaître, prendre du plaisir et donner du plaisir (fût-il sérieux comme la Sonate). C'est un exercice dont la difficulté paraît s'être aggravée avec l'arrivée de l'Internet et l'engorgement concomitant du marché du disque – le premier n'étant pas nécessairement la cause du second. a opté pour le disque. A l'instar du London Symphony Orchestra, ou du Concertgebouw d'Amsterdam, il est le directeur de la maison de disques Suoniecolori dont il est un des artistes régulièrement enregistrés. Les uns pourront ironiser que l'on n'est jamais si bien servi que par soi-même, les autres admireront la performance de l'homme orchestre, qui sait aussi honorer ses pairs tel le pianiste Nicolas Economou (disparu en 1993 à 40 ans), dont la publication de l'intégrale a été largement saluée par la presse. Le violoncelliste quant à lui respecte le disque, mais sa politique de communication sur Internet est plus agressive. Sur le site de Bion Tsang, uniquement en anglais, on trouve l'habituelle (auto)biographie, mais beaucoup plus rare, à la page « discography » on peut écouter des mouvements entiers des œuvres qu'il a enregistrées pour le disque (Schubert, Schumann, Strauss, Kodály bien sûr), et la page « library » propose des œuvres intégrales enregistrées pour le concert avec rien moins que les Six Suites pour Violoncelle seul de Bach, et des œuvres de Chostakovitch, Stravinsky, des concertos de Dvorak ou Schumann). Ecouter en toute légalité et gratuitement un jeune artiste sur son site web, et puis convaincu par son talent, se décider à acheter ses disques parce qu'on apprécie son travail, ça ressemble à une utopie. Ca l'est peut-être. Bion Tsang et perdront peut-être leur pari d'une union encore balbutiante de la musique en ligne et du disque, mais ils tentent, ils osent. Si c'est leur chance, et ils ont raison de la tenter, c'est aussi leur honneur.

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Zoltán Kodály (1882-1967) : Duo pour violon et violoncelle opus 7 ; Sonate pour violoncelle seul opus 8 ; Capriccio pour violoncelle seul. Alexandre Brussilovsky, violon ; Bion Tsang, violoncelle. 1 CD Suoniecolori SC 253282. DDD. Enregistré à Issy-les-Moulineaux et à Clamart en 1999. Notice français/anglais. Durée : 61’49.

 
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