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Une approche des concertos de Bach par David Grimal et les Dissonances

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Rungis. Théâtre de l’Arc-en-ciel. 25-IV-2017. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : concertos pour deux violons BWV 1060 R et BWV 1043 ; concertos pour violon BWV 1041 et BWV 1042. David Grimal, Anna Göckel, Doriane Gable et Arnaud Vallin : violon. Orchestre Les Dissonances.

David Grimal /Disconnances mars 2010 © Jean-Louis Atlan et ont inauguré, il y a un an, un programme de concertos de Bach qui a peu tourné jusqu'à présent. Avec cette soirée au théâtre de Rungis, on constate que le projet original des Dissonances trouve à s'y exprimer de fort belle manière.

Le concept d'un orchestre sans chef et à géométrie variable, s'il fonctionne dans les concertos de Mozart, est a fortiori particulièrement bien adapté à ceux de . On connaît déjà par ailleurs les affinités du leader de l'ensemble pour le Cantor de Leipzig, même si elle ne ressort pas de sa discographie, hormis par sa double intégrale des Sonates et partitas pour violon seul. L'orchestre réuni ce soir, quatorze cordes modernes et un clavecin, est donc attendu avec un a priori favorable.

Pourtant, auditeurs et musiciens ont du mal à entrer dans les deux premiers mouvements du concerto BWV 1060 dans sa version reconstruite pour deux violons ( et ). Il faut dire que l'acoustique assez sèche de cet auditorium également conçu pour le théâtre n'aide pas à ce que le son soit d'emblée optimal, mais on constate aussi de menus défauts de mise en place dans l'Allegro inaugural pourtant pris à un tempo très sage, et même dans l'Adagio, malgré la qualité des solistes en dialogue. C'est avec le troisième mouvement, très tonique, que les musiciens se trouvent et que le concert commence vraiment.

reste seul debout pour le concerto BWV 1041, où il fait admirer son jeu tout en finesse et en intelligence, porté par un orchestre très à l'écoute et qui cisèle ses interventions comme dans le thème d'ouverture de l'Andante, un peu nerveux mais parfait pour amener la mélopée plaintive du violon. Puis le soliste rentre dans le rang et laisse la place à deux violonistes qui en sortent pour le concerto BWV 1043. C'est dans cette œuvre que l'osmose musicale est la plus manifeste, tant et s'accordent à merveille dans leur jeu et avec celui de l'orchestre. Les magnifiques dialogues du long Andante, dans lesquels les solistes ont tant à se dire, sont particulièrement réussis, si bien qu'on prendra réellement plaisir à les retrouver en bis.

Enfin, c'est le retour de David Grimal au premier plan pour le BWV 1042 en mi majeur, où l'on retrouve toute la verve et l'expressivité du violoniste. Même si les puristes pourront ne pas goûter ses accents presque romantiques dans le deuxième mouvement, ici très recueilli, on ne peut que louer son jeu juste à tous points de vue, flamboyant quand la partition le commande, attentif à l'expressivité de la musique et à celle de l'ensemble, bien loin de chercher la performance comme semblait récemment le faire Nemanja Radulovic dans le même répertoire. L'attitude bon enfant de David Grimal, prenant à parti ses musiciens et le public entre les concertos, demandant par exemple quel bis l'on souhaite entendre ou racontant quelques anecdotes, est à l'unisson de la musique où le plaisir de jouer ensemble est ce qui ressort en premier lieu. D'où le plaisir aussi de l'auditeur de retrouver ces « tubes » car, comme le dit David Grimal, « un peu de Bach ça ne fait jamais de mal, beaucoup de Bach ça peut faire du bien ».

Photo : David Grimal © Jean-Louis Atlan

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Rungis. Théâtre de l’Arc-en-ciel. 25-IV-2017. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : concertos pour deux violons BWV 1060 R et BWV 1043 ; concertos pour violon BWV 1041 et BWV 1042. David Grimal, Anna Göckel, Doriane Gable et Arnaud Vallin : violon. Orchestre Les Dissonances.

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