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Metz. Grande salle de l’Arsenal. 11-III-2017. Gioachino Rossini (1792-1868) : ouverture de Guillaume Tell ; « Ah perché, perché la morte… un’altra volta », extrait de Mathilde di Shabran ; « In si barbara sciagura » et ouverture, extraits de Sémiramide ; « Oh patria… Di tanti palpiti », extrait de Tancredi ; ouverture, « Cruda Sorte » et « Amici in ogni evento », extraits de L’Italiana in Algeri ; ouverture et « Una voce poco fa » extraits de Il Barbiere di Seviglia. Marie-Nicole Lemieux, contralto. Orchestre national de Lorraine, direction : Jean-Marie Zeitouni.
Générosité, énergie, joie du chant. Telles sont les qualités que l'on retiendra du dernier concert de Marie-Nicole Lemieux. La grande contralto canadienne, qui va bientôt affronter à Strasbourg la redoutable Cassandre de Berlioz, fait décidément éclater toutes les coutures.
Nous l'avions vue à Nancy, il y a quelques saisons, en Isabella de L'Italienne à Alger, rôle dont la tessiture plutôt basse convenait idéalement à son grave plantureux et à son sens inné du comique. Nous avons retrouvé toutes ces qualités lors du concert de l'Arsenal de Metz, avec des vocalises un peu moins savonnées qu'en 2012 et surtout une puissance vocale et une quinte aiguë beaucoup plus percutante qu'il y a quelques années. De toute évidence, Marie-Nicole Lemieux n'est pas un clone de Marylin Horne, d'Eva Podlès ou de Lucia Valentini-Terrani, dont elle n'a ni l'homogénéité vocale, ni le délié et la précision de la vocalise. Mais elle tire profit de son tempérament volcanique et de sa personnalité vocale pour proposer, avec les moyens qui sont les siens, un portrait à chaque fois attachant et original des héroïnes qu'elle incarne, portrait très personnel dans les couleurs dont elle parvient à parer son chant. Sans doute est-ce dans la déclamation du récitatif qu'elle donne le meilleur d'elle-même, la partie cantabile des grandes scènes rossiniennes faisant de temps en temps apparaître quelques raucités dans sa voix.
La première partie du concert, consacrée à des protagonistes de sexe masculin, permet ainsi à Lemieux, notamment dans la première partie des scènes de Tancredi et de Mathilde di Shabran, de peaufiner l'expression des longs récitatifs grâce aux beaux reflets cuivrés de son généreux contralto. L'effet est garanti, et l'on pardonne les petites imperfections accidentelles qui parfois, dans l'air à proprement parler, heurtent la ligne. La deuxième partie du concert, avec Rosine du Barbier et Isabelle de L'Italienne, est évidemment plus « féminine » et Lemieux sait mieux que quiconque créer un rapport de séduction et de complicité avec le public, notamment avec « Cruda sorte » et « Una voce poco fa » qui mettent tous deux la salle à ses pieds. Le rondo final d'Isabella montre la cantatrice canadienne véritablement éblouissante, et les bis généreusement octroyés, dont une truculente scène de La pietra del paragone qui permet au chef Jean-Marie Zeitouni de donner la réplique à sa soliste, concluent dans la liesse générale un concert marqué par le plaisir du chant, du partage et de l'écoute.
Les trois ouvertures données en complément de programme permettent une fois encore de savourer les talents d'orchestrateur de Rossini, surtout lorsqu'elles sont jouées par les instrumentistes de l'Orchestre national de Lorraine, très en phase avec la direction précise, dynamique et animée de Jean-Marie Zeitouni. Belle soirée vocale et musicale, donc, aux avant-goûts de printemps fort bienvenus.
Crédit photographique : Marie-Nicole Lemieux © Geneviève Lesieur
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Metz. Grande salle de l’Arsenal. 11-III-2017. Gioachino Rossini (1792-1868) : ouverture de Guillaume Tell ; « Ah perché, perché la morte… un’altra volta », extrait de Mathilde di Shabran ; « In si barbara sciagura » et ouverture, extraits de Sémiramide ; « Oh patria… Di tanti palpiti », extrait de Tancredi ; ouverture, « Cruda Sorte » et « Amici in ogni evento », extraits de L’Italiana in Algeri ; ouverture et « Una voce poco fa » extraits de Il Barbiere di Seviglia. Marie-Nicole Lemieux, contralto. Orchestre national de Lorraine, direction : Jean-Marie Zeitouni.