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La jeune fille et la mort pour le 40ème anniversaire du Quatuor Talich

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Franz Schubert (1797 – 1828) : quatuor n°14 en ré mineur « La Jeune fille et la mort » D810. Jan Talich, violon. Petr Macecek, violon. Vladimir Bukac, alto, Petr Prause, violoncelle. Quatuor Talich. 1 CD Calliope CAL 3346. Enregistrement public France Musiques datant du 11 octobre 2004. DDD. Trop brève notice en anglais et en français. Durée totale : 50’31’’

 

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A l'occasion du 40ème anniversaire du célèbre , le label Calliope propose un enregistrement public du non moins célèbre Quatuor à cordes n°14 de , dit « La jeune fille et la mort », enregistrement effectué par France Musiques lors d'un concert donné par les musiciens tchèques le 11 octobre 2004 au Théâtre des Bouffes du Nord.

L'enregistrement réintègre également les deux extraits du quintette « américain » de Dvorak donnés en bis, ce qui constitue un moment de forte émotion, puisque ce n'est autre que Sénior lui-même (fondateur du en 1964) qui se joint au de la deuxieme génération pour prendre en main le deuxième alto du quintette du compositeur tchèque… Un moment tout à fait magique qui met en lumière la formidable pérennité de l'ensemble vieux de 40 ans.

« Va-t'en, ah, va-t'en! Disparais, odieux squelette! Je suis encore jeune, disparais! Et ne me touche pas! » ; tels sont les premiers vers prononcés par la jeune fille du poème de Matthias Claudius, que Schubert mit en musique en 1817, sept ans avant qu'il ne compose son quatuor en ré mineur dans lequel il citera la musique de ce lied de jeunesse. Car en 1824, Schubert est déjà « vieilli » par la maladie, découverte en 1823, et il a conscience de la précarité de son état de santé. On ne peut pas dire pour autant qu'il sente l'approche de sa mort, qui ne viendra que quatre années plus tard, mais l'atmosphère sombre et pleine de tension de son quatuor à cordes le plus célèbre – un des plus fameux de l'histoire de la musique –, laisse à imaginer la profonde mélancolie dans lequel Schubert devait se trouver, à 27 ans, lorsqu'il écrivit son œuvre. Le premier mouvement, qui libère une énergie noire, macabre, laisse entendre une musique presque angoissante, pleine de menace et d'agressivité, comme si l'approche imminente de la mort était pressentie, une mort sereine et accueillante qui viendra effectivement parler en première personne, dans le second mouvement : « Donne-moi la main, douce et belle créature! Je suis ton amie, tu n'as rien à craindre. Laisse-toi faire! N'aie pas peur, viens sagement dormir dans mes bras ».

D'un point de vue purement musical et émotionnel, le premier mouvement constitue une introduction assez remarquable à cet andante qui est véritablement le cœur émotionnel de l'œuvre. L'allegro initial annonce la couleur et décrit parfaitement le paysage funèbre dans lequel seront peints la mort et ses variations toutes aussi bouleversantes les unes que les autres. La musique de Schubert est très inspirée, d'une écriture dense et d'un lyrisme poignant, au point qu'elle ferait pleurer même les pierres… Les deux derniers mouvements du quatuor, sans doute un peu moins connus que les deux premiers, n'enlèvent rien de l'angoisse et de la vive tension exprimée par les déferlantes de notes et les accords sombres et effrayants de la fin du premier mouvement. Schubert évacue tant qu'il peut l'idée d'une mort obsédante qu'il sent peut-être malgré tout s'approcher de lui à petits pas, à une période il faut bien l'avouer très malheureuse de son existence, sa correspondance est là pour le prouver : « En un mot je me sens comme la créature la plus malheureuse et la plus misérable du monde. Imaginez un homme dont la santé ne sera plus jamais normale, [… ] imaginez un homme dont les espoirs les plus éclatants ont péri, dont la félicité de l'amour et de l'amitié n'ont à lui servir que de la douleur… » (lettre à son ami Kupelweiser datée du 31 mars 1824).

Il existe un très grand nombre d'interprétations différentes de ce chef-d'œuvre schubertien. Celle du Quatuor Talich proposée sur cet enregistrement se démarque par son jeu coloré, la générosité de son lyrisme, sa grande expressivité, sa profonde compréhension de la musique de Schubert. Sans tomber dans l'exagération, les musiciens tchèques laissent transpercer leur personnalité et leur âme tchèque, en ajoutant à l'œuvre une petite touche de tendresse et de rusticité ; ils nous laissent entendre chanter une mort sereine et sensible dans le mouvement lent, lequel ils abordent avec un tempo assez décontracté tout à fait idéal au climat voulu par Schubert, à préférer à d'autres interprétations trop pressantes, celles qui oublient la musique au passage pour ainsi dire.

Une version de première importance donc, à apprécier pour son originalité, ses accents imprévisibles, sa fraîcheur spontanée, son inventivité lyrique, mais avant tout sa fidélité à Schubert.

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Franz Schubert (1797 – 1828) : quatuor n°14 en ré mineur « La Jeune fille et la mort » D810. Jan Talich, violon. Petr Macecek, violon. Vladimir Bukac, alto, Petr Prause, violoncelle. Quatuor Talich. 1 CD Calliope CAL 3346. Enregistrement public France Musiques datant du 11 octobre 2004. DDD. Trop brève notice en anglais et en français. Durée totale : 50’31’’

 
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