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Festival de Macerata. Sferisterio. 7-VIII-2016. Vincenzo Bellini (1801-1835) : Norma, Opéra en deux actes sur un livret de Felice Romani. Mise en scène Luigi Di Gangi e Ugo Giacomazzi; décors Federica Parolini; costumes Daniela Cernigliaro ; lumières Luigi Biondi. Avec : Maria José Siri, Norma ; Sonia Ganassi, Adalgisa ; Rubens Pellizzari, Pollione ; Nicola Ulivieri, Oroveso. Orchestre régional des Marches, Chœur lyrique des Marches, direction musicale : Michele Gamba
Une très poétique Norma au festival de Macerata, dans les Marches, avec une mise en scène et des décors évocateurs et émouvants, et le très jeune chef, Michele Gamba qui sculpte l'orchestre en un support parfait pour les belles voix réunies par Francesco Micheli, directeur artistique du festival.
Posés contre le mur du Sferisterio, d'immenses pilastres de résilles, longs rubans, lianes mouvantes évoquent une forêt vierge, des cercles magiques parcourus de traces effilochées comme les trainées d'un ciel venteux, ou les fils gluants de l'araignée, cercles parfois s'illuminant, comme des planètes lointaines déjà mortes ou miroirs de la nôtre…
Les deux jeunes metteurs en scène siciliens, Luigi Di Gangi et Ugo Giacomazzi, inspirés par leur « gourou spirituelle » l'artiste sarde Maria Lai, ont pris le mur de fond de scène du Sferisterio comme métaphore de la clôture contre laquelle se battent tous les héros, mur de la bêtise, de l'oppression. Et Federica Parolini a créé un décor évocateur qui aurait plu à l'artiste chaman. Gangi et Giacomazzi ont aussi parfaitement géré l'immensité de la scène du Sferisterio en modelant l'espace par des jeux d'intensité et de couleurs de la lumière, et de ses ombres. Les 120 costumes de Daniela Cernigliaro, lambeaux, hardes diverses superposées, et la robe magique de Norma, évoquent les oripeaux imaginaires d'un peuple intemporel de sans-abri.
L'émotion commence dès la page de garde du programme, « imprimé en 2 899 exemplaires, le nombre des personnes mortes noyées en Méditerranée depuis le début de l'année 2016. » La Méditerranée qui est le fil conducteur de cette cinquante-deuxième édition du Festival de Macerata, de la Chypre d'Othello à l'Aragon du Trouvère, jusqu'aux forêts druidiques de Norma. Francesco Micheli, directeur artistique, du festival a voulu « faire résonner les réalités tragiques, les histoires, les conflits, au travers d'innombrables personnages… héros solitaires ou peuples entiers, qui parfois sous la contrainte, ou librement, abandonnent leurs terres et partent à la recherche d'un endroit meilleur. Othello, venu d'Afrique, Azucena, la bohémienne du Trouvère; Norma, la barbare qui rêve de Rome pour ses enfants… Bellini et Verdi parlent d'hommes et femmes désorientés, et de drames sans fin ».
Seuls les humains peuvent rêver de l'impossible, disait Maria Lai. C'est bien ce que fait Norma qui se bat elle aussi pour son amour, pour ses enfants, pour une liberté humaine qui n'existe pas encore. La soprano uruguayenne d'origine italienne, María José Siri, dont c'est la prise de rôle, est, ce troisième et dernier soir, passionnée, éblouissante, avec un art vocal et scénique impressionnants. Son timbre lisse et poignant tout à la fois, modulé, réussit à rendre émouvant le personnage outré et désespérant de Norma. Elle sera Madame Butterfly le 7 décembre, sous la direction de Riccardo Chailly, pour l'ouverture de la saison 2016/2017 au Teatro alla Scala de Milan, le grand événement opératique italien.
L'Adalgisa de Sonia Ganassi, annoncée comme un peu souffrante avant le deuxième acte, n'en est pas moins captivante, et son phrasé expressif, sa voix qui se marie parfaitement avec celle de María José Siri, réjouit le public, particulièrement dans leur dialogue de la fin du premier acte, lorsque Adalgisa avoue à Norma qu'elle est amoureuse.
Le Pollione du ténor Rubens Pelizzari est sincère et touchant, son chant, lumineux, héroïque même, malgré une gestuelle parfois convenue, tout comme celle de Siri, jouant peut-être trop de ses bras, et pourtant cela ne gêne pas. Nicola Ulivieri en Oroveso, Manuel Pierattelli en Flavio et Rosanna Le Grec en Clotilde, sont aussi d'un très bon niveau, comme le Chœur lyrique des Marches.
Cette Norma est une coproduction du Festival de Macerata et du Teatro Massimo de Palerme, où une reprise aura lieu en février 2017, avec Mariella Devia dans le rôle titre.
Crédit photographique : © Tabocchini
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Festival de Macerata. Sferisterio. 7-VIII-2016. Vincenzo Bellini (1801-1835) : Norma, Opéra en deux actes sur un livret de Felice Romani. Mise en scène Luigi Di Gangi e Ugo Giacomazzi; décors Federica Parolini; costumes Daniela Cernigliaro ; lumières Luigi Biondi. Avec : Maria José Siri, Norma ; Sonia Ganassi, Adalgisa ; Rubens Pellizzari, Pollione ; Nicola Ulivieri, Oroveso. Orchestre régional des Marches, Chœur lyrique des Marches, direction musicale : Michele Gamba