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Vent de folie sur la scène de l’EIC

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Philharmonie II Cité de la Musique 27-V-2016
Michael Jarrell (né en 1958) : Adtende ubi albescit veritas pour baryton et orchestre; Wolfgang Rihm (né en 1952) : Die Stücke des Sängers pour harpe et ensemble; David Hudry (né en 1978) : The forgotten City pour ensemble (CM); Peter Maxwell Davies (1934-2016) : Eight Songs for a Mad King, pour baryton et ensemble. Georg Nigl, baryton; Frédérique Cambreling, harpe; Leslie Menahem, assistante mise en espace; Laurent Schneegans, lumières; direction Gregor A.Mayrhofer.

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Omniprésent sur la scène internationale, le baryton autrichien Georg Nigl était à l'honneur dans le concert de l' dirigé par le jeune et brillant Gregor A. Mayrhofer, actuel assistant de , qui remplaçait au pied levé .

Le baryton est sur le devant de la scène dès le début du concert avec la pièce de , Adtende, ubi albescit veritas (Regarde bien du côté où point l'aube de la vérité), un titre emprunté aux Confessions de saint Augustin (chapitre XXVII du Livre XI) questionnant le temps et la mesure de ce dernier. La pièce compte parmi les douze commandes faites en 2013 – pour le Festival de Salzbourg – par , dans le cadre du projet Beyond Recall. Les compositions devaient en outre s'attacher à une oeuvre plastique actuelle. Jarrell se fixe sur Vanitas, la sculpture de Christian Boltanski installée dans la crypte de la cathédrale de Salzbourg depuis 2009. La pièce aussi intense que raffinée est habitée par la voix très incarnée du baryton dont la déclamation lente et réverbérée par les couleurs instrumentales instaure un climat tendu et sombre. Sombre également est la pièce au titre inquiétant de , Die Stücke des Sängers (les morceaux de la chanteuse) qui tourne le dos à toute séduction. La partition âpre et austère, aux gestes heurtés qui évitent la résonance, est défendue bec et ongles par la harpiste pour qui l'oeuvre a été écrite.

Amorcée par un tutti ébouriffant, la création mondiale très attendue de , The Forgotten City, s'annonce plus galvanisante et jubilatoire. Jamais encore le compositeur n'avait affirmé avec un tel brio les hauteurs volcaniques de son tempérament. Il est ici question de Buffalo et ses friches industrielles dont Hudry « cherche à incarner musicalement l'intensité de l'activité sonore qui les animait ». La pièce à très haut voltage, qui inclut la batterie de jazz, charrie une matière dense, foisonnante et implacablement pulsée, que le compositeur conduit avec maestria. Au sein d'une matière en constante surchauffe émergent d'héroïques soli telle que la flûte basse d', le basson de Paul Riveaux et la trompette de Clément Saunier. Ce dernier exécute un break superbe autant que salutaire avant les derniers assauts d'une musique industrielle aux polyrythmies obsédantes, impeccablement servie par le chef et ses musiciens.

C'est en chemise de nuit que réapparait en seconde partie de soirée. Du compositeur britannique Peter Maxwell Davies – décédé en mars dernier – Eight Songs for a Mad King est une sorte de monodrame mettant en scène la folie du roi George III qui régna sur l'empire britannique de 1760 à 1820. Écrite sur un livret de Randolph Stow et créée en 1969 à Londres, au Queen Elisabeth Hall, l'œuvre compte parmi les plus gros scandales provoqués par ce jeune trublion de la composition, qui finira d'ailleurs par s'assagir, devenant en 2004 le maître de musique de la reine, qui l'anoblit… est époustouflant dans son rôle de roi fou, déployant tous les registres, (chantés, parlés, criés) de sa voix, celle de tête particulièrement sollicitée et impressionnante. Chacune des scènes/chansons a son climat singulier et ses couleurs (réminiscences, citations) liés au quotidien ou à l'imaginaire du roi : musique d'appeaux (il vivait reclus avec ses oiseaux), clavecin baroque (il adorait Le Messie de Haendel) et autres mélanges stylistiques finement articulés et accusant le tragi-comique des situations. Le roi finit par jouer sa propre mort, quittant la scène en sanglotant sur les scansions funèbres du tambour.

Crédit photographique :   (c) Bernd Uhlig

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