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Montpellier. Opéra comédie. 23-XII–2015. Simon Laks (1901-1983) : L’Hirondelle inattendue, Opéra féerique en un acte, livret de Henri Lemarchand, basé sur la pièce radiophonique Le Bestiaire inattendu : L’Hirondelle du faubourg de Claude Aveline. Maurice Ravel (1875-1937) : L’Enfant et les Sortilèges, fantaisie lyrique en deux parties sur un livret de Colette. Mise en scène : Sandra Pocceschi. Décors : Giacomo Strada. Costumes : Cristina Nyffeler. Lumières : Geoffroy Duval. Avec : Khatouna Gadelia, la Colombe, l’Enfant ; Alix le Saux, l’Hirondelle, L’Écureuil, la Chauve-Souris ; Jodie Devos, Procné, la Princesse, le Feu, le Rossignol ; Élodie Méchain, la Tortue, la Mère, la Libellule, la Tasse chinoise ; Kevin Amiel, le Journaliste, la Théière, la Rainette, le Petit Vieillard ; Régis Mengus, le Pilote, le Serpent, l’Horloge ; Julien Véronèse, l’Ours, le Fauteuil, l’Arbre ; Laurent Sérou, la Voix du ciel, Alexandra Dauphin, l’Hirondelle 2 ; Lisa Barthélémy, la Chatte ; Elina Bordry, la Bergère ; Véronique Parize, une pastourelle ; Alexandra Dauphin, un pâtre ; Marie-Camille Goiffon, une chouette ; Camille Poirier, le Chat. Chœurs Opéra national Montpellier et Opéra junior (direction : Vincent Recolin et Naëlle Gémy), Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon, direction : David Niemann.
Coup double et belle découverte à l'Opéra de Montpellier. Une inattendue (et inentendue car il s'agissait de sa création scénique) Hirondelle signée Simon Laks accompagne un Enfant et les Sortilèges, habilement mis en scène par Sandra Pocceschi.
Cette « Hirondelle inattendue » annoncerait-elle le printemps de l'Opéra national de Montpellier ? Elle a au moins le mérite de s'écarter des sentiers battus, fidèle au cap fixé en début de saison par la directrice Valérie Chevalier, attentive à multiplier raretés et découvertes lyriques. Au programme de cette soirée, on retrouve sans déplaisir l'Enfant et les Sortilèges, donné dans la production Opéra-Junior en février dernier. Sandra Pocceschi officie à la mise en scène, conjuguant sobriété et efficacité, pour relier en une vision commune, deux approches de l'enfance musicale.
Surréalisme et ritournelle
L'Hirondelle inattendue de Simon Laks (1902-1983) aura donc attendu 50 ans avant de connaître sa première version scénique. En choisissant de s'installer à Paris à son retour de déportation dans le camp d'Auschwitz, le compositeur polonais ne se doutait pas que sa musique ne trouverait pas d'écho favorable. Rapidement tombée dans l'oubli, l'œuvre trouve son origine dans une pièce radiophonique de Claude Aveline, d'après la célèbre chanson de Louis Bénech et Ernest Dumont : « L'Hirondelle du faubourg ». Le livret d'Henri Lemarchand tient à la fois de la candeur de Colette ou Paul Fort et du surréalisme d'un Desnos. Cette unique production lyrique n'a pas la prétention d'une pièce à énigme, censée dissimuler le message politique sous l'imagerie naïve. Un seul acte suffira à raconter les péripéties d'un reporter et d'un pilote au paradis des animaux. Habilement présentés par des images d'archives racontant la conquête spatiale, les deux compères apparaissent dans des tenues d'astronautes au beau milieu d'un étrange aréopage de « rois » et « reines » aux visages uniformément recouvert de toile noire. L'erreur de pilotage est propice à la découverte de ce bestiaire posthume dissimulant la Colombe de l'Arche, l'Ours de Berne ou encore les Oies du Capitole… L'intronisation de la modeste Hirondelle du faubourg se heurte à l'attitude dédaigneuse des nobles animaux. L'onirisme décalé prendra une tournure funèbre quand ce beau monde envolé, un drap mortuaire retombe sur celui qui avait imaginé cette belle histoire.
Objet d'un enregistrement par l'Orchestre symphonique national de la radio polonaise (Clef ResMusica), l'Hirondelle inattendue s'inscrit volontiers dans l'univers sonore du groupe des Six. Foisonnant de rythmes striés et marches harmoniques, la musique de Simon Laks affiche cuivres pimpants et broderies entraînantes. La petite harmonie est à la fête, lançant avec décontraction des ponts entre musique savante et populaire. Ce trait d'union sert de préambule naturel à l'Enfant et les Sortilèges de Ravel, donné en seconde partie.
Album d'images
La mise en scène de Sandra Pocceschi prouve ses qualités, cette fois-ci avec un plateau de chanteurs professionnels. En choisissant de donner aux surtitres le rôle de commentaires sur le mode du jeu de langage psychologique, les décors de Giacomo Strada s'animent sous un jour nouveau, sollicitant l'imagination du spectateur au-delà de la simple illustration naturaliste. Le continuum se feuillette comme un grand album d'image, éclairé à la perfection par Geoffroy Duval.
Vocalement, on perd en naturel et en spontanéité mais la plus-value est indéniable en terme de technique vocale. Le ténor Kevin Amiel enchaîne successivement les rôles : Reporter, Théière, Vieillard et Rainette. L'émission est toujours un peu pincée mais il fait preuve d'une belle présence en scène et remporte aisément les suffrages. Le format vocal assez modeste de l'hirondelle d'Alix Le Saux s'ouvre généreusement lorsqu'elle saute dans les costumes de la Chauve-souris et de l'Écureuil. Tortue d'Eschyle en première partie, Elodie Méchain réussit l'exploit protéïforme d'être Mère, Tasse chinoise et Libellule, exposant un timbre capiteux. Très véhément en Horloge et en Serpent, Régis Mengus fait oublier un Pilote assez terne. Julien Véronèse s'adapte idéalement à la bonhommie de l'Ours et l'humour décalé du Fauteuil et de l'Arbre blessé.
Khatouna Gadelia se fait remarquer en Colombe et séduit dans le rôle de l'Enfant, sur le fil entre enfance et âge adulte. L'autre belle surprise de la soirée se nomme Jodie Devos (jeune artiste vocale ICMA 2015), impétueuse et jalouse Procné, puis brillantissime Feu, Princesse et Rossignol. La direction de David Niemann réussit le difficile équilibre entre un plateau très contrasté et une écriture toute en nuance
Crédits photographiques : © Marc Ginot
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Montpellier. Opéra comédie. 23-XII–2015. Simon Laks (1901-1983) : L’Hirondelle inattendue, Opéra féerique en un acte, livret de Henri Lemarchand, basé sur la pièce radiophonique Le Bestiaire inattendu : L’Hirondelle du faubourg de Claude Aveline. Maurice Ravel (1875-1937) : L’Enfant et les Sortilèges, fantaisie lyrique en deux parties sur un livret de Colette. Mise en scène : Sandra Pocceschi. Décors : Giacomo Strada. Costumes : Cristina Nyffeler. Lumières : Geoffroy Duval. Avec : Khatouna Gadelia, la Colombe, l’Enfant ; Alix le Saux, l’Hirondelle, L’Écureuil, la Chauve-Souris ; Jodie Devos, Procné, la Princesse, le Feu, le Rossignol ; Élodie Méchain, la Tortue, la Mère, la Libellule, la Tasse chinoise ; Kevin Amiel, le Journaliste, la Théière, la Rainette, le Petit Vieillard ; Régis Mengus, le Pilote, le Serpent, l’Horloge ; Julien Véronèse, l’Ours, le Fauteuil, l’Arbre ; Laurent Sérou, la Voix du ciel, Alexandra Dauphin, l’Hirondelle 2 ; Lisa Barthélémy, la Chatte ; Elina Bordry, la Bergère ; Véronique Parize, une pastourelle ; Alexandra Dauphin, un pâtre ; Marie-Camille Goiffon, une chouette ; Camille Poirier, le Chat. Chœurs Opéra national Montpellier et Opéra junior (direction : Vincent Recolin et Naëlle Gémy), Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon, direction : David Niemann.