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La Passion selon Saint Marc de Keiser en pleine lumière

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Paris. Oratoire du Louvre. 25-III-2015. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : motet Lobet den Herrn BWV 230 ; cantate Aus der Tiefen rufe ich, Herr, zu dir BWV 131 ; Reinhard Keiser (1674-1739) : Passion selon saint Marc. Jan Kobow, ténor ; Thomas Bauer, basse ; Amandine Beyer, violon solo ; Gli Incogniti, Ensemble Jacques Moderne, direction : Joël Suhubiette.

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En cette période pascale où les salles de concert résonnent des deux passions de Bach, et l', dirigés par , donnent une Passion selon saint Marc de , un temps attribuée au Cantor de Leipzig. Un choix qui se justifie par bien davantage que la curiosité musicologique.

KOBO_full_length_weißer_Anzug_Garten_1-980x261La soirée commence avec deux œuvres de Bach non annoncées. Tout d'abord le court motet Lobet den Herrn, alle Heiden, en formation réduite : basse continue fournie (orgue positif, théorbe, basson et violoncelles) et deux chanteurs par pupitre. D'emblée, la qualité d'interprétation est au rendez-vous. Puis l'ensemble s'enrichit d'un violon, d'un hautbois, d'un chanteur par voix (à noter que le pupitre d'alto est entièrement tenu par des hautes-contre) et des deux solistes ténor et basse, pour la cantate BWV 131. La qualité sonore de l'ensemble est remarquable, donnant l'impression d'une véritable osmose entre texte et musique, entre chœur et solistes, entre tutti et parties solo au violon et au hautbois, et entre tous les acteurs finalement. Une interprétation de haute volée, bien plus convaincante que celle qu'on a pu entendre récemment.

L'effectif se complète d'un second violon pour la Passion de Keiser, ainsi que d'un clavecin qui sera utilisé en alternance avec l'orgue pour certains chœurs de la seconde partie. Car cette musique, d'une grande qualité d'écriture, est éminemment théâtrale. Keiser, cela ne nous étonne pas, a composé de nombreux opéras. On croirait parfois entendre de l'opera seria italien, ou carrément du Haendel. Mais à d'autres moments, comme dans le premier air pour soprano “Will dich die Angst betreten”, c'est à et à sa profondeur qu'on pense, et on comprend alors pourquoi cette œuvre a pu un temps lui être attribuée, hormis le fait qu'il l'avait lui-même dirigée.

Jésus est représenté par la basse, , impeccable. L'Évangéliste, dont la partie est quasi exclusivement composée de récitatifs, est campé par un qui, de sa voix belle et claire, excelle à rendre toutes les nuances dramatiques permises par cette musique. La foule est figurée par le chœur, qui se voit confier aussi une poignée de chorals. Mais l' a d'autres occasions de se mettre en valeur, lors des interventions de personnages secondaires (Pierre, Ponce Pilate, la servante…) et pour des airs à portée édifiante insérés au milieu du texte de l'Évangile. Ce sont alors des choristes sortis du rang qui les interprètent, et de si belle manière qu'ils ne détonnent pas un instant avec les deux solistes principaux. Les interventions d'un des contre-ténors suscitent particulièrement l'admiration du public. Les instrumentistes de contribuent à la réussite de la soirée, en tête, en communiquant leur plaisir de restituer une si riche musique. Mais plus que les performances individuelles, on retiendra une harmonie exceptionnelle entre tous les musiciens.

On ne s'ennuie pas un instant dans cette passion, grâce à une partition des plus variées et de grande qualité, et grâce à des interprètes excellents. Il faut se réjouir que ceux-ci, à l'exemple d'autres avec la Brockespassion du même compositeur, aient décidé de l'enregistrer récemment (chez Mirare).

Crédits photographiques : © Bernd Bodtländer

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Paris. Oratoire du Louvre. 25-III-2015. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : motet Lobet den Herrn BWV 230 ; cantate Aus der Tiefen rufe ich, Herr, zu dir BWV 131 ; Reinhard Keiser (1674-1739) : Passion selon saint Marc. Jan Kobow, ténor ; Thomas Bauer, basse ; Amandine Beyer, violon solo ; Gli Incogniti, Ensemble Jacques Moderne, direction : Joël Suhubiette.

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