Gustavo Dudamel et la 7e de Mahler, le concerto pour orchestre permanent
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Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°7. Orchestre Symphonique Simón Bolivar du Venezuela, direction : Gustavo Dudamel. 1 CD DGG. Référence 479 1700.
Deutsche GrammophonDudamel passe au rouleau compresseur la plus énigmatique des symphonies de Mahler.
Gustavo Dudamel poursuit ses explorations mahlériennes : après les Symphonies n°1 (en 2009), n°5 (en 2007), n°8 (en 2012) et n°9 (idem), il se lance à l'assaut de la redoutable Symphonie n°7. Affronter cette œuvre, encore redoutable techniquement pour le chef et l'orchestre, reste une épreuve de force, mais Dudamel n'a, comme toujours, peur de rien et fonce, tête dans le guidon… Il fait exploser, comme à son habitude, les décibels dans cette lecture ultra-rapide. L'exploration du langage mahlérien reste limitée à une lecture purement orchestrale en mode « concerto pour orchestre » que Dudamel plaque, sans la moindre réflexion, sur toutes les œuvres qu'il dirige. Les tics de chef sont nombreux avec des effets de manche stylistiques malvenus comme le soudain rubato tchaïkovskien à la fin du 1er mouvement. Le final, arraché à la hussarde, telle une « Chevauchée des Walkyries » pachydermique, est un contresens absolu avec ses platrées de cuivres bruyants et gras. L'orchestre est valeureux mais marque des signes de faiblesses ça-et-là, trahi par la rapidité vertigineuse des tempi.
Au final, certains loueront peut-être l'enthousiasme et les vitamines bodybuildées de cette lecture grossière, mais les vrais mahlériens remettront sur la platine les lectures de : Klemperer (EMI), Bernstein (DGG), Solti (Decca), Neumann (Berlin Classics-Supraphon), Haitink (Philips), Abbado (DGG), Jansons (BR Klassic), Tennstedt (Emi) et même Svetlanov (Warner).
Dans le même temps, l'Orchestre autoédite, un programme wagnérien, identique à celui des concerts de la tournée européenne de janvier 2015. On y retrouve les mêmes tics et les mêmes décibels envahissants. DGG, le label du chef, en profite pour édite une compilation, à l'occasion des 40 ans de El Sistema. On y constate la triste évolution du chef qui passe de jeune baguette enthousiaste et énergique à celle de « roi du bruit » superficiel, triste symbole d'un chef surdoué trop tôt précipité dans l'ère médiatique et mondialisée, sans avoir eu le temps de transformer le brio technique en véritable style cultivé et pertinent…
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Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°7. Orchestre Symphonique Simón Bolivar du Venezuela, direction : Gustavo Dudamel. 1 CD DGG. Référence 479 1700.
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