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Dijon. Ancienne chapelle du Lycée Carnot le 25-0I-2005. Samuel Barber (1910-1981) : Quatuor Op. 11 ; Bernard Herrmann (1911-1975) : Souvenirs de Voyage, Quintette avec clarinette ; Frank Sinatra (1915-1998) : Close to you and more (transcriptions de Samuel Tupin) : Close to you ; I love you ; Love locked out ; Everything happens to me ; Don’t like goodbyes ; It’s easy to remember ; I couldn’t sleep a wink last night ; The end of a love affair. Quatuor Manfred* : Marianne Piketty (remplaçant Marie Béreau), violon 1 ; Luigi Vecchioni, violon 2 ; Vinciane Béranger, alto ; Christian Wolf, violoncelle. Lemmy Constantine, voix. Musiciens de la Camerata de Bourgogne.

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Hommage au Quatuor de Hollywood

La saison musicale 2004/2005, nouvelle saison à thème du , s'intitule sobrement Dédicaces, une série d'hommages à quelques illustres quatuors du passé : le Quatuor Amadeus, en novembre dernier, les Quatuors Calvet et Parrenin, en décembre. Le 10 février prochain, seront concernés les Quatuors Kolisch et Busch ; le 1er mars, les Manfred, renforcés de (violon) et Jean-Claude Pennetier (piano) rendront hommage à Eugène Ysaÿe, et le 3 mai, enfin, avec le concours de la pianiste Claire Désert (et de la contrebassiste Katja Pendzig, soliste au RSO de Sarrebrück), ce sera un hommage au Quatuor de Leipzig.

Pour l'heure, la « dédicace » revient au Quatuor de Hollywood (dissous en 1961), au sujet duquel on nous dit que ses membres, « acoquinés à l'univers des stars, se sont rencontrés dans les orchestres des studios de la XXth Century Fox… », ce qui ne les a pas empêchés de s'illustrer dans le grand répertoire et d'y laisser la marque d'» une grande délicatesse de couleur et de style », comme par exemple dans La Nuit Transfigurée. Ils ont aussi effectué quelques intrusions dans le domaine du Jazz et même enregistré avec…Frank Sinatra ; ce qui explique l'originalité du programme de ce concert, programme qui fait d'ailleurs d'» une pierre, deux coups » par la place qu'il accorde, non seulement à Sinatra, mais aussi à , musicien préféré d'Alfred Hitchcock, quand on sait que cette soirée donne en même temps le coup d'envoi de la semaine Marathon- Musiques de films à Dijon.

Le ne se présente pas, ce soir, dans sa formation habituelle, puisque Marie Béreau, 1er violon et fondatrice, avec Christian Wolf, du Quatuor, victime d'un « accident domestique » (fracture du coude gauche) se trouve éloignée des pupitres pour quelque temps…. Qu'il nous soit permis d'exprimer ici, en cette circonstance, nos vœux de prompt et total rétablissement à Marie Béreau, afin que les Manfred retrouvent au plus vite leur identité et le son qui leur est propre. Non pas que Marianne Piketty (professeur au CNSM de Lyon, parfaite technicienne et superbe « remplaçante ») ait démérité en quelque façon, mais les Manfred sans Marie Béreau, pour leur fidèle public, ce ne sont plus tout à fait les Manfred….

C'est par le quatuor de S. Barber que débute le concert. Nos musiciens, par un jeu très « engagé » expriment tout le dramatisme quelque peu néo-romantique du Molto Allegro e appassionato initial pour nous livrer ensuite, dans sa version originale, le célébrissime Adagio (rendu populaire par l'orchestration – pour cordes – de Toscanini et l'usage multiforme qui en est fait). Ainsi rendu à son dépouillement primitif, celui du seul quatuor (et celui-ci développe un admirable Legato), le thème n'en est que plus poignant.

, qui s'est formé musicalement à l'Université de New-York, puis à la Juillard School of Music, est naturellement bien plus connu comme compositeur de musiques de films que pour sa musique de chambre. A son actif, tous les grands Hitchcock, bien sûr, au rang desquels figurent Sueurs Froides, La Mort aux Trousses, Psychose, Les Oiseaux, mais aussi le Citizen Kane d'O. Welles, Taxi Driver de Martin Scorsese, ou encore L'Affaire Ciceron de Mankiewicz et…La Mariée était en Noir de Truffaut.

La pièce, en quintette avec clarinette, proposée ici se veut dispensatrice d'images autant que de musique : illustration poétique, réminiscences cinématographiques ou picturales. Conçue en trois mouvements, elle confère à la clarinette un rôle quasi concertant dont s'acquitte avec maîtrise et expressivité le clarinettiste Eric Bellendy : fluidité du jeu arpégé (la partition lui en donne de maintes occasions), virtuosité et belle sonorité ne sont pas les moindres de ses qualités. Le Finale (la partie la plus intéressante de l'œuvre, nous semble-t-il) permet de véritables et plaisants échanges croisés entre les cinq instrumentistes.

L'entracte donnant à la section Hôtellerie du Lycée Le Castel l'occasion de s'illustrer, c'est, après la plaquette Hollywood-Chewing-Gum (sans publicité!) distribuée à l'entrée, la seconde surprise-clin d'œil de la soirée : dégustation de petits-fours et…vin…californien (!). La transition opérée, le public ainsi « chauffé » peut entrer dans l'univers de Sinatra : nombre de jeunes, séduits, pour le découvrir ; les moins jeunes pour réveiller (cultiver?) quelque vague nostalgie. Lemmy Constantine, hollywoodien au possible, dans la présentation, dans l'allure et le geste, prête sa voix grave et chaude de crooner aux succès de « La Voix ». Les titres défilent, tous teintés d'une inévitable mélancolie (Close to you…daté de 1957, coïncide avec l'époque où l'acteur-chanteur divorçait d'avec Ava Gardner). Côté accompagnement, au quatuor de base se sont joints des musiciens de la Camerata ; flûte, clarinette, harpe, guitare, contrebasse, percussion légère et Samuel Tupin (clavier, trompette et direction) dont il convient de saluer l'habileté et la haute qualité de style et d'orchestration des transcriptions.

Quand la voix s'est tue, micro et sunlights éteints, vous voilà livré à la nuit de la rue, et vous pressez le pas ( c'est qu'il fait frisquet!) ; mais saisi par le froid autant que par une vague émotion remontée du passé, les deux ou trois larmes qui vous viennent n'empêchent pas l'irrépressible fredon…Stranger in the Night…!

* Le dernier enregistrement du , consacré à l'Ecole de Vienne (Schönberg, Berg, Webern) vient d'être distingué : ¦¦¦¦ de Télérama et **** du Monde de la Musique, un CD édité chez Zig-Zag Territoires.

Crédit photographique : © Camerata

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