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Versailles. Opéra Royal. 5-X-2014. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Les Boréades, tragédie lyrique en cinq actes. Version de concert. Avec : Julie Fuchs, Alphise; Samuel Boden, Abaris; Manuel Nunez-Camelino, Calisis; Jean-Gabriel Saint-Martin, Borilée; Chloé Briot, Sémire, une nymphe, L’Amour, Polymnie; Damien Pass, Borée; André Morsch, Adamas; Mathieu Gardon, Apollon. Chœur Aedes, direction: Mathieu Romano. Les Musiciens du Louvre Grenoble, direction: Marc Minkowski.
Les Boréades, chef d'œuvre tardif de Rameau, a connu sa première représentation à l'Opéra Royal de Versailles avec les Musiciens du Louvre Grenoble.
La partition, d'une grande richesse concernant l'orchestration des instruments à vent, était dirigée par un Marc Minkowski, qui n'a laissé passer aucune difficulté sous silence, soulignant çà et là telle subtilité de l'écriture, surtout que la version de concert laisse une part importante à la pure écoute musicale, étant donnée l'absence de représentations visuelles lors des pièces de ballet. L'interaction avec les chanteurs semblait évidente, et laissait couler les longues mélodies dans un tissu orchestral sec et précis. On connaît les difficultés de la pièce quand elle est mise en scène ; débarrassés de ce tracas, les voix ressortaient plus intéressantes que jamais, déployant l'action plus vivante encore que si on y avait vu des décors et des costumes.
Julie Fuchs, en Alphise, était d'une grande puissance théâtrale, de bon goût, juste ce qu'il faut et sans verser dans un dramatisme outragé. La voix est puissante vers le haut médium ; elle doit encore s'étoffer et gagner en netteté dans l'articulation avec les vocalises pour égaler sa diction très honnête. Dans tous les cas, on souhaite voir évoluer cette artiste continuer sur ces chemins si vertueux. Samuel Boden qui chantait le rôle du bel Abaris, était très appliqué et soigneux dans sa distinction à placer la voix et la prononciation, claire et haute, même si une certaine fatigue pouvait se sentir vers la fin de l'opéra. Cette voix a pu amener à réfléchir sur la réelle teneur de la tessiture meurtrière du héros, dont la définition ne semble pas aussi évidente que le laisse supposer l'écriture vocale. Jean-Gabriel Saint-Martin, très adapté dans la puissance et le geste musical de Borilée trouvait un pendant plus frêle mais aussi touchant dans l'engagement de Manuel Nunez-Camelino (Calisis). Enfin, Chloé Briot, tour à tour Sémire, une nymphe, L'Amour, Polymnie, dont tout ne lui convenait pas mais dont la ferveur permettait de passer ces rôles mineurs et importants dans l'histoire sans trop d'encombres. Mention spéciale aux chœurs dirigés par Mathieu Romano, qui présentaient une belle union dans les morceaux qui leur sont alloués.
Maintenant que l'œuvre est créée à Versailles, il ne reste plus qu'à espérer qu'il ne faudra plus attendre plus de trois cents ans pour en entendre une nouvelle fois la partition dans son intégralité.
Crédit photographique : Marc Minkowski © Marco Borggreve
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Versailles. Opéra Royal. 5-X-2014. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) : Les Boréades, tragédie lyrique en cinq actes. Version de concert. Avec : Julie Fuchs, Alphise; Samuel Boden, Abaris; Manuel Nunez-Camelino, Calisis; Jean-Gabriel Saint-Martin, Borilée; Chloé Briot, Sémire, une nymphe, L’Amour, Polymnie; Damien Pass, Borée; André Morsch, Adamas; Mathieu Gardon, Apollon. Chœur Aedes, direction: Mathieu Romano. Les Musiciens du Louvre Grenoble, direction: Marc Minkowski.