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Alors que des affiches annonçaient dans tout Munich que Brahms, Bruckner ou Henze attendaient avec impatience l’arrivée du nouveau directeur musical des Münchner Philharmoniker, Christian Thielemann, un autre orchestre munichois a été propulsé, d’un jour à l’autre, sur les unes de la presse locale. Le Bayerischer Rundfunk, la radio publique de Munich, avait décidé brusquement de fermer en 2006 l’un de ses deux orchestres, le Münchner Rundfunkorchester.
Münchner Philharmoniker
Alors que des affiches annonçaient dans tout Munich que Brahms, Bruckner ou Henze attendaient avec impatience l'arrivée du nouveau directeur musical des Münchner Philharmoniker, Christian Thielemann, un autre orchestre munichois a été propulsé, d'un jour à l'autre, sur les unes de la presse locale. Le Bayerischer Rundfunk, la radio publique de Munich, avait décidé brusquement de fermer en 2006 l'un de ses deux orchestres, le Münchner Rundfunkorchester. Les raisons pour cette décision sont à la fois économiques et politiques. C'est que les länder n'avaient pas accepté la hausse de la redevance demandée par l'union des radios publiques. Il fallait donc faire des économies. Mais où? Là, où aucune lobby n'existe, c'est à dire dans le secteur culturel. Peu importe, que le nombre d'abonnés de l'orchestre avait fortement augmenté cette saison. Peu importe qu'il s'agit d'un des orchestre les plus polyvalents de la ville dont le répertoire inclut des symphonies, des oratorios et des opéras, mais aussi des opérettes et de la musique de film. Peu importe enfin que le Münchner Rundfunkorchester est peut-être l'orchestre qui fait le plus d'efforts à propager des œuvres peu connues et à fidéliser un public jeune.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Premièrement, les musiciens et le directeur musical, Marcello Viotti, ont appris la nouvelle dans les médias. Deuxièmement, le PDG de la radio a licencié le directeur de l'orchestre pour ne pas avoir empêché deux chefs invités de prendre la parole, en public, en faveur de l'orchestre. Ce qui a entraîné, troisièmement, la démission de Marcello Viotti. Etonnement, les musiciens se sont montrés plus que motivés dans leurs concerts. Des représentations (en concert) de Rusalka (avec une formidable Olga Gouriakova) et de Beatrice di Tenda (avec une Edita Gruberova en indéniable déclin) ont été saluées unanimement par le public et la critique. Cela vaut également pour un concert de musiques de films sous la baguette de Enrico Morricone et pour un autre sous le thème de l'ours avec la symphonie homonyme de Haydn et l'opéra du même nom de William Walton (dirigé par le formidable chef américain John Fiore).
Sous ces conditions, l'arrivée de Christian Thielemann, a presque été reléguée à la deuxième place. Certes, avant son arrivée, Thielemann avait multiplié les interviews dans tous les médias possibles et impossibles, mais après le premier concert – la 5e de Bruckner – et un deuxième programme avec la 10e de Henze, les vogues se sont vites calmées. Et en ce qui concerne le Bruckner, l'interprétation du chef allemand pouvait susciter quelques réserves. Si l'aspect grandiose et la connaissance des structures architectoniques dans Bruckner y étaient, il manquait la spiritualité typiquement brucknerienne.
Quant aux deux opéras de Munich, ils suscitaient bien moins l'intérêt de l'opinion publique. La Carmen en allemand du Staatstheater am Gärtnerplatz (le «Volksoper» de Munich) a été diversement appréciée. Et le Staatsoper, pour des raisons économiques, a dû renoncer à une nouvelle production de la Flûte enchantée. Ce qui, pourtant, nous offrait une reprise de la production très réussie de August Everding de 1978. Pour une fois, lorsque le rideau se levait, on savait tout de suite quel opéra allait être joué! De plus, la distribution était très homogène avec mention spéciale pour le Sarastro de l'infatigable Kurt Moll et la reine de la nuit de la jeune Allemande Diana Damrau. A part cela, il faut mentionner quelques reprises avec des distributions partiellement renouvelées : John Frederick West et Jan Hendrik Rootering dans la Femme sans ombre, une formidable Anja Harteros dans Otello (malheureusement avec un piètre Denis O'Neill dans le rôle-titre), une extraordinaire Angela Maria Blasi dans Madama Butterfly (avec Roberto Aronica en grande forme dans le rôle de Pinkerton) et les débuts prometteurs du jeune chef allemand Michael Hofstetter dans les Noces de Figaro (avec une distribution assez homogène incluant, entre autres, Simon Keenlyside, Anna Bonitatibus et Amanda Roocroft).
Mentionnons aussi la rentrée du Symphonieorchester de la radio, dont le directeur musical est, depuis septembre dernier, Mariss Jansons. Le chef letton a ouvert la saison, comme souvent, avec un programme peu orthodoxe mélangeant Messiaen, Mozart, Haydn et Poulenc. Un deuxième concert a été consacré à des œuvres de Bartok, Saint-Saëns et Ravel. Parmi les chefs invités en ces dernières semaines, il faut citer Colin Davis, l'un des anciens directeurs musicaux de l'orchestre. Mentionnons enfin un concert très applaudi de Juan Diego Florez, et une soirée fascinante avec Anna Maria Kaufmann.
La rentrée musicale à Munich a donc été passionnante, elle a aussi été déroutante. Espérons en tout cas que les protestations continues contre la fermeture du Münchner Rundfunkorchester portent fruit. Il n'est pas encore trop tard.
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Alors que des affiches annonçaient dans tout Munich que Brahms, Bruckner ou Henze attendaient avec impatience l’arrivée du nouveau directeur musical des Münchner Philharmoniker, Christian Thielemann, un autre orchestre munichois a été propulsé, d’un jour à l’autre, sur les unes de la presse locale. Le Bayerischer Rundfunk, la radio publique de Munich, avait décidé brusquement de fermer en 2006 l’un de ses deux orchestres, le Münchner Rundfunkorchester.