Candice Martel joue l’Electro-Tap au Carreau du Temple

Au Carreau du Temple, Candice Martel signe un nouveau quatuor dans le cadre de June Events. Grâce à ces quatre virtuoses, Electro-Tap est autant un concert qu'un spectacle de danse et de son.

Dépasser le phrasé, le rythme saccadé, typique des claquettes, discipline qu'elle a pratiquée pendant de longues années en tant qu'interprète de comédie musicale, tel était l'objectif de Candice Martel en se lançant le défi d'Electro-Tap. Pour ce nouveau spectacle, la danseuse et chorégraphe renoue avec sa pratique et s'entoure de trois musiciens, un guitariste acoustique, un ingénieur du son et un compositeur, qu'elle présente au micro, comme lors d'un concert. Un voyage étonnant au pays du son, entre bruitages et Human beatbox.

Candice Martel est le principal instrument de ce quatuor original. Chaussée de chaussures de claquettes blanches, d'un jean moulant et d'une ceinture cloutée, la blonde aux cheveux tirés en arrière, et avec des créoles dorées, ne correspond pas à l'archétype de la tap danseuse des Chorus Line de Broadway. Elle se présente sans fard, avec son vécu et son corps de femme de 50 ans, dans une succession de séquences dansées où la musique sert de terrain d'expérimentation.

À chaque séquence, le son percussif de ses chaussures contre les différents supports qui émaillent le sol (bois, métal, feuilles sèches ou pianola) est réverbéré et retravaillé en boucles musicale et électroniques. Le sous-titre du spectacle est en effet « Musique à regarder vs danse à écouter ». On peut fermer les yeux pour écouter le son et ses méandres modulaires, ou les ouvrir pour admirer l'énergie insatiable de la danseuse, qui nous tient en haleine une heure durant. Pour tenir la distance sur le plan cardiaque et musculaire, celle-ci a dû renforcer son entraînement physique, avec l'aide d'un kinésithérapeute.

En la confrontant à l'univers de la musique électro et en l'utilisant comme terrain d'expérimentation sonore, Candice Martel souhaite dépoussiérer l'image des claquettes, encore trop souvent considérée comme ringarde par les programmateurs. Cette danse très physique, qui se concentre sur le bas du corps, est pourtant un langage chorégraphique comme un autre, qui peut servir de support à un propos contemporain. Reste à Candice Martel à pousser encore un peu plus loin sa recherche conceptuelle sur le plan du mouvement, afin de dépasser la gestuelle caractéristique du tap dancing, les bras levés et le haut du corps figé, pour la projeter encore plus fortement dans le contemporain.

Photo : © Marc Plantec