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Hofesh Schechter recherche le tapis rouge à Garnier

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Paris. Opéra Garnier. Red Carpet (création). Chorégraphie, décors et musique : Hofesh Shechter. Costumes : Chanel. Lumières : Tom Visser. Assistante du chorégraphique : Kim Kohlmann, Hofesh Shechter Company. Collaboration à la musique : Yaron Engler Musiciens : Olivier Koundouno, violoncelle ; Sulivan Loiseau, contrebasse ; Brice Perda, instruments à vent ; Yaron Engler, batterie. Ballet de l’Opéra national de Paris : avec les danseuses Clémence Gross, Caroline Osmont, Ida Viikinkoski, Laurène Lévy, Adèle Belem, Marion Gautier de Charnacé et les danseurs Antoine Kirscher, Alexandre Gasse, Mickaël Lafon, Hugo Vigliotti, Takeru Coste, Julien Guillemard, Loup Marcault-Derouard

Première création d'une soirée du chorégraphe Hofesh Schechter pour le Ballet de l'Opéra de Paris, Red Carpet nous projette dans un monde de la fête un peu décalé, voire décadent. Un vrai coup de projecteur pour 13 danseurs virtuoses de la compagnie parisienne.


Ce n'est pas l'habituelle toile peinte représentant un rideau à glands qui masque la scène de l'Opéra Garnier, mais un long rideau de velours rouge qui s'ouvre sur les treize danseurs du Ballet de l'Opéra de Paris embarqués dans l'aventure Hofesh Schechter. Un dispositif de triple rideau de velours que le chorégraphe avait déjà utilisé dans Theater of Dreams, pièce créée en juillet 2024 au Théâtre de la Ville, dans laquelle il explorait avec de savantes découpes le monde du théâtre.

Sur un balcon en fond de scène, quatre musiciens improvisent ou rebondissent sur les boucles musicales du chorégraphe, également compositeur, un dispositif dont il est également coutumier. La performance des quatre musiciens (, , , ) juchés sur ce balcon est particulièrement époustouflante, sans que l'on puisse distinguer clairement la part de composition et d'improvisation de chaque séquence musicale.


Mais de tapis rouge, qui donne son titre à la pièce (Red Carpet), il n'y a point. Au lieu d'une boule à facettes, familière dans les lieux de fête, pend un gigantesque lustre d'apparat sous lequel se rassemblent, en grappe, les danseurs. La lumière vient d'en haut au fond de la scène, comme de la haute verrière d'une cathédrale, baignant de clair-obscur les corps des danseurs. Pas de tapis rouge, donc, mais des réminiscences de la fête, écho étouffé d'un bal comme dans celui décrit dans le roman Le Grand Meaulnes d'Alain Fournier. Avec leurs robes et leurs smoking signés Chanel, danseurs et danseuses semblent les invités délurés d'une soirée mondaine – il ne manque plus que le champagne et les petits fours.

Chaque boucle musicale introduit une atmosphère différente, jazz comme échappée d'un cabaret berlinois ou canaille, tout droit sortie du Moulin Rouge, dont serait La Goulue et , Valentin le désossé. Car, au-delà de ce portrait ouaté de la fête à travers les époques, ce sont les danseurs qui sont les bulles de cette effervescence. Tous formidables, les danseurs du Ballet de l'Opéra de Paris se coulent pour la troisième fois dans l'univers du chorégraphe, après les entrées au répertoire de The Art of Not Looking Back en 2018, puis d'Uprising et In your rooms en 2022. Aussi à l'aise en personnages superficiels perdus dans la transe, qu'en combattants imaginaires dans les solos (, ) comme dans les ensembles, menés par ou , ils transforment l'esthétique éruptive du chorégraphe pour en faire un univers à part.


Si dans les deux premiers tiers de la pièce, on a le sentiment que Hofesh Schechter se répète un peu, recyclant des extraits de ses précédentes chorégraphies, la dernière partie du spectacle est plus originale et stimulante. Débarrassés de leurs oripeaux lamés, pailletés et strassés, les danseurs et danseuses se retrouvent en sous-vêtements de couleur chair, dans la quasi nudité des origines. Mieux éclairées par que dans le début du spectacle, les personnalités et les identités de chacun et chacune peuvent alors mieux se révéler. En grappe compacte, ils s'assemblent, se confrontent dans une danse sensuelle et éruptive, avant d'achever la scène les bras levés en oraison, comme une prière. Recueillement et beauté prennent alors le dessus dans ce final plus inspiré.

Crédits photographiques : © Julien Benhamou / Opéra national de Paris

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Paris. Opéra Garnier. Red Carpet (création). Chorégraphie, décors et musique : Hofesh Shechter. Costumes : Chanel. Lumières : Tom Visser. Assistante du chorégraphique : Kim Kohlmann, Hofesh Shechter Company. Collaboration à la musique : Yaron Engler Musiciens : Olivier Koundouno, violoncelle ; Sulivan Loiseau, contrebasse ; Brice Perda, instruments à vent ; Yaron Engler, batterie. Ballet de l’Opéra national de Paris : avec les danseuses Clémence Gross, Caroline Osmont, Ida Viikinkoski, Laurène Lévy, Adèle Belem, Marion Gautier de Charnacé et les danseurs Antoine Kirscher, Alexandre Gasse, Mickaël Lafon, Hugo Vigliotti, Takeru Coste, Julien Guillemard, Loup Marcault-Derouard

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