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Les nobles divagations de Shura Cherkassky en concert

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Shura Cherkassky : The Ambassador Auditorium Recitals – Pasadena, Californie, USA, 1981-1989. Isaac Albéniz (1860-1909) : Tango d’Espana op. 165. Shura Cherkassky (1909-1995) : Prélude pathétique. Frédéric Chopin (1810-1849 : Ballades n° 1, n° 4. Nocturnes op. 9 n° 2, n°3, op. 55 n° 1. Barcarolle op. 60. Tarentelle op. 43. Andante spianato et Grande polonaise brillante op.22. Fantaisie op. 49. Impromptu n° 2 op. 36. Fantaisie-Impromptu op. 66. Scherzo n° 2. Valse op. 42. Polonaise op. 61. César Franck (1822-1890) : Prélude, Choral et Fugue. Georg Friedrich Händel (1685-1759) : Air et Variations de la Suite n° 5. Josef Hofmann (1876-1957) : Charakterskizzen op. 40 n° 4. Franz Liszt (1811-1886): Valse de Faust de Gounod. Rhapsodie hongroise n° 2. Jean-Baptiste Lully (1632-1687) : Suite de pièces. Felix Mendelssohn (1809-1847) : Scherzo a capriccio. Serge Rachmaninov (1873-1943) : Variations Corelli op. 42. Polka de W.R. Pièce de salon op. 10 n° 3. Robert Schumann (1810-1856) : Carnaval op. 9. Finale de la Fantaisie op. 17. Piotr Iliytch Tchaïkovski (1840-1893) : Grande Sonate op. 37. Octobre extrait des Saisons op. 37a. Pièce op. 19 n° 6. Shura Cherkassky, piano. 2 CD First Hand. Enregistrements en public, The Ambassador Auditorium Recitals, Pasadena, Californie, entre 1981 et 1989. Notice de présentation en anglais. Durée totale : 5h18

 

Ce coffret propose des archives consacrées au pianiste russe naturalisé américain captées sur presque une décennie : des bandes provenant de récitals enregistrés à l'Auditorium de l'Ambassador College de Pasadena, l'une des plus grandes salles de concert de la côte Ouest des Etats-Unis, des récitals en forme de délicieux “fourre-tout”, avec quelques perles rares en prime. 

La discographie de , un artiste qui était souvent à son meilleur sur scène, est d'autant plus impressionnante que les sources sont multiples. Certaines pièces de ce coffret parurent déjà chez Ivory Classics et d'autres versions sont également disponibles chez BBC Music, entre autres. Les quatre récitals regroupés nous montrent non seulement une prise de risques constante par un musicien au jeu “imprévisible” pour ne pas dire… improvisé. C'est le cas de la Ballade n° 1 de Chopin qui ouvre le premier récital (21 avril 1981) sur un piano à bout de souffle et avec des aigus atroces. La marque n'est pas précisée, mais l'instrument est bon pour le “dépôt de bilan”… Cherkassky prend des libertés ahurissantes en termes d'accents et de tempi. Ses interprétations hautement théâtralisées sont, paradoxalement, sans maniérisme car le jeu est toujours au service de la musique. Après quelques nocturnes de Chopin durant lesquels on tente de s'habituer à un instrument horrible et à une prise de son médiocre, nous admirons une projection sonore qui heurte parfois, mais aussi une virtuosité sidérante comme dans le Scherzo n° 2, l'une des traductions du mot “scherzo” étant “en plaisantant”.

Beaucoup plus équilibré, à tous les sens du terme, le récital du 3 janvier 182 s'ouvre avec la Suite de pièces de Lully et se poursuit avec l'immense Grande Sonate de Tchaïkovski puis la Ballade n° 4 de Chopin et les Réminiscences de Don Juan de Liszt… Aucune cohérence artistique, mais des moments savoureux. C'est le cas de la version pétillante d'intelligence et d'une tenue technique impressionnante des Pièces de Lully avant un Scherzo a capriccio de Mendelssohn sauvagement percuté, plus symphonique que pianistique. La Sonate de Tchaïkovski que bien peu d'interprètes programmaient à cette époque est une aventure épique : la puissance expressive est d'autant plus effarante que l'emploi de la pédale forte est minimal. Le piano-bastringue supporte la Ballade n° 4 de Chopin dont l'émotion jaillit selon l'inspiration, au fil des phrases. Dans le registre de la virtuosité transcendante, les Charakterskizzen de Hofmann – le maître de Cherkassky – et les Réminiscences de Don Juan de Liszt valent le détour. L'humour de celles-ci se révèle par des accents et des tempi des plus personnels.

Lors du récital du 18 novembre 1987, l'instrument est correct. Dans le Prélude, Choral et Fugue de Franck, l'engagement de Cherkassky est admirable. Chaque phrase est portée avec une force, une tension et un sens des contrastes et des couleurs qui passionnent. Combien de solistes oseraient prendre de tels risques en concert tout en préservant la plus grande clarté du discours ? Envers du décor, le Carnaval op. 9 de Schumann n'évite pas les duretés et les erreurs avec des tempi pour le moins déconcertants. Avouons notre préférence pour l'écoute des Variations Corelli de Rachmaninov si ennuyeuses quant l'interprète ne les habite pas. Le jeu de Cherkassky les “russifie” sans les dénaturer, mais en imprimant une touche de fantaisie et de légèreté enflammée qui touchent. A noter dans les nombreuses pièces proposées, des perles comme une Barcarolle de Chopin certes entachée d'imperfections, mais d'une grande noblesse de ton. Cherkassky ne tient pas les tempi et tape bien souvent à côté, mais sa conception si narrative captive de bout en bout. Ne pas oublier non plus le chic des “bis” du récital, entre un Tango hautain d'Albéniz, une enivrante et débordante Polka de W.R. de Rachmaninov et Octobre extrait des Saisons de Tchaïkovski joué en état d'apesanteur. Quelle leçon de chant !

Sur le plan purement technique (instrument et prise de son), le dernier récital (2 novembre 1989) est de loin le meilleur. Il est malheureusement tronqué, certaines parties du programme n'ayant pas été conservées. Nous passons d'un extrait d'une suite de Haendel à la Fantaisie en ut de Schumann, du moins à son finale, superbe et dans le tempo si peu respecté la plupart du temps, à savoir Langsam getragen… Du côté russe, le Thème original et variations de Tchaïkovski, superbement chanté, puis la Barcarolle de Rachmaninov, vibrante sur chaque note de la mélodie, ravissent. La Rhapsodie hongroise n° 2 de Liszt est un “must” ! Violemment expressive, comme improvisée, elle devient une sorte de caprice transcrit d'un ensemble de violons imaginaires. A ce niveau de personnalisation et de génie, il n'y a guère que György Cziffra.

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Shura Cherkassky : The Ambassador Auditorium Recitals – Pasadena, Californie, USA, 1981-1989. Isaac Albéniz (1860-1909) : Tango d’Espana op. 165. Shura Cherkassky (1909-1995) : Prélude pathétique. Frédéric Chopin (1810-1849 : Ballades n° 1, n° 4. Nocturnes op. 9 n° 2, n°3, op. 55 n° 1. Barcarolle op. 60. Tarentelle op. 43. Andante spianato et Grande polonaise brillante op.22. Fantaisie op. 49. Impromptu n° 2 op. 36. Fantaisie-Impromptu op. 66. Scherzo n° 2. Valse op. 42. Polonaise op. 61. César Franck (1822-1890) : Prélude, Choral et Fugue. Georg Friedrich Händel (1685-1759) : Air et Variations de la Suite n° 5. Josef Hofmann (1876-1957) : Charakterskizzen op. 40 n° 4. Franz Liszt (1811-1886): Valse de Faust de Gounod. Rhapsodie hongroise n° 2. Jean-Baptiste Lully (1632-1687) : Suite de pièces. Felix Mendelssohn (1809-1847) : Scherzo a capriccio. Serge Rachmaninov (1873-1943) : Variations Corelli op. 42. Polka de W.R. Pièce de salon op. 10 n° 3. Robert Schumann (1810-1856) : Carnaval op. 9. Finale de la Fantaisie op. 17. Piotr Iliytch Tchaïkovski (1840-1893) : Grande Sonate op. 37. Octobre extrait des Saisons op. 37a. Pièce op. 19 n° 6. Shura Cherkassky, piano. 2 CD First Hand. Enregistrements en public, The Ambassador Auditorium Recitals, Pasadena, Californie, entre 1981 et 1989. Notice de présentation en anglais. Durée totale : 5h18

 
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