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Bach sur les couleurs symphoniques d’un orgue Cavaillé-Coll par Jean-Baptiste Dupont

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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Offrande musicale, Ricercare à 6 voix BWV 1079 (2 versions) ; Prélude et fugue en si bémol mineur BWV 867 ; Sinfonia « Wir danken dir » Cabtate BWV 29 ; Choral « Meine seele erhebt » BWV 648 ; Choral « Kommst du nun, Jesu » BWV 650 ; Chaconne Partita n° 2 en ré mineur BWV 1004 ; Suite n° 1 en Ut majeur BWV 1066. Jean-Baptiste Dupont à l’orgue Aristide Cavaillé-Coll (1889) de la basilique Saint-Sernin à Toulouse. 1 CD Audite. Enregistré en septembre 2024. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 76:50

Proposer un récital Bach essentiellement composé de transcriptions et sur un orgue de type symphonique semble relever de la gageure. , grand connaisseur de cet orgue, nous propose une approche passionnante d'un Bach éternellement renouvelé.

Aristide Cavaillé-Coll fut le plus grand facteur d'orgue du XIXe siècle et bien au delà de nos frontières. Par chance il demeure encore de son immense production quelques instruments qui ont gardé leurs caractéristiques originales. Tel est le cas de celui de la basilique Saint-Sernin à Toulouse, l'un des plus célèbres et des mieux conservés. Si l'esthétique d'un tel orgue des années 1880 est résolument tournée vers la musique de son temps, il est intéressant de se souvenir que ce facteur d'orgue imaginait construire l'orgue idéal pour la musique de Bach. Il l'a montré à diverses reprises, dont notamment dans sa conception du grand orgue à 5 claviers de l'église Saint-Sulpice à Paris où il décrit son œuvre : “ce trait d'union entre art ancien et art nouveau”. Des CD Bach réalisés par Daniel Roth ont bien montré ces affinités là.

pour sa part propose un programme original essentiellement constitué de transcriptions, soit réalisées par lui-même ou alors par quelques compositeurs du passé dont ou . En y regardant de plus près la démarche est passionnante tant la musique proposée s'accorde parfaitement, par la palette sonore de l'instrument, aux climats souvent romantiques des textes.

L'interprétation du Ricercare à 6 voix de l'Offrande musicale mérite une attention particulière. Deux versions différentes ouvrent et ferment le CD. La première utilise le principe du crescendo à la manière des symphonistes. Cavaillé-Coll avait conçu ses orgues pour permettre cette montée en puissance de manière très progressive sans à coups, depuis la sonorité la plus ténue jusqu'à l'ensemble de l'orgue, abandonnant ainsi le principe des divers plans sonores baroques. Alors, la démonstration est belle ! La deuxième version utilise d'entrée le fameux « Organo pleno » cher à Bach, c'est à dire une sonorité puissante mêlant la plupart des voix de l'instrument. L'auditeur pourra se rendre compte de ces deux conceptions finalement très complémentaires.

Un autre grand moment de ce CD est la transcription de la Suite n°1 pour orchestre. Il s'agit d'une grande suite à la française avec une ouverture grandiose et sa suite de danses aux idées thématiques géniales et variées. Chaque mouvement apporte une registration différente qui démontre les innombrables possibilités d'un tel orgue, orchestre plus que jamais.

Autre morceau de choix, la Chaconne pour violon BWV 1004 dans une adaptation de à partir de diverses versions pour clavier déjà existantes, dont celle d'Alexei Schmitov, organiste moscovite. Ici l'œuvre prend les dimensions d'une grande fresque symphoniques telles que Liszt en avait composé pour l'instrument roi. Jean-Baptiste Dupont nous fait remarquer un rapprochement avec les Variations sur « Weinen Klagen » que Liszt avait composé à partir d'une cantate de Bach. Un récit de hautbois très évocateur nous signifie ce troublant rapprochement. A d'autres moments, des montées en puissance nous amènent au « tutti » de l'orgue, l'un des plus beaux qui soit comme le faisait remarquer à juste titre l'organiste . Les chamades et la contre-bombarde de 32 pieds avec ses roulements de timbales sont à la fête.

Ces arrangements et transcriptions se complètent encore avec et , montrant ainsi cette tradition perpétuelle de jouer Bach en toute circonstance et aussi à partir de pièces dévolues à d'autres instruments. Bach lui même avait bien montré l'exemple avec ses fameux Chorals Schübler issus de cantates et dont l'organiste nous propose ici deux d'entre eux.

L'auditeur appréciera le jeu net, précis de l'interprète, porteur de sonorités profondes et nourrissantes au service de textes de haut vol, subtilement revisités. L'orgue sonne en gloire, dans son acoustique généreuse. La musique de Bach se prête particulièrement bien à un tel défi, lui qui avait cassé le moule des anciens plans sonores systématiques de la musique. Un disque révélateur, instructif et grandement inspiré.

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Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Offrande musicale, Ricercare à 6 voix BWV 1079 (2 versions) ; Prélude et fugue en si bémol mineur BWV 867 ; Sinfonia « Wir danken dir » Cabtate BWV 29 ; Choral « Meine seele erhebt » BWV 648 ; Choral « Kommst du nun, Jesu » BWV 650 ; Chaconne Partita n° 2 en ré mineur BWV 1004 ; Suite n° 1 en Ut majeur BWV 1066. Jean-Baptiste Dupont à l’orgue Aristide Cavaillé-Coll (1889) de la basilique Saint-Sernin à Toulouse. 1 CD Audite. Enregistré en septembre 2024. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 76:50

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