Brillante Symphonie n°2 de Mahler par Aziz Shokhakimov à Strasbourg
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Strasbourg, Palais de la musique et des congrès. 23-V-2025. Gustav Mahler (1860-1911) : symphonie n°2 en do mineur « Résurrection ». Valentina Fracas, soprano ; Anna Kissjudit, mezzo-soprano ; Chœur de l’Opéra national du Rhin; Chœur philharmonique de Strasbourg ; Orchestre philharmonique de Strasbourg, direction : Aziz Shokakimov
Apothéose de la saison, l'Orchestre philharmonique de Strasbourg et son chef Aziz Shokhakimov interprètent la monumentale symphonie Résurrection de Mahler.
Pour cette œuvre gigantesque, il faut rassembler tous les effectifs disponibles. Mahler disait lui-même : « autant de cordes que possible ». C'est bien le cas ce soir, avec un plateau si densément peuplé qu'il devient difficile pour le chef et les solistes de circuler entre les pupitres. Mais la discipline sonore règne en maitresse, et Aziz Shokhakimov obtient une fois de plus une clarté remarquable de chaque pupitre, tous homogènes. Il ajoute encore cette qualité de choisir des tempos idoines, qui laissent s'épanouir les lignes mélodiques tout en maintenant une pulsation pleine d'énergie. Cet équilibre-là est magnifique, et on atteint très souvent un degré de jubilation sonore enthousiasmant. L'allegro ou Marche funèbre est mené avec un sens remarquable des contrastes, qui donne une dimension tragique saisissante à la mort, ou plutôt la fin de vie terrestre. Le mouvement II Andante exprime délicieusement, avec son thème récurrent de quasi-menuet, la légèreté de l'âme délivrée de toute pesanteur. Le bonheur continue avec les mouvements III-IV, ses variations sur le thème « Antonius zur Predig » du Knaben Wunderhorn, et un « Urlicht » digne de tous les éloges. La mezzo-soprano Anna Kissjudit déploie un phrasé noble et impeccable, une diction transparente et un timbre de lait chaud et de miel. La poésie, naïve et mystique à la fois, fonctionne à plein.
Les choses se compliquent un peu au dernier mouvement, mais tout en restant dans la haute qualité. La soprano Valentina Farcas y chante avec beaucoup de goût et de style, et l'orchestre est toujours excellent. Mais sans doute victime d'une erreur de choix et de calibrage, l'orgue mobile n'arrive pas à se faire entendre, et sombre corps et âme dans la pâte orchestrale, où il est réduit au seul rôle de couleur dans le son de l'ensemble. C'est dommage de ne pas atteindre, dans ce mouvement là, la dimension liturgique que peut conférer cet instrument quand on le distingue du reste de l'orchestre. Le Chœur philharmonique, qui est un chœur d'amateurs, vient renforcer le Chœur de l'Opéra du Rhin et délivre une prestation très digne, mais les nuances devraient être un peu affinées, surtout les pianissimi et les crescendos, qui manquent de lissé. Enfin, ce mouvement V semble décousu, fait de petits bouts mal rassemblés. Il a peut-être manqué une ou deux répétitions pour parvenir à une meilleure finition, mais l'ensemble de la soirée est globalement réussi, et Mahler a été bien servi par les phalanges strasbourgeoises.
Crédits photographiques : Aziz Shokhakimov © Jean-Baptiste Millot ; Anna Kissjudit © Sophie Von Becker
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Strasbourg, Palais de la musique et des congrès. 23-V-2025. Gustav Mahler (1860-1911) : symphonie n°2 en do mineur « Résurrection ». Valentina Fracas, soprano ; Anna Kissjudit, mezzo-soprano ; Chœur de l’Opéra national du Rhin; Chœur philharmonique de Strasbourg ; Orchestre philharmonique de Strasbourg, direction : Aziz Shokakimov