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Paris. Philharmonie de Paris ; Grande Salle Pierre Boulez. 21-V-2025. Franz Berwald (1796-1868) : Symphonie n°2 en ré majeur « Capricieuse ». Johannes Brahms (1833-1897) : Symphonie n°1 en ut mineur op. 68. Orchestre de Paris, direction : Herbert Blomstedt
Invité chaque saison par l'Orchestre de Paris, Herbert Blomstedt choisit cette année la rare Symphonie n°2 du Suédois Franz Berwald, avant de montrer encore beaucoup de qualité dans la gestion des masses de la Symphonie n° 1 de Johannes Brahms.
Patriarche des chefs d'orchestre sur le circuit international, Herbert Blomstedt était venu à la Philharmonie de Paris l'an dernier avec une Huitième de Bruckner, avant de reprendre cette saison la Neuvième en Allemagne et en Autriche. Mais ce qui pouvait s'assimiler à une forme de programme d'adieux n'était finalement qu'un retour à des œuvres qu'il admire depuis toujours, de même qu'il aime particulièrement celles de Brahms, à nouveau à l'affiche de l'Orchestre de Paris lors de deux concerts en ce mois de mai 2025.
Non invité la saison prochaine, ni la suivante d'après nos informations, le chef qui aura 98 ans le 11 juillet prochain dirigeait donc peut-être aujourd'hui ses derniers concerts à Paris. Mais comme en 2023 où il n'hésitait pas à proposer Nielsen avec les Wiener, ses programmes parisiens ressemblent à ceux de simples soirées, ou avant la Symphonie n° 1 de Brahms déjà donnée avec la formation en 2019, Blomstedt se permet de faire découvrir en première partie son compatriote Franz Berwald, né en 1796 à Stockholm et mort dans la même ville soixante-douze ans plus tard. Après de longues recherches et des voyages à Berlin et Vienne, ce compositeur retrouve une forme de ferveur musicale au début des années 1840, où il écrit en quelques années au moins quatre symphonies, dont la n° 2 surnommée « Capricieuse » a pu être reconstituée bien plus tard sur la base d'une partition pour piano à quatre mains, d'abord grâce à la plume d'Ernst Ellberg (1914), puis par la révision de Nils Castegren (1970). C'est cette version définitive qui est utilisée pour l'entrée de l'œuvre au répertoire de l'Orchestre de Paris.
Comme souvent face à genre de rareté, on hésite entre intérêt d'ouvrir le répertoire, et pertinence de jouer une partition sans conteste plus faible que celles contemporaines de Schumann ou Mendelssohn. D'ailleurs, seule la Symphonie n° 1 avait été créée du vivant de Berwald. Pour autant, ce qu'en donne le chef tutélaire ne démérite pas, surtout de la part des violons, certes prédominants en volume sur le reste de l'orchestre, mais très bien dynamisés par la première d'entre eux, Sarah Nemtanu, invitée pour l'occasion à faire défaut à son National de France, non loin de là le soir même pour la Première d'une nouvelle production du Chevalier à la Rose au Théâtre des Champs-Élysées.
Si les gestes du nonagénaire sont souvent très mesurés, la symphonie suédoise en trois mouvements respire tout de même bien pendant les deux premiers, de même qu'elle trouve un bel agencement des masses, prometteur pour la suite du concert. Sans assez d'énergie dans les bras, Blomstedt parvient moins à porter l'Allegro assai final, qui profite toutefois là encore du métier de la formation française, dont apparaissent mieux les vents.
En seconde partie, le chef revient sur scène comme il est entré au début, en même temps que l'Orchestre de Paris, soutenu par Sarah Nemtanu tout sourire pour l'accompagner jusqu'au podium, où l'attend maintenant un micro prévu pour relancer le son amplifié dans des oreillettes bien visibles ; un objet technique maintenant nécessaire et apparu seulement cette saison. Au moins, cela rend Blomstedt plus précis et plus alerte que l'an passé, où pendant de grands moments dans la 8ème de Bruckner se créaient de vrais flous. Pour la Première de Brahms à présent, les cordes débutent avec force et précision, sans trop peser et toujours avec la forme de légèreté recherchée par le chef depuis plus d'un demi-siècle dans ses interprétations du compositeur allemand.
Les effets de masse fonctionnent parfaitement dans tout le Poco sostenuto, à la fois aéré et dense dans le rendu, en plus de trouver en fin de mouvement une souplesse bien maintenue à l'Andante sostenuto. Peut-être un peu trop fluide, celui-ci glisse cependant facilement, surtout éveillé par le splendide solo de Nemtanu dans la coda, sans doute le plus beau moment de la soirée. Le Poco allegretto et grazioso met à présent parfaitement en évidence les bois français, notamment la clarinette et la flûte solo, tandis que les cuivres (non exempts de quelques fausses attaques) lui procurent une belle ampleur, qu'ils maintiennent jusqu'aux derniers instants d'un final à l'image du chef, non soucieux.
Crédits photographiques : Photo 1 © ResMusica ; Photo 2 ©Matthias Benguigui
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Paris. Philharmonie de Paris ; Grande Salle Pierre Boulez. 21-V-2025. Franz Berwald (1796-1868) : Symphonie n°2 en ré majeur « Capricieuse ». Johannes Brahms (1833-1897) : Symphonie n°1 en ut mineur op. 68. Orchestre de Paris, direction : Herbert Blomstedt
Merci pour ces commentaires. C’était un plaisir rare et intense de rejouer avec le Maitre Blomstedt.