Chen Reiss et Giedrė Šlekytė devant le Philharmonique de Munich
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München. Isarphilharmonie. 17-V-2025. Franz Schreker (1878-1934) : Vom Ewigen Leben, pour soprano et orchestre. Raminta Šerkšnytė (1975*) : Midsummer Song, pour orchestre. Erich Wolfgang Korngold (1897-1957) : Vier Lieder aus « Einfache Lieder », op.9. Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847) : Symphonie n°3 en mineur, op. 56 « Schottische ». Münchner Philharmoniker, direction : Giedrė Šlekytė
Pour sa première devant le Philharmonique de Munich, la cheffe Giedrė Šlekytė accompagne le timbre lumineux de Chen Reiss pour des lieder de Schreker et Korngold, avant de porter le discours dans l'Écossaise de Mendelssohn.
La cheffe lituanienne de 36 ans Giedrė Šlekytė est encore peu connue, mais elle montre déjà du style et de l'assurance pour sa première apparition devant l'orchestre de grande classe qu'est le Philharmonique de Munich. Son programme joué le samedi et repris le lendemain matin à l'Isarphilharmonie attire avant tout par les raretés de la première partie, qu'on aurait idéalement aimé couplées à une œuvre de même style comme La Petite Sirène de Zemlinsky en seconde moitié ; une proposition rendue impossible par la taille de l'effectif utilisé pour ce concert.
C'est donc par une Symphonie n°3 de Mendelssohn que s'achève la soirée, devant des Münchner Philharmoniker en formation Mozart (à 34 cordes) renforcés de quelques percussions ou d'un piano selon les pièces. Mais si la direction de la cheffe convainc dans les lieder, c'est avant tout à Chen Reiss que l'on doit la réussite de la soirée. Lumineuse dans les deux chants du Von Einem Leben (D'une Seule Vie) de Franz Schreker, dans lesquels on reconnait des thèmes de l'opéra Der Ferne Klang (Le Son Lointain), la soprano parvient par la pureté de la ligne à maintenir toute l'atmosphère évanescente de l'écriture de Schreker. De la même manière, elle plonge dans le style viennois des lieder de jeunesse de Korngold ensuite, quatre extraits de l'opus 9, alors qu'elle vient d'enregistrer deux autres cycles du compositeur sur son nouvel album Jewish Vienna.
Entre les deux corpus chantés, un Midsummer Song sans voix se voit bien accordé au climat mystérieux de Schreker, la pièce de Raminta Šerkšnytė créée en 2009 par Gidon Kremer trouvant une belle concentration sous la direction de sa compatriote Šlekytė. Basé sur des développements de nappes de cordes toujours faites pour maintenir la tension, le style d'écriture ne semble pas très novateur, mais profite à plein de la qualité des musiciens du Philharmonique, éclairé par l'acoustique très éthérée de l'Isarphilharmonie, inaugurée en 2021 pour remplacer la salle (trop) critiquée du Gasteig.
En deuxième partie, la cheffe est plus exposée, puisqu'elle dirige une grande œuvre romantique germanique, en l'occurrence l'Écossaise de Felix Mendelssohn Bartholdy, avec cette fois moins de réussite. L'Andante con moto présente d'abord la bonne qualité d'ensemble des Münchner, jamais mis en défaut par la gestuelle évidente de la cheffe, en même temps qu'il montre quelques jolies idées, notamment dans la façon d'adoucir les phrases des premiers violons, ou au contraire d'accroître l'impact des attaques des cordes graves. En revanche, certaines mesures comme celles de la tempête, reprise par Wagner dans son Vaisseau Fantôme, ne parviennent pas encore à trouver le souffle nécessaire sous l'inspiration de Giedrė Šlekytė. La cheffe se rattrape par un tendre Adagio après un Vivace non troppo un peu trop tenu, mais le finale déçoit en faisant ressentir de manière flagrante la capacité à exciter le matériau, toujours bien trop découpé et retenu, là où la qualité de l'orchestre (sa flûte solo, ses cors !) devrait permettre de totalement lâcher la bride.
Déjà entendue à Anvers ou Metz et plus récemment à l'Opéra de Munich, Giedrė Šlekytė s'est distinguée en nous proposant un programme composé d'œuvres rares en dirigeant les grands Münchner Philharmoniker, avec pour réussite principale d'avoir très bien porté le chant de Chen Reiss.
Crédits photographiques : © Tobias Hase
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München. Isarphilharmonie. 17-V-2025. Franz Schreker (1878-1934) : Vom Ewigen Leben, pour soprano et orchestre. Raminta Šerkšnytė (1975*) : Midsummer Song, pour orchestre. Erich Wolfgang Korngold (1897-1957) : Vier Lieder aus « Einfache Lieder », op.9. Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847) : Symphonie n°3 en mineur, op. 56 « Schottische ». Münchner Philharmoniker, direction : Giedrė Šlekytė