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Les Musiciens. Un film de Grégory Magne. Scénario : Grégory Magne, avec la collaboration de Haroun . Musique : Grégoire Hetzel. Avec : Valérie Donzelli, Frédéric Pierrot, Mathieu Spinosi, Emma Ravier, Daniel Garlitzky, Marie Vialle, Nicolas Bridet, François Ettori… Distribution : Pyramide. Sortie le 7 mai 2025. Format: 2,35. Durée : 102:00
Nouvelle incursion du Septième Art dans le Quatrième. Aujourd'hui : le monde du quatuor à cordes.
Pour son troisième long métrage, Grégory Magne tente d'entraîner le public des salles obscures dans les arcanes d'un univers qui ne l'est pas moins : celui du quatuor à cordes. Un genre musical (la musique de chambre) considéré comme la forme parfaite, mais qui, même lorsqu'on est entré par la grande porte symphonique (Casse-noisette, Pastorale, Fantastique…), dans le sérail de la musique dite « classique », n'est pas toujours une noix facile à craquer. Ce qui n'a pas empêché tous les grands compositeurs, de Haydn (68 opus) à Glass (9 à ce jour), de relever le défi d'un genre où la mise à nu est le maître-mot.
Une riche héritière sort de sa cage dorée pour réaliser le rêve de son père : réunir le temps d'un concert unique autour de quatre Stradivarius, les talents de quatre musiciens. On a connu accroche scénaristique plus galvanisante. Même le succès-surprise de l'année 2024 En Fanfare n'avait pas osé pareil entre-soi qui suppose, non seulement une connaissance de l'art du luthier napolitain Stradivari, auteur de 600 instruments dont une cinquantaine seulement (construits sur la base des systèmes métriques grecs et romains, sur le nombre d'or…), d'une qualité de son inapprochée (et inapprochable même pour la production du film), se vendent à prix d'or de par le monde, mais aussi une certaine appétence pour l'intériorité, faculté humaine bien malmenée dans un XXIème siècle gangrené par le bruit, la fureur et la grande vitesse.
Pour cette immersion dans l'intime, qui a plutôt tout d'une ascension vers un Everest, Grégory Magne a su s'entourer de remarquables sherpas. En premier lieu le compositeur Grégoire Hetzel, repéré dans le formidable Incendies de Denis Villeneuve, dans la très inspirée Chambre bleue de Mathieu Amalric ou dans l'original Chante ton bac d'abord de David André, comme au générique d'une cinquantaine de films français. La belle partition qu'il a composée pour Les Musiciens ne fait pas mystère de ses influences (Chostakovitch, Britten, Glass…). Elle est le premier atout du film. Le réalisateur a eu la délicatesse de la capter au plus près de son interprétation, et surtout de ne pas la charcuter : le très mélodieux Off beat, le totalement étreignant Ground, et le hautement rassembleur Adagio in white keys final faisant mentir l'ultime conseil donné aux exécutants « Pensez que vous jouez pour la dernière fois ». Le film tend également la main à l'œcuménisme musical via une émouvante version du My Girl de Nirvana.
L'autre atout des Musiciens est sa distribution. Il s'agissait de trouver quatre perles rares, capables d'être les meilleurs ambassadeurs possibles, non seulement de la musique, mais aussi des enjeux décrits par le scénario. De même que, ainsi que le film l'énonce, « quatre grands artistes ne font pas un grand quatuor », quatre excellents instrumentistes ne font pas forcément quatre grands acteurs. Le film révèle, autour du très cinégénique Mathieu Spinosi (fils de …) une bande de comédiens crédible, ce qui n'était pas donné d'avance face aux Stradivarii Valérie Donzelli et Frédéric Pierrot : elle, idéale de classe et d'empathie en héritière née avec une cuillère en argent dans la bouche ; lui en Messiaen lunaire faussement bougon (« Si je me suis mis à la musique, c'est pour essayer de me libérer de ce que je trouve pesant dans le langage »), se découvrant parangon d'écoute des autres. On sent que, contrairement à leurs personnages, au départ décrits comme « se prenant pour leur photo », ce subtil sextuor d'acteurs (on n'aura garde d'oublier le très juste Nicolas Bridet dans le rôle du frère ni le luthier expert de François Ettori dans le rôle du… luthier) n'a pas perdu de temps à accorder ses violons pour exprimer ce qui fait l'essence d'un quatuor à cordes : parvenir à fondre quatre personnalités fortes.
Une chose irrite cependant tout au long des Musiciens : l'anonymat de sa réalisation. Passé un étonnant premier plan tourné au cœur d'un violoncelle, on s'achemine, par le biais d'un cahier des charges filmique aussi soigné que dépourvu de toute ambition stylistique, d'une écriture scénaristique laborieusement dynamisée par de micro-événements censés déclencher de faux suspenses, vers un dénouement si prévisible qu'il fait presque regretter celui, pourtant assez indéfendable, d'En fanfare. Au final, Les Musiciens ravive cruellement le souvenir de l'intense Un cœur en hiver de Claude Sautet, lui aussi déjà immergé dans la même quête du même Graal sonore, et qui, 33 ans plus tôt, avait si bien su trouver son public.
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Les Musiciens. Un film de Grégory Magne. Scénario : Grégory Magne, avec la collaboration de Haroun . Musique : Grégoire Hetzel. Avec : Valérie Donzelli, Frédéric Pierrot, Mathieu Spinosi, Emma Ravier, Daniel Garlitzky, Marie Vialle, Nicolas Bridet, François Ettori… Distribution : Pyramide. Sortie le 7 mai 2025. Format: 2,35. Durée : 102:00
j’ai beaucoup aimé. j’y suis allée le voir 2 foisen 8 jours. il ne va pas rester longtemps à l’affiche de ma petite commune.
Quel plaisir de voir jouer les musiciens-acteurs. ( Même s’ils sont doublés en partie)
mais la mise en image est décevante et la mise en scène est un peu … laborieuse .
Mais ça n’enlève rien à mon plaisir