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Émouvants concerts inédits de Constantin Silvestri chez ICA Classics

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Claude Debussy (1862-1918) : Iberia extrait des Images. Maurice Ravel (1875-1937) : Pavane pour une infante défunte. Manuel de Falla (1876-1946) : Nuits dans les jardins d’Espagne. Le Tricorne, suites n° 1 et n° 2. Sylvie Mercier, piano, Orchestre symphonique de Bournemouth, Constantin Silvestri, direction. 1 CD ICA Classics. Enregistrements monophoniques et publics au Colston Hall de Bristol, au Winter Gardens de Bournemouth entre novembre 1966 et avril 1968. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée totale : 73:00

 

(1913-1969) fait partie de ces chefs dont l'histoire de la direction d'orchestre semble avoir oublié jusqu'à l'existence. Pourtant, à chaque fois que l'on écoute ses enregistrements – y compris les moins essentiels – on est stupéfait par la musicalité et l'engagement qu'insufflait le chef roumain.

Le premier des orchestres liés à Silvestri fut celui de Bournemouth. Qu'il s'agisse de ses gravures réunies en un coffret par Emi / Warner ou bien les parutions « live » dont quelques concerts extraordinaires parus chez BBC Music, l'art de Silvestri fascina non seulement le public français (il décida de fuir la Roumanie communiste alors sous occupation soviétique et s'installa à Paris en 1959), mais surtout le public britannique. Il réussit à convaincre le Symphonique de Bournemouth de lui accorder un nombre hors-norme de répétitions pour chaque concert. Son exigence maniaque, sa direction charismatique firent progresser considérablement un orchestre considéré avant sa venue, comme une phalange « provinciale ». Ses successeurs, Berglund, Rattle, Litton, Hickox, Kreizberg, entre autres, surent reconnaître les mérites de son travail.

Ces bandes éditées pour la première fois sont issues de trois concerts publics appartenant à la collection privée des ayants-droits de Silvestri. Techniquement, elles ne sont pas fameuses alors que nous sommes dans la seconde moitié des années soixante. Il n'empêche : la monophonie tout juste passable ne nous dissuade pas d'écouter ces belles archives.

Quel choc que cet Iberia de Debussy au lyrisme exacerbé ! Malgré des trompettes peu assurées, la direction de Silvestri impressionne : justesse de la mise en place, recherche des couleurs, imaginaire sans cesse en éveil pour créer des atmosphères mouvantes… L'orchestre qui est loin d'être le plus remarquable dans ce répertoire, scintille et exprime toute la lumineuse tendresse de la musique. Silvestri galvanise ses pupitres jusque dans un finale éruptif.

Cet album est aussi l'occasion de redécouvrir la pianiste . Elle étudia auprès de Marcel Ciampi et de Jacques Février, fut sélectionnée par Wilhelm Kempff pour des classes de maître. Elle fit ses débuts à Paris avec la Société des Concerts du Conservatoire. Elle ne grava malheureusement que quelques études de Chopin pour Decca. Par la suite, elle quitta le monde musical pour se consacrer à la photographie et à la peinture. Dans les Nuits dans les jardins d'Espagne de Falla – Debussy incita son ami espagnol à composer cette si étrange et géniale partition – Silvestri impose des climats d'une surprenante mobilité. Dans cette symphonie avec piano obligé, l'entente entre l'orchestre et la soliste est touchante. Le piano illumine les espaces clos et les jaillissements d'eau quand l'orchestration pointilliste inspire une chorégraphie sous la baguette de Silvestri. Le regret d'une captation aussi médiocre est d'autant plus vif.

Les deux suites du Tricorne méritent à elles seules l'acquisition de l'album. Rappelons que Falla transforma son mimodrame (El Corregidor y la molinera – Le Magistrat et la meunière) en une chorégraphie sur des thèmes andalous. L'énergie et surtout la narration imaginée par Silvestri séduisent de bout en bout. Violence, cruauté, danse et attirance… tout s'enchaîne comme si la partition était vécue dans l'instant. La mise en place est aussi parfaite que la direction est enivrante. En complément de programme, la Pavane pour une Infante défunte de Ravel apparait ici d'un intérêt bien secondaire.

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Claude Debussy (1862-1918) : Iberia extrait des Images. Maurice Ravel (1875-1937) : Pavane pour une infante défunte. Manuel de Falla (1876-1946) : Nuits dans les jardins d’Espagne. Le Tricorne, suites n° 1 et n° 2. Sylvie Mercier, piano, Orchestre symphonique de Bournemouth, Constantin Silvestri, direction. 1 CD ICA Classics. Enregistrements monophoniques et publics au Colston Hall de Bristol, au Winter Gardens de Bournemouth entre novembre 1966 et avril 1968. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée totale : 73:00

 
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