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Nederlands Dans Theater 2 à Nancy : Roule jeunesse !

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Nancy. Opéra national de Lorraine. 7-V-2025. Nederlands Dans Theater 2. Compagnie invitée par le CCN Ballet de Lorraine, en coréalisation avec l’Opéra national de Lorraine.

Folkå. Chorégraphie : Marcos Morau. Assistant·e·s du chorégraphe : Nuria Navarra, Shay Partush. Lumières : Tom Visser. Scénographie : Marcos Morau. Costumes : Silvia Delagneau. Musique : Nouvelle composition & création sonore de Juan Cristobal Saavedra. Avec : Nathan Allen, Maša Anić, Viola Busi, Conner Chew, Giovanna Doria, Sophia Frilot, Joey Gertin, Ruth Lee, Miquel Martinez Pedro, Casper Mott, Nathanaël Plantier, Gabriele Rolle, César Sautès-Vescovali, Rebecca Speroni.

Watch Ur Mouth. Chorégraphie : Botis Seva. Musique : nouvelle composition par Torben Sylvest. Lumières : Tom Visser. Costumes et scénographie : Botis Seva. Répétitrice de la NDT : Lydia Bustinduy. Avec : Nathan Allen, Maša Anić, Nathaniel Belnavis-Wright, Viola Busi, Eliana Hayward, Casper Mott, Nathanaël Plantier, Rebecca Speroni

Invité par le CCN Ballet de Lorraine, le commence sa tournée en France à l'Opéra national de Lorraine, à Nancy. Les 18 danseurs de la compagnie junior néerlandaise subjuguent dans ces deux pièces signées et .


On connaît la compagnie du de La Haye. C'est l'une des plus passionnantes compagnies au monde, dotée de danseurs contemporains de premier ordre, et surtout d'un répertoire ultra précieux, fort de la présence, notamment, de Hans von Manen puis Jiri Kylian pendant des décennies. C'est d'ailleurs ce dernier qui a créé en 1978 l'un des tous premiers « Junior Ballet » avec de jeunes danseurs, jusqu'à 25 ans seulement, engagés pour trois ans.

Mais à vrai dire, qui peut deviner, en les voyant, que ces danseurs sont juste en fin de formation tant ils sont doués, charismatiques et convaincants ? Ces 18 danseurs viennent d'ailleurs du monde entier (Canada, États-Unis, Italie, Serbie, Espagne, France..) pour intégrer ce prestigieux NDT 2, aujourd'hui invité par le Ballet de Lorraine, avant de se produire à la Maison de la Danse de Lyon. On les avait déjà admirés il y a deux ans à La Villette, à Paris.

Voir Folkå du chorégraphe espagnol est une preuve absolue du talent évident de ces jeunes gens. Cette pièce pour 14 danseuses et danseurs sera familière à ceux qui ont vu son ballet Sonoma, tant il en reprend l'esprit et les musiques, reconfigurées pour cette pièce qui projette une étrangeté étonnante. Car on ne sait vraiment qui sont ces apparitions, baignées dans un savant travail de lumières. Tout commence dans une belle pénombre avec des sons de cloches de vaches. Le rideau se lève sur un groupe compact de danseurs, tel un troupeau dont on ne voit que des visages masqués, comme un bovidé. Les têtes seules, vont de droite à gauche, de haut en bas, comme pour chercher leur route. Et c'est très beau. On les croit tous en noir, mais lorsque la lumière se fait, on découvre des hommes et des femmes en chemise blanches et dentelles noires avec des bretelles à l'autrichienne, et longues jupes noires traditionnelles.

Tout va s'enchaîner à grande et subjuguante vitesse, dans un unisson absolu des 14 danseurs. Le torse, les bras, la tête sont mis à rude épreuve, créant des formes géométriques, des enlacements, des bras qui s'enchainent et se déchainent, des têtes qui s'empilent. On pense évidemment aux scènes des Noces de Bronislava Nijinska, aux effets géométriques de Sadeck Berrabah, aux nombreuses œuvres des ballets traditionnels de Moïsseiev, des joies paysannes aux aliénations des cadences d'usine. Les citations sont ici évidentes. Mais il y a dans cette œuvre de Morau une vraie poésie qui lui est propre (celle de la répétition intemporelle des gestes de la vie), et une étrangeté absolue avec cette interrogation : celui qui sort du groupe, peut-il vraiment exister ? Lorsqu'il s'y aventure, le troupeau s'étonne, éberlué par tant d'audaces. La chorégraphe canadienne Crystal Pite se pose exactement la même question dans ses créations aux effets de groupe impressionnants. Ici, est plus énigmatique, et curieusement moins animal. Cela est patent lorsque deux corps sortent du groupe, sont expulsés, comme accouchés. Cette scène de naissance est vraiment marquante. Mais ce qui sidère surtout, c'est la maestria des ensembles. Tout est structuré, chronométré, enchainé, avec une virtuosité sidérante de la part de ces jeunes danseurs. Et l'hypnotisme des chants bulgares ne fait qu'accentuer la force de cette pièce accueillie avec effusion et enthousiasme par un public particulièrement jeune.

La pièce qui suit, Watch Ur mouth, est dans le même esprit : il s'agit d'une œuvre de groupe, pour huit danseurs, toute récente création du Britannique . Issu du monde hip hop, Seva crée des petites merveilles de séquence, entre hip-hop et contemporain, moon walk, voguing, jazz… Allongés au sol, les huit jeunes gens se lèvent sur leurs jambes et débutent un long enchainement de figures et d'ensembles, bras voguant, jambe en caoutchouc, démarches saccadées, habillés très « stylés » avec des pantalons baggy, pull sans manches, chemises ou blouson, et casquette cachant les oreilles, dans de belles teintes beiges.

Là aussi, nous interroge sur la force du groupe. Qu'est-ce qu'obéir ? Se démarquer ? Pourquoi la beauté des ensembles génère-t-elle aussi une forme d'inquiétude, dans sa forme presque totalitaire ? La pièce, moins impressionnante et moins efficace que celle de Marcos Mauro est très belle, mais elle aurait eu davantage sa place en première partie de spectacle, afin de garder toute sa sensibilité, forcément effacée par cet incroyable rouleau compresseur hypnotique que fût Folkå, véritable clou de la soirée.

Crédit photos : © Rahi Rezvani

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Nancy. Opéra national de Lorraine. 7-V-2025. Nederlands Dans Theater 2. Compagnie invitée par le CCN Ballet de Lorraine, en coréalisation avec l’Opéra national de Lorraine.

Folkå. Chorégraphie : Marcos Morau. Assistant·e·s du chorégraphe : Nuria Navarra, Shay Partush. Lumières : Tom Visser. Scénographie : Marcos Morau. Costumes : Silvia Delagneau. Musique : Nouvelle composition & création sonore de Juan Cristobal Saavedra. Avec : Nathan Allen, Maša Anić, Viola Busi, Conner Chew, Giovanna Doria, Sophia Frilot, Joey Gertin, Ruth Lee, Miquel Martinez Pedro, Casper Mott, Nathanaël Plantier, Gabriele Rolle, César Sautès-Vescovali, Rebecca Speroni.

Watch Ur Mouth. Chorégraphie : Botis Seva. Musique : nouvelle composition par Torben Sylvest. Lumières : Tom Visser. Costumes et scénographie : Botis Seva. Répétitrice de la NDT : Lydia Bustinduy. Avec : Nathan Allen, Maša Anić, Nathaniel Belnavis-Wright, Viola Busi, Eliana Hayward, Casper Mott, Nathanaël Plantier, Rebecca Speroni

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