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FireWorks, un gala divertissant par Gauthier Dance à Stuttgart

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Stuttgart. Theaterhaus. 4-V-2025. FireWorks. Celebrating 40 Years of Theaterhaus Stuttgart.
The FireWorks Project. Idée et concept : Eric Gauthier ; chorégraphie : Barak Marshall, Mauro Bigonzetti, Dominique Dumais, Marco Goecke, Benjamin Millepied, Sofia Nappi, Johan Inger, Stijn Celis, Virginie Brunelle, Andonis Foniadakis.
Lickety-Split. Chorégraphie : Alejandro Cerrudo ; musique : Devendra Banhart. Gauthier Dance Juniors.
ABC. Chorégraphie : Eric Gauthier. Avec Shori Yamamoto.
Infant Spirit. Chorégraphie : Marco Goecke. Avec Bruna Andrade.
Bolero+. Chorégraphie : Andonis Foniadakis. Musique : Maurice Ravel.
Gauthier Dance ; Gauthier Dance Juniors.
Musique enregistrée.

La deuxième compagnie de Stuttgart remplit ses promesses de pur divertissement – un peu plus de profondeur n'aurait pas nui.

La danse à Stuttgart est décidément une affaire importante. En ce premier week-end de mai, le public avait le choix entre Anna Karenina par le Ballet de Stuttgart, ce programme festif de et, dans les environs, le Ballet national tchèque en tournée à Ludwigsburg.

est la compagnie de danse du Theaterhaus de Stuttgart, un complexe de salles de théâtre qui fête cette année ses 40 ans. Créée en 2007 par un ancien danseur du Ballet de Stuttgart, , la compagnie, toujours placée sous sa direction, participe à cet anniversaire avec un programme, appelé FireWorks, sous le double signe de la création et du répertoire.

La première partie de cette longue soirée est consacrée à la création, avec The FireWorks Project, pour lequel Gauthier s'inspire d'une autre activité à succès du Theaterhaus, la musique et en particulier le jazz, célébré chaque année par un festival au printemps. Il a donc demandé à neuf chorégraphes, sans compter le chorégraphe en résidence Barak Marshall, de s'inspirer de musiciens qui sont passés par le Theaterhaus, de Chet Baker à Mercedes Sosa, de Laurie Anderson à Charles Aznavour (avec une version de La Bohème… en italien). La liste des chorégraphes invités est impressionnante : outre l'irascible Marco Goecke, dont l'omniprésence en terres germaniques laisse pour le moins perplexe, on voit passer les noms de Bigonzetti, Inger, Foniadakis ou Millepied. Dès l'introduction de la pièce par , le ton est donné : la joie et la bonne humeur sont de rigueur. Comme à la télévision le public est là pour fournir l'enthousiasme de commande qu'on attend de lui, ce qu'il fait sans se faire prier.

Le rapide enchaînement, sans rideau, laisse beaucoup de ces pièces courtes s'échapper de notre mémoire sans laisser beaucoup de traces : Sofia Nappi est peut-être le grand espoir que décrit Gauthier, mais cette Bohème ne permet guère d'en juger, La pièce de , qu'on avait franchement perdu de vue depuis le naufrage de son mandat parisien, a bien quelque chose de ce néoclassicisme américain, souriant et élégant, très attentif à ne rien dire sur quoi que ce soit, mais il faut bien admettre que sa fluidité et sa légèreté, avec ces quatre danseurs aux costumes colorés, fait du bien juste après les éternelles saccades de .

Le plus fort moment de la soirée est cependant le duo créé par pour Bruna Andrade et Barbara Melo Freire, sous le titre A Thousand Thoughts, et sur la musique du Kronos Quartet : Inger, présent aussi au répertoire du Ballet de Stuttgart, n'a pas cédé au goût de l'esbroufe, et le duo qu'il crée est un condensé de son style et de ses qualités,

La deuxième partie permet de voir quatre pièces heureusement plus contrastées. Ce sont d'abord les six danseurs de la compagnie junior qui occupent la scène, et c'est un des meilleurs moments de la soirée : la pièce d' Lickety-Split a été écrite pour une précédente promotion de la compagnie junior, et il n'y a pas grand-chose de surprenant dans l'enchaînement des moments collectifs et individuels comme beaucoup de pièces d'école le montrent, mais l'ensemble est bien mené, varié et divertissant. Surtout, elle remplit sa mission : on prend grand plaisir à voir les jeunes danseurs s'approprier leur art.

Viennent ensuite deux solos : le premier, une pièce de gala créée par Gauthier pour Johan Kobborg, joue sur le vocabulaire de la danse: termes techniques, grands ballets recréés par leurs gestes iconiques, mais surtout beaucoup d'humour sur le quotidien du danseur et les stéréotypes qui peuvent agacer le plus fidèle des ballettomanes. Une pièce de gala, donc, sans grande profondeur, mais avec une efficacité certaine. Le danseur du jour, Shori Yamamoto, a l'humour qu'il faut, mais aussi la virtuosité nécessaire pour relever les défis posés par Gauthier à son ami Kobborg. Le second, dansé par Bruna Andrade, constitue un hommage à Pina Bausch par , qui a grandi à Wuppertal, mais n'a pas retenu grand-chose de l'héritage du Tanztheater. Il y a bien quelques signes explicites (le micro, l'œillet), mais il manque ce que Pina Bausch, elle, avait plus que quiconque, cette tendresse et cette humanité qu'aucune ironie ne pouvait cacher.

Le spectacle se termine par le retour de la compagnie junior, ou presque : le Boléro mis en danse par était dansé à sa création en 2011 par six jeunes danseurs ; ils sont désormais quatorze, mais les huit danseurs de la compagnie principale n'apparaissent qu'à la fin. Chacun d'eux reste tout au long de la pièce au même emplacement, celui déterminé par le trampoline sur lequel il rebondit : on s'attendrait à de la haute voltige, mais ces tout petits trampolines ne sont là que pour perturber la relation fondamentale de la danse, celle du pied et du sol sur lequel il prend appui ; la musique même du Boléro le rend propice à exprimer toutes les extases collectives, au premier degré comme dans la problématique version de Béjart, ou de manière plus subtile comme ici.

Photos : © Jeanette Bak

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Stuttgart. Theaterhaus. 4-V-2025. FireWorks. Celebrating 40 Years of Theaterhaus Stuttgart.
The FireWorks Project. Idée et concept : Eric Gauthier ; chorégraphie : Barak Marshall, Mauro Bigonzetti, Dominique Dumais, Marco Goecke, Benjamin Millepied, Sofia Nappi, Johan Inger, Stijn Celis, Virginie Brunelle, Andonis Foniadakis.
Lickety-Split. Chorégraphie : Alejandro Cerrudo ; musique : Devendra Banhart. Gauthier Dance Juniors.
ABC. Chorégraphie : Eric Gauthier. Avec Shori Yamamoto.
Infant Spirit. Chorégraphie : Marco Goecke. Avec Bruna Andrade.
Bolero+. Chorégraphie : Andonis Foniadakis. Musique : Maurice Ravel.
Gauthier Dance ; Gauthier Dance Juniors.
Musique enregistrée.

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