Plus de détails
Metz. Arsenal. 26-IV-2025. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Cantates BWV 66 Erfreut euch, ihr Herzen, et BWV 134 Ein Herz, das seinen Jesum lebend weiss ; Oratorio de Pâques BWV 249. Anna El-Khashem, soprano ; Mari Askvik, mezzo ; Nick Pritchard, ténor ; Edwin Crossley-Mercer, basse. Chœur de chambre de Namur ; Les Talens Lyriques, direction : Christophe Rousset
Les Talens Lyriques et son fondateur n'ont plus rien à prouver, mais ces cantates inabouties ne sont pas à la hauteur des attentes.
Déjà en 2019, Christophe Rousset était venu à Metz pour des cantates de Bach ; cette nouvelle étape à thème pascal ne laisse pas cependant une satisfaction aussi grande. On est d'abord perturbé par l'acoustique : depuis une place éprouvée pour sa bonne acoustique notamment en matière de musique vocale, on a dès le chœur initial l'impression d'un son qui reste confiné à l'espace de la scène – ce n'est pas une affaire d'effectif, avec une bonne vingtaine d'instrumentistes et vingt-quatre chanteurs du chœur de chambre de Namur pour la cantate BWV 66 qui ouvre le programme. Ce défaut s'atténue au cours du concert, que ce soit par adaptation de notre écoute ou du jeu des musiciens qui avaient après tout joué le même programme dans l'espace très différent de la Philharmonie de Paris quelques jours plus tôt.
Plus étonnant encore est le quatuor de solistes, dont chaque membre semble ne pas être à son meilleur, comme si leur préparation n'était pas allée jusqu'à son terme – de la part de Christophe Rousset, grand passionné et grand connaisseur de la voix baroque, c'est inattendu. On peut le comprendre pour le ténor Nick Pritchard qui se taille la part du lion dans ce programme : à la cantate du Lundi de Pâques BWV 66 où il chante un long récitatif et air avec l'alto s'est ajoutée tardivement celle du Mardi de Pâques BWV 134 où il est constamment présent, sans oublier son grand air de l'Oratorio de Pâques. Il assume certes les notes avec précision et goût, mais reste très en-deçà de nos attentes en matière de force prophétique, de cette évidence lumineuse avec laquelle un Prégardien, un Bostridge savent projeter le Verbe si capital chez Bach. Anna El-Khashem quant à elle n'a pour ainsi dire que son grand air de l'Oratorio pour montrer son talent, que nous avions repéré dès 2017 à Munich ; mais elle aussi ne peut que montrer son timbre luxueux et sa musicalité sans parvenir à l'émotion. Mari Askvik, avec son mezzo plutôt léger, peine un peu à s'imposer, mais le chant est prometteur chez cette jeune artiste. Quant au Chœur de chambre de Namur, il ne démérite pas non plus, mais on a déjà entendu cet excellent ensemble plus percutant, plus soucieux des mots, plus capable de varier les textures.
Le plus satisfaisant dans cette soirée frustrante est certainement à chercher du côté de l'orchestre, en particulier des solos instrumentaux : le violon de Gilone Gaubert dans le grand duo de la cantate BWV 66, avec un continuo sans faille, et le hautbois d'amour joué par Patrick Beaugiraud dans l'air de Marie Madeleine dans l'oratorio offrent deux beaux moments de musique. Mais il manquait décidément un maître d'œuvre pour pousser le travail collectif jusqu'à son terme.
Crédits photographiques : © Eric Larrayadieu
Plus de détails
Metz. Arsenal. 26-IV-2025. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Cantates BWV 66 Erfreut euch, ihr Herzen, et BWV 134 Ein Herz, das seinen Jesum lebend weiss ; Oratorio de Pâques BWV 249. Anna El-Khashem, soprano ; Mari Askvik, mezzo ; Nick Pritchard, ténor ; Edwin Crossley-Mercer, basse. Chœur de chambre de Namur ; Les Talens Lyriques, direction : Christophe Rousset