Comédies musicales, La Scène, Spectacles divers

À Luxembourg, Natalie Dessay et Neïma Nouri dans la comédie musicale Gypsy

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Luxembourg. Grand-Théâtre. 30-IV-2025. Jule Styne (1905-1944) : Gypsy, fable musicale en deux actes. Livret d’Arthur Laurents et paroles de Stephen Sondheim. Traduction des dialogues : Agathe Mélinand. Mise en scène et costumes : Laurent Pelly. Chorégraphie : Lionel Hoche. Lumières : Marco Giusti. Scénographie : Massimo Troncanetti. Avec Natalie Dessay, Rose ; Neïma Naouri, Louise ; Medya Zana, June ; Daniel Njo Lobé, Herbie ; Antoine Le Provost, Tulsa ; Barbara Peroneille, Mazeppa / Hollywood Blonde ; Marie Glorieux, Electra / Hollywood Blonde ; Kate Combault, Tessie Tura / Hollywood Blonde ; Juliette Sarre, Miss Cratchitt / Agnès / Hollywood Blonde / Renée ; Rémi Marcoin, L.A. ; David Dumont, Kansas ; Léo Gabriel, Yonkers ; Thomas Condemine, Uncle Jocko / Weber / Pastey ; Pierre Aussedat, George, père de Rose / Cigar / Mr Goldstone. Solistes de la Maîtrise Populaire de l’Opéra-Comique. Les Frivolités Parisiennes, direction : Gareth Valentine

Très beau spectacle méta-théâtral signé de . Une distribution de qualité et une superbe mise en scène pour faire connaître en Europe un des grands fleurons de la comédie musicale américaine.

En marge de sa tournée d'adieux au chant lyrique, affirme son rôle grandissant dans l'univers de la comédie musicale. En attendant Sweeney Todd à l'Opéra national du Rhin et après les représentations déjà données à l'Opéra national de Lorraine et à la Philharmonie de Paris, elle se taille au Grand Théâtre de Luxembourg un réel succès dans Gypsy de Jule Styne, ouvrage peu connu en France mais considéré aux États-Unis comme la mère des comédies musicales. Cette pièce, composée sur un livret d'Arthur Laurents et des paroles de Steven Sondheim, relate les débuts de carrière de l'« artiste de burlesque » – comprendre strip-teaseuse ! – Gypsy Rose Lee, à l'ombre d'une mère envahissante, Madame Rose dans la pièce, femme obsédée par l'idée de faire de ses deux filles la vedette qu'elle aurait rêvé être elle-même. Un rôle sur mesure pour , qui dans l'ouvrage représenté accompagne sa propre fille Neïma Nouri, chargée du rôle de Gypsy Rose. Autant dire que l'essentiel du spectacle repose sur le formidable duo constitué de la mère et de la fille – à la ville comme à la scène –, même si autour de ces deux figures gravitent un certain nombre de personnages qui tous ont leur moment de gloire au cours d'un spectacle savamment agencé et formidablement rythmé : la fille aînée de Madame Rose, Baby June, qui met un terme à la fin du premier acte au rêve fou de sa mère ; le fiancé de cette dernière, Tulsa ; le prétendant de Madame Rose, Herbie, qui lui aussi finit par abandonner le rêve d'épouser la femme qu'il aime ; et surtout toutes ces figures du monde théâtro-musical de l'Amérique des années 1930 qui aspirent au cours de cette période de dépression économique à répandre autour d'elles un peu de bonheur et à avoir elles aussi leur petite part du grand rêve américain. Un spectacle sur le spectacle, donc, une vaste mise en abyme qui dit les joies et les malheurs du monde du show-biz, une célébration de la magie du théâtre et de la quête, par le truchement de l'art, d'un monde meilleur et d'une part de bonheur dans une Amérique désabusée qui a perdu ses repères et ses illusions.


On saluera tout d'abord la formidable mise en scène de , présentée dans un dispositif scénique réduit, constitué d'un habile agencement de passerelles autour desquelles sont disposés les quarante-cinq instrumentistes des Frivolités Parisiennes, et sur lesquelles évoluent acteurs, chanteurs et danseurs. De simples pancartes, actionnées par différents personnages, rythment le spectacle en indiquant les lieux et temps de l'action. L'esthétique du dispositif, renforcé par les élégants éclairages de Marco Giusti, évoque à point nommé l'univers Art-Déco de la période où se situe la pièce, et dont les grandes villes américaines se sont fait la vitrine dans les années 30. La distribution du spectacle frôle l'idéal, autant pour les têtes d'affiche que pour les rôles dits secondaires. On s'étonne d'ailleurs de voir réunis autant de talents pour des interventions parfois extrêmement courtes, à l'image de celle de l'enthousiasmant danseur – et chanteur – , pour sa (trop) courte apparition en Tulsa. Citons également les extraordinaires numéros des stripteaseuses incarnées par , , Kate Combaut et . Très belles prestations également des solistes de la Maîtrise de l'Opéra-Comique, parfaitement convaincants chacun et chacune dans leur rôle.

Parmi les rôles plus centraux, on notera la qualité du chant du comédien , ainsi que sa belle prononciation de l'anglais. En charge du personnage de June jeune fille, parvient, quand elle n'est pas forcée de déguiser sa voix pour évoquer celle d'une petite fille, à faire entendre un joli filet de soprano. , de saison en saison, confirme les espoirs qui ont été placés en elle et s'affirme aujourd'hui comme un réel talent scénique et vocal. Elle fait preuve d'une réelle musicalité pour sa chanson « Little Lamb » au premier acte, et sa grande scène du deuxième est carrément bluffante. Formidable comédienne comme à l'accoutumée, campe un personnage à la fois attachant et détestable, et l'on ne peut qu'être impressionné par la manière dont elle a su adapter sa technique vocale à de nouvelles contraintes. Les musiciens des Frivolités Parisiennes, sous la baguette de , rendent justice à une orchestration riche et vibrante, qui fait la place belle aux cuivres et aux percussions, et qui contribue à l'énergie d'un spectacle très favorablement reçu par le public luxembourgeois. Très belle soirée à tous points de vue, pour le théâtre comme pour la musique.

Crédit photographique : © Jean-Louis Fernandez

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Luxembourg. Grand-Théâtre. 30-IV-2025. Jule Styne (1905-1944) : Gypsy, fable musicale en deux actes. Livret d’Arthur Laurents et paroles de Stephen Sondheim. Traduction des dialogues : Agathe Mélinand. Mise en scène et costumes : Laurent Pelly. Chorégraphie : Lionel Hoche. Lumières : Marco Giusti. Scénographie : Massimo Troncanetti. Avec Natalie Dessay, Rose ; Neïma Naouri, Louise ; Medya Zana, June ; Daniel Njo Lobé, Herbie ; Antoine Le Provost, Tulsa ; Barbara Peroneille, Mazeppa / Hollywood Blonde ; Marie Glorieux, Electra / Hollywood Blonde ; Kate Combault, Tessie Tura / Hollywood Blonde ; Juliette Sarre, Miss Cratchitt / Agnès / Hollywood Blonde / Renée ; Rémi Marcoin, L.A. ; David Dumont, Kansas ; Léo Gabriel, Yonkers ; Thomas Condemine, Uncle Jocko / Weber / Pastey ; Pierre Aussedat, George, père de Rose / Cigar / Mr Goldstone. Solistes de la Maîtrise Populaire de l’Opéra-Comique. Les Frivolités Parisiennes, direction : Gareth Valentine

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