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Une Coppélia piquante au Ballet du Capitole

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Opéra national du Capitole, Toulouse. 25-IV-25. Coppélia, Ballet en 3 actes d’Arthur Saint-Léon créé à Paris, le 25 mai 1870, au Théâtre Impérial de l’Opéra. Chorégraphie : Jean-Guillaume Bart. Musique : Léo Delibes. Décors : Antoine Fontaine. Costumes : David Belugou. Lumières : François Menou. Ballet de l’Opéra national du Capitole. Avec Natalia de Froberville, Swanilda ; Ramiro Gómez Samón, Franz ; Rouslan Savdenov, Coppélius ; Emilie Reijnen, Coppélia ; Minoru Kaneko, Le Bourgmestre ; Georgina Giovannoni, L’épouse du Bourgmestre ; Les Amies de Swanilda : Sofia Caminiti, Juliette Itou, Solène Monnereau, Kayo Nakazato, Tiphaine Prévost, Nina Queiroz ; Les Amis de Franz : Eneko Amorós Zaragoza, Mathéo Bourreau, Simon Catonnet, Jérémy Leydier, Kleber Rebello, Charley Austin ; Les villageois (la Mazurka, la Csardas) Mia Li, Lian Sánchez Castro, Manon Kolanowski, Haruka Tonooka, Anatole Coste, Luca Dario Calcante, Lorenzo Misuri, Aleksa Žikić ; Les automates : Luna Jušić (Paquita), Justine Scarabello(Giselle), Charlie Keffert (James de La Sylphide), Amaury Barreras Lapinet (Conrad). Orchestre national du Capitole. Direction musicale : Nicolas André

Nouvelle chorégraphie de Coppélia par pour cette commande du . Une très jolie production, acmé du style français, où s'expriment tous les talents de la compagnie toulousaine.

Après La Source, recréé pour le Ballet de l'Opéra de Paris, s'empare du deuxième ballet de , chorégraphié par Arthur Saint Léon sur un livret original de . Fort de la réussite de la résurrection de La Source, il marche ainsi sur les pas de Pierre Lacotte dans la reconstitution de ballets classiques un peu délaissés (dont la version de Coppélia de 1973 est aujourd'hui au répertoire de l'École de Danse de l'Opéra de Paris et non de la compagnie parisienne). Les deux ballets ont en effet vu le jour à la même époque et ont été conçus par la même équipe de création initiale. En outre, Coppélia fait le lien entre l'époque romantique – le village et le petit banc de bois de Giselle ne sont pas loin – et les grands ballets russes du style impérial, avec acte blanc, divertissement et grand pas de deux.

Cependant, il n'y a pas ou peu de virtuosité ostentatoire dans cette relecture. C'est l'atmosphère paysanne d'un village de Galicie, où vivent Franz, Swanilda et leurs amis, qui sert de cadre à cette histoire d'automates et d'amour contrarié. La très aristocratique , étoile du , se fond dans le personnage piquant et impertinent de Swanilda, vexée que son fiancé Frantz se soit laissé distraire par une jeune fille aperçue lisant au balcon d'en face.

La place de village s'anime d'une czardas enlevée, inspirée des danses traditionnelles de cette région à cheval entre la Pologne et l'Ukraine. Les amies de Swanilda se lancent, plus à leur aise, dans des séries de piqués et de « petits pas de batteries », comme le disait Pierre Lacotte, entre sauts de chat et entrechats, qui font virevolter leurs blouses et tabliers brodés. Dans cette nouvelle production, n'a néanmoins pas trop forcé le trait folklorique. Il réserve aux amis de Franz des danses plus nobles et un port altier, incarné à merveille par le parfait Ramiro Gomez Samon, lui aussi étoile de la compagnie toulousaine. On admire à chaque scène le soin apporté par chacun des interprètes à la pantomime et à l'expressivité des gestes et du visage.

Outre les costumes très réussis et élégants de , autour de tutus jupes tombant sous le genou, la production fait confiance à des décors de toiles peintes et de maisons de bois signé du spécialiste , des lumières douces et raffinées de . Très déliée, la compagnie dirigée par véritablement soutenue par un inspiré, dirigé par , et dont se détachent de remarquables parties solistes.

Le deuxième acte se déroule dans l'atelier du savant Coppelius, formidable décor pré-industriel où figurent – délicieux clin d'œil – une affiche de Paquita et de La Sylphide, dont le maître s'est inspiré pour imaginer une partie de ses automates : une danseuse espagnole, un Maure armé de son sabre, un Écossais et une figure sortie de La Source. Jean-Guillaume Bart fait de Coppelius un maître de ballet à la Degas, inspiré par Jules Perrot, qui se serait exilé dans l'Est de l'Europe pour préparer sa nouvelle création. est à la fois malicieux et touchant dans ce rôle de savant pas si fou.

Swanilda et ses amies, entrées par effraction dans l'atelier du maître, finissent par découvrir le pot aux roses et la jeune femme décide de se faire passer pour la poupée Coppélia, bernant Coppelius. – au firmament de son art – est à l'aise dans tous les styles auxquels le « maître de ballet » (alias Coppelius) initie ce qu'il croit être une apprentie danseuse : les cinq positions académiques, le boléro, une gigue écossaise… Coppelius, enchanté, est persuadé d'avoir réussi à insuffler à sa poupée un souffle de vie grâce aux procédés de mesmerisation, en prélevant cette vitalité sur Franz – lui aussi entré par la fenêtre -, qu'il a drogué pour l'endormir. Mais l'illusion s'évanouit rapidement et la désillusion est grande pour le magicien.

Au troisième acte, c'est le jour du mariage. Tout le monde se retrouve sur la place du village, où la cruelle Swanilda humilie une dernière fois l'homme de science en se faisant passer pour Coppélia. Dans cette nouvelle version, qui rompt avec l'esthétique grandiloquente de la version Lacotte, le chorégraphe cite assez longuement le ballet romantique et notamment le deuxième acte de Giselle dans l'évocation de ce fantôme inanimé. Jean-Guillaume Bart a en effet souhaité modifier le troisième acte traditionnel en y faisant réapparaître Coppelius brièvement et en supprimant la scène de la Cloche pour recentrer l'action autour du mariage de Swanilda et Frantz. Les deux mariés sont à chaque instant sur scène, au cœur de la fête, alternant variations et adage avec aisance et technicité. allie fraîcheur et métier dans ces séries de piqués et de fouettés difficiles. Tandis que Ramiro Gomes Samón incarne dans sa batterie et ses tours à la seconde le raffinement et la qualité d'exécution de l'école française que transmet ici Jean-Guillaume Bart. Léger et joyeux, ce troisième acte est une parfaite réussite, servie par le très haut niveau du Ballet national du Capitole. Rafraîchissant !

Crédits photographiques : © David Herrero

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Opéra national du Capitole, Toulouse. 25-IV-25. Coppélia, Ballet en 3 actes d’Arthur Saint-Léon créé à Paris, le 25 mai 1870, au Théâtre Impérial de l’Opéra. Chorégraphie : Jean-Guillaume Bart. Musique : Léo Delibes. Décors : Antoine Fontaine. Costumes : David Belugou. Lumières : François Menou. Ballet de l’Opéra national du Capitole. Avec Natalia de Froberville, Swanilda ; Ramiro Gómez Samón, Franz ; Rouslan Savdenov, Coppélius ; Emilie Reijnen, Coppélia ; Minoru Kaneko, Le Bourgmestre ; Georgina Giovannoni, L’épouse du Bourgmestre ; Les Amies de Swanilda : Sofia Caminiti, Juliette Itou, Solène Monnereau, Kayo Nakazato, Tiphaine Prévost, Nina Queiroz ; Les Amis de Franz : Eneko Amorós Zaragoza, Mathéo Bourreau, Simon Catonnet, Jérémy Leydier, Kleber Rebello, Charley Austin ; Les villageois (la Mazurka, la Csardas) Mia Li, Lian Sánchez Castro, Manon Kolanowski, Haruka Tonooka, Anatole Coste, Luca Dario Calcante, Lorenzo Misuri, Aleksa Žikić ; Les automates : Luna Jušić (Paquita), Justine Scarabello(Giselle), Charlie Keffert (James de La Sylphide), Amaury Barreras Lapinet (Conrad). Orchestre national du Capitole. Direction musicale : Nicolas André

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