Plus de détails
Nancy. Opéra national de Lorraine. 25-IV-2025. Gaetano Donizetti (1797-1848) : L’Elisir d’Amore (L’Élixir d’Amour), melodramma giocoso en deux actes sur un livret de Felice Romani. Mise en scène : David Lescot. Scénographie : Alwyne de Dardel. Costumes : Mariane Delayre. Lumières : Paul Beaureilles. Avec : Rocío Pérez, Adina ; Matteo Desole, Nemorino ; Mikhail Timoshenko, Belcore ; Patrick Bolleire, Dulcamara ; Manon Lamaison, Giannetta. Chœur de l’Opéra national de Lorraine (Chef de chœur : Guillaume Fauchère), Orchestre de l’Opéra national de Lorraine, direction : Chloé Dufresne.
Avec une mise en scène qui se fait discrète pour mieux exalter les qualités de l'ouvrage, une distribution aussi à l'aise scéniquement que vocalement et une direction bien rythmée, L'Élixir d'Amour séduit le public nancéien.
Coproduite par l'Opéra national de Lorraine et Angers Nantes Opéra avec l'Opéra de Rennes, où elle fut inaugurée en mai 2023, la mise en scène de David Lescot ne cherche pas d'inutiles complications pour une œuvre dont la fraîcheur et la simplicité sont des qualités essentielles. De facture classique, le décor campagnard d'Alwyne de Dardel (un entrepôt de maïs) et les costumes colorés et humbles de Mariane Delayre servent de cadre efficace à une narration parfaitement lisible. Quelques touches de modernité s'y ajoutent : téléphones cellulaires, revolver dont Belcore menace Nemorino, silo transformé en night-club bisexuel ou encore un monsieur d'âge mûr qui, avec toutes les dames, poursuit Nemorino de ses assiduités après la révélation de son riche héritage. La direction d'acteurs, très précise, s'attache avec véracité aux mimiques, aux attitudes, aux comportements et n'omet pas de faire souvent sourire sans lourdeur ni excès en s'appuyant simplement sur le comique de situation contenu dans le livret. Sur la scène, tout bouge, tout vit. Cette mise en scène respectueuse et néanmoins inventive réalise ainsi la parfaite imbrication du théâtre et du chant.
En parfaite entente avec David Lescot, la distribution se montre aussi bonne comédienne que bien chantante. La perle absolue (et découverte pour nous) en est le Nemorino du jeune ténor Matteo Desole, aussi percutant scéniquement en benêt amoureux transi que séduisant vocalement. Doté d'un timbre très attrayant, d'une quinte aigüe solide et aisée, d'une puissante projection et d'une vocalisation déliée, il possède tous les atouts du bel canto mais sait aussi toucher au cœur dans son grand air « Una furtiva lagrima » qu'il conclut par une superbe messa di voce. Déjà remarquée en Gilda dans Rigoletto et ancienne élève de l'Opéra Studio de l'Opéra national du Rhin, la soprano Rocío Pérez revient à Nancy en Adina. Même si on peut préférer pour ce rôle un timbre moins gracile et une plus grande intensité vocale, surtout face à un tel Nemorino, justesse et variété scéniques, solidité du suraigu, vélocité et précision de la colorature sont parfaitement assumés. Lui aussi passé par une école française (en l'occurrence l'Académie de l'Opéra national de Paris), Mikhail Timoshenko donne stature, présence et chant soigné à son Belcore bouffi de fatuité. Patrick Bolleire n'est pas en reste dans un Dulcamara à la faconde affirmée, drôle sans en faire des tonnes et très doué pour le chant syllabique rapide. Enfin, Manon Lamaison offre limpidité du timbre et une intéressante force à Giannetta tandis que le Chœur de l'Opéra national de Lorraine apporte avec conviction et réussite son importante contribution tant scénique que vocale.
Dans la fosse, la jeune cheffe Chloé Dufresne déploie beaucoup d'énergie pour une direction très motorique, aux tempos globalement rapides et bien marqués, sonore et toujours en cohésion avec le plateau. Elle sait néanmoins calmer ces ardeurs comme pour l'air de Nemorino à la belle atmosphère recueillie. L'Orchestre de l'Opéra national de Lorraine lui répond avec élan, rythme et cohésion, plus massif et moins coloré qu'à l'accoutumée. Il est vrai que la richesse des saveurs instrumentales n'est pas la qualité première de l'orchestration de Gaetano Donizetti. Au final, le public fut très chaleureux pour tous, équipe de mise en scène comprise, réservant ses vivats les plus soutenus au Nemorino de Matteo Desole.
Crédits photograpiques : © Jean-Louis Fernandez
Plus de détails
Nancy. Opéra national de Lorraine. 25-IV-2025. Gaetano Donizetti (1797-1848) : L’Elisir d’Amore (L’Élixir d’Amour), melodramma giocoso en deux actes sur un livret de Felice Romani. Mise en scène : David Lescot. Scénographie : Alwyne de Dardel. Costumes : Mariane Delayre. Lumières : Paul Beaureilles. Avec : Rocío Pérez, Adina ; Matteo Desole, Nemorino ; Mikhail Timoshenko, Belcore ; Patrick Bolleire, Dulcamara ; Manon Lamaison, Giannetta. Chœur de l’Opéra national de Lorraine (Chef de chœur : Guillaume Fauchère), Orchestre de l’Opéra national de Lorraine, direction : Chloé Dufresne.