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Macbeth en camaïeu de gris au Teatre del Liceu

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Giuseppe Verdi (1813-1901) : Macbeth, opéra en quatre actes sur un livret de Francesco Maria Piave et Andrea Maffei, d’après The Tragedy of Macbeth de William Shakespeare. Mise en scène : Christof Loy. Responsable de la reprise : Jean-François Kessler. Décors : Jonas Dahlberg. Costumes : Ursula Renzenbrink. Lumières : Bernd Purkrabek. Chorégraphie : Thomas Wihelm. Réalisation : Fabrice Castanier. Avec Ludovic Tézier, baryton (Macbeth) ; Martina Serafin, soprano (Lady Macbeth) ; Vitalij Kowaljow, basse (Banquo) ; Saimir Pirgu, ténor (Macduff), Albert Casals, ténor (Malcolm) ; Anna Puche, soprano (La suivante de Lady Macbeth) ; David Sánchez, basse (Un médecin) ; Marc Canturri, baryton (un domestique de Macbeth, un hérault, un assassin). Chœur du Gran Teatre del Liceu (chef de choeur : Conxita Garcia). Orchestre symphonique du Gran Teatre del Liceu, direction : Giampaolo Bisanti. 1 Blu-ray C-major. Enregistré sur le vif au Gran Teatre del Liceu en 2016. Notice de présentation trilingue en anglais, allemand et français. Sous-titres en italien, anglais, allemand, français, espagnol, catalan, coréen et japonais. Durée : 152’

 

Réédition en DVD de la belle mise en scène de Christophe Loy avec une superbe distribution vocale menée par et .

Initialement donnée à Genève en 2012, cette mise en scène du Macbeth de Verdi a été captée à Barcelone en 2016. On pourra se réjouir de revoir en vidéo, quelques années après sa parution sur le label GAD, ce grand succès de Christoph Loy et ses équipes, donné ici dans une distribution proche de l'idéal, bien supérieure en tout cas à celle réunie lors de la présentation initiale. Nous retrouvons ainsi l'imposant décor gothique de Jonas Dahlberg, directement inspiré du cinéma hollywoodien des années 40, avec cette gigantesque salle de château qui n'aurait pas dépareillé Citizen Kane d'Orson Welles ou Rebecca de Hitchcock. Dans cet univers à la fois irréel et reconnaissable, magnifié par les lumières clair-obscur de Bernd Purkrabek, par les camaïeux gris des décors et ceux des costumes d'Ursula Renzenbrink qui évoqueraient presque le noir et blanc du cinéma, évoluent les différents personnages du drame, habilement répartis dans les coins et recoins de cet espace scénique fantasmagorique. De l'immense escalier de fond de scène à l'imposante cheminée côté jardin, autour de l'immense table du banquet de l'acte 2, guerriers, peuple opprimé, sorcières et domestiques investissent le plateau avec adresse et virtuosité, créant l'univers prégnant et anxiogène de l'implacable drame shakespearien. Les sorcières, portant barbes et moustaches apparaissent sous les traits des femmes de chambre du château, et de nombreux invités en costumes sont des femmes habillées en hommes. Dans le court ballet habilement inséré au milieu de l'acte 3, deux hommes en tutu déconstruisent parmi les danseuses les rites de la danse classique et de l'hétéro-normalité. Est également suggérée l'homosexualité latente de Macbeth, grâce notamment à la présence des divers éphèbes plus ou moins dénudés qui gravitent autour de lui. À la confusion des genres se joint celle des styles et des époques, Lady Macbeth, notamment, changeant de look et de costumes comme elle change de couleur de cheveux. On notera également la présence énigmatique, dans diverses figures, du baryton , personnage quelque peu déroutant à la fonction mal définie, qui semble tirer les ficelles de l'action sans que l'on sache exactement à quoi il sert. Éminence grise, messager du destin ? Nul ne le saura. Si l'on peut parfois perdre le fil de l'œuvre, l'œil se régalera tout le long du spectacle d'une belle unité esthétique, qui rappellera de temps à autres certaines toiles du peintre suisse Johann Heinrich Füssli, grand admirateur de Shakespeare à la fin du dix-huitième siècle. Un très beau spectacle en tout cas, servi par une distribution vocale sans faille et faiblesse.

Le plateau est dominé par les deux têtes d'affiche, avec notamment dans le rôle-titre pour ce qui était en 2016 sa prise de rôle. Toutes les qualités nécessaires pour faire un grand baryton verdien sont réunies chez ce chanteur, dont on ne sait s'il faut davantage admirer le mordant de la déclamation ou la somptuosité de la ligne. Autant pour les scènes de parlar cantando que pour le cantabile de l'air du quatrième acte le chanteur semble être dans son élément. Face à lui, est une formidable Lady, possédant autant la longueur et la puissance vocales nécessaires que l'assise dans le grave et la précision de la vocalise, pour ne rien dire de l'assurance scénique sans laquelle le personnage demeure inexistant. Le fameux contre ré bémol est bien présent, même s'il n'est pas de la plus grande stabilité. À côté de ces deux monstres sacrés, en Banquo et en Macduff font de véritables merveilles, le premier par l'onctuosité et la profondeur de sa voix de basse, le second par la solarité lumineuse de son rayonnant ténor qui fait vibrer la salle lors de « Ah, la paterna mano ». Excellents seconds rôles, également, auxquels se joignent les remarquables choristes du Teatre del Liceu, très sollicités dans cet opéra. À la tête de l'orchestre de la maison, le chef dirige la partition de façon propre et professionnelle, frôlant parfois la routine tout en ménageant les grands climax pour les scènes clés de l'action. En somme, nous avons là une très belle version d'un des meilleurs opéras de jeunesse de Verdi.

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Giuseppe Verdi (1813-1901) : Macbeth, opéra en quatre actes sur un livret de Francesco Maria Piave et Andrea Maffei, d’après The Tragedy of Macbeth de William Shakespeare. Mise en scène : Christof Loy. Responsable de la reprise : Jean-François Kessler. Décors : Jonas Dahlberg. Costumes : Ursula Renzenbrink. Lumières : Bernd Purkrabek. Chorégraphie : Thomas Wihelm. Réalisation : Fabrice Castanier. Avec Ludovic Tézier, baryton (Macbeth) ; Martina Serafin, soprano (Lady Macbeth) ; Vitalij Kowaljow, basse (Banquo) ; Saimir Pirgu, ténor (Macduff), Albert Casals, ténor (Malcolm) ; Anna Puche, soprano (La suivante de Lady Macbeth) ; David Sánchez, basse (Un médecin) ; Marc Canturri, baryton (un domestique de Macbeth, un hérault, un assassin). Chœur du Gran Teatre del Liceu (chef de choeur : Conxita Garcia). Orchestre symphonique du Gran Teatre del Liceu, direction : Giampaolo Bisanti. 1 Blu-ray C-major. Enregistré sur le vif au Gran Teatre del Liceu en 2016. Notice de présentation trilingue en anglais, allemand et français. Sous-titres en italien, anglais, allemand, français, espagnol, catalan, coréen et japonais. Durée : 152’

 
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