Le Quatuor Tchalik enregistre trois quatuors à cordes de Mozart

Après quelques enregistrements bien reçus par la critique, le quatuor à cordes franco-russe, qui remporta le premier prix du Concours Mozart de Salzbourg en 2018, met naturellement ses qualités artistiques au service du compositeur.

La fratrie Tchalik s'est perfectionnée auprès d'excellents musiciens chambristes faisant partie de formations renommées (Quatuors Talich, Danel, Artemis, Ysaye, Artis, Belcea).  Les Tchalik donnent leur premier concert en 2013 mais c'est en 2016 que se produit une intense métamorphose lorsqu'ils intègrent la classe de Gunther Pichler, l'ancien premier violon du légendaire Quatuor Alban Berg, à Madrid.

Leur premier enregistrement baptisé Short Stories date de 2019 et fait appel à un quintette familial au service de pièces de Thierry Escaich. Il sera suivi de belles réussites pour quatuor avec des albums consacrés à Reynaldo Hahn, Boris Tischenko, Camille Saint-Saëns et plus récemment Ravel et Lyatoshynsky.

Pour cette dernière gravure réalisée en juin 2024 ils ont sélectionné trois Quatuors à cordes de Wolfgang Amadeus Mozart qu'ils abordent avec naturel et expertise tout en manifestant globalement pour chacun d'eux une interprétation apaisée voire discrètement méditative digne d'un préromantisme déjà en cours d'installation. Face à ce répertoire mozartien si souvent interprété les deux frères et deux sœurs Tchalik affichent une exécution naturelle d'une belle limpidité et une unité de conception et d'exécution indéniable. Leur complicité ne fait aucun doute et imprègne leur jeu assuré et somptueux.

Du Quatuor à cordes en si bémol majeur K. 458 que Mozart acheva début novembre 1784, le musicologue Jean-Victor Hocquard en avait souligné le caractère initialement chantant au profit d'une inquiétude palpable. Plus, il qualifiait d'angoissant le finale (Allegro Assai). Cette analyse se voit corroborée et embellie par le jeu du Quatuor Tchalik. Le Quatuor à cordes en ré majeur K. 499 (1786) abandonne semble-t-il cette morosité et bénéficie d'une atmosphère plus détendue bien que toujours escortée d'une sensation d'angoisse certaine. Pages parfaitement abouties et aux multiples facettes inoubliables que les membres du Quatuor Tchalik confirment par leur adéquation au style de Mozart et à la quasi-universalité de son legs musical. Le Quatuor à cordes en si bémol majeur K. 589 (1790) expose une grande variété d'expressions mais ce qui ressort in fine pourrait bien être une forme de sérénité maîtrisée et apaisante pour reprendre le terme du même critique. Le deuxième mouvement Larghetto et le Trio du mouvement suivant sont traités par les Tchalik avec délicatesse et un certain dépouillement qui se partage la vedette avec un climat dansant empli de charme.

Complétant cette belle parution, le texte de présentation de Marc Vignal précis et synthétique mérite la lecture.