Vendredi 18 avril, l'intendant Stefano Pace a annoncé lors de la traditionnelle conférence de presse annuelle, la programmation de la maison mosane pour la prochaine saison 2025-2026.
En poste depuis la rentrée 2021, Stefano Pace dresse tout d'abord un rapide bilan – très positif – de la saison en cours, affichant un optimisme de mise : outre de nombreux succès critiques, l'Opéra Royal de Wallonie- Liège peut se targuer d'un taux de fréquentation toujours en hausse avec une moyenne de plus de 95% de places occupées et plusieurs productions données à guichets fermés.
L'ambition affichée de la nouvelle direction est de hisser le niveau liégeois à celui des grandes maisons européennes, en travaillant sur le long terme pour recruter des distributions de standing international. L'autre axe de réflexion est d'élargir sensiblement le répertoire de la maison – au-delà des répertoires italiens et français privilégiés par son prédécesseur Stefano Mazzonis.
L'opéra mosan peut compter sur de performantes et solides équipes techniques, administratives et musicales : par recrutement, les effectifs de l'orchestre et des chœurs ont été sensiblement rajeunis et sont menés par les talents conjugués du maestro Giampolo Bisanti, chef permanent, et du Denis Segond à la tête des chœurs.
La thématique de la future saison 2025-26 sera celle d' »Être/paraître » jouant sur la dialectique jungienne entre persona – le masque public et social que nous revêtons au quotidien – et notre moi profond – avec nos défauts et vicissitudes que nous rejetons dans notre Ombre. En variations autour de ce riche thème, pas moins de huit nouvelles productions ou co-productions seront proposées. Les visuels de la brochure de saison jouent significativement sur le floutage entre illusion et réalité.
Ce fil rouge mène la sélection des opéras ainsi retenus : la saison s'ouvrira par le Faust de Gounod (Bisanti/Strassberger – septembre) et l'ambivalence amoureuse de Cosi fan Tutte (Borzal/Dujardin – octobre), le jeu de masques de die Fledermaus de Johann Strauss Jr, programmé pour les fêtes de fin d'année ( Spotti/ Lepelletier-Leeds), les ambiguïtés pouchkiniennes de Pikovaïa Dama de Tchaïkovski (Bisanti/ Lambert-Le Bihan en février-mars), ou enfin le double jeu mortifère de Iago dans l'Otello (Lanzillotta/Agulera) pour clôturer la saison, relèvent tous, par divers aspects, de la même logique élective.
Deux raretés pimenteront cette saison : Il capello di paglia di Firenze, opérette en quatre actes, signée Nino Rota, dans une production en provenance du Teatro Carlo Felice di Genova en novembre et la Lucrezia Borgia de Donizetti (Bisanti/Grinda en avril) plus donnée scéniquement à Liège depuis…1967 !
Enfin, l'O.R.W renoue avec une dynamique de création avec la commande à Benoit Mernier de son troisième opéra, Bartleby, d'après le conte de Hermann Melville, dans une adaptation anglaise due à Sylvain Fort – une première couplée avec un autre opéra en un acte axé sur la solitude, la Voix Humaine de Francis Poulenc (Kamensek/ Boussard – mai).
Parallèlement à cette programmation éclectique, plusieurs projets seront menés à bien : deux productions « jeune public » à caractère pédagogique axée autour du compositeur liégeois André-Modeste Grétry (Lucile et les pages perdues de Grétry – novembre) et Richard Coeur de Lion (janvier 2026) ; une dizaine de concerts, un dimanche matin par mois, dans la série Musica da Camera, donnés par les solistes de l'orchestre ; deux concerts symphoniques, dirigés tous deux par Giampolo Bisanti,
Le ballet ne sera pas oublié avec La dame aux camélias, imaginé par John Neumeier, d'après le roman d'Alexandre Dumas fils, sur des musiques adaptées de Frédéric Chopin – une production du Hamburg Ballet.
Enfin, il convient de justement saluer, le 28 novembre, le concert-hommage donné au bénéfice du Fonds Jodie Devos, à la mémoire de la grande soprano belge tragiquement décédée l'an dernier. Dirigé par Guillaume Tourniaire il réunira et permettra d'entendre de nombreux artistes belges et internationaux, parmi lesquels de très proches collaborateurs de l'artiste disparue, tels entre autres Sabine Devielhe, Anne-Catherine Gillet, Lionel Lhote, Éléonore Pancrazi ou Reinoud van Mechelen. (BH)