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Fernand Vandenbogaerde (né en 1946) : Les années 67 à 84 : œuvres mixtes et acousmatiques ; Renaud François, flûte ; Bernard Foccroulle, orgue. 1 coffret de 4 disques vinyles. Metaphon. Notice de présentation en français et anglais. Durée : 190:00
MetaphonCe coffret de quatre disques vinyles distribué par Metaphon rend compte de l'intense activité de studio menée par le compositeur Fernand Vandenbogaerde dans un laps de temps de dix-sept années (de 1967 à 1984) soit douze pièces électroacoustiques dont trois œuvres mixtes.
De formation scientifique, Fernand Vandenbogaerde rejoint l'enseignement du metteur en ondes Jean-Etienne Marie (futur fondateur du CIRM) à la Schola Cantorum où il se familiarise avec le son et ses composantes acoustiques avant de rejoindre l'enseignement de Pierre Schaeffer au Conservatoire de Paris et au GRM, celui de Stockhausen et Ligeti à Cologne en passant par le stage d'informatique musicale de l'Ircam ; autrement dit un solide apprentissage au contact des technologies des années 1960 pour aborder une carrière de musique de studio même si bon nombre d'œuvres instrumentales (cf CD précédent) s'inscrivent également au catalogue du compositeur.
La présentation des douze pièces est quasi chronologique en lien avec les avancées de la technologie : c'est le magnétophone 2 voire 4 pistes qui est sur le marché, puis les synthétiseurs analogiques et le modulateur en anneau comme agent de transformation. Notice et fiche technique renseignent, pour chaque pièce, les outils utilisés, la diversité des sources sonores ainsi que le studio où a travaillé le compositeur.
Ce sont les musiques de Bali et Java enregistrées in situ (Kecak, Gamelan, voix parlées et chantées) qui sont fragmentées, perforées, accélérées ou ralenties dans Bhinneka Tungal Ika, une bande son haute en couleurs réalisée au studio du Conservatoire de Pantin en 1974. La bande est à flux continu, comme pour toutes les pièces de ce coffret. Le titre Métamorphoses, de 1969, est emblématique de l'action menée sur le matériau, ici les ondulations sombres d'une plaque tonnerre engendrant toutes sortes de morphologies en constante évolution. Modification III est composée la même année au Centre International de Recherche Musicale (CIRM). Le matériau provient d'un piano au 1/16ᵉ de ton du Mexicain Juan Carrillo et met à l'œuvre le modulateur en anneau et son action sur le spectre sonore. Sollicitant deux générateurs de sons, Stabile-Instabile, conçu au Groupe de Musique Expérimentale de Bourges (GMEB), sonne âcre et rêche, tout comme Violélect V (CIRM) donnant à entendre les sons d'un violon muni de différents micros de contact. Plus séduisant, Anschlag (Machination) se focalise sur l'effet du larsen engendrant un travail très fin sur le grain, les allures et les dynamiques du son, aux franges de la saturation.
Méditation sur le temps, Drei Nachdenken über Hymnen an dei Nacht (Trois réflexions sur Hymnes à la nuit) relie, par association de pensée uniquement, l'écriture de Novalis, dont le compositeur cite trois extraits des Hymnes à la nuit, au travail dans l'abstraction de l'électroacousticien. La pièce, la plus longue de ce coffret, s'origine dans les sonorités des harpes microtonales du Mexicain Carrillo qui a légué certains de ses instruments au CIRM. Vandenbogaerde capte les sons au moyen de deux microphones de contact de type différent, « soit par action directe sur les cordes, soit par déplacement des micros », précise-t-il, et réalise la pièce au GMEB où elle est créée en 1971. Le compositeur explore le spectre et la résonance dans des registres et des espaces différents, jouant, dans un troisième mouvement très réussi, sur les oppositions de textures, entre lissage et granulation. L'espace s'ouvre et de nouvelles polyphonies de lignes s'écrivent dans Space music (1981-83) conçu dans le studio personnel du compositeur qui explore les potentialités de nouveaux synthétiseurs analogiques.
Flux et reflux est une des trois pièces mixtes du coffret, la plus courte et la plus ancienne également (1967) où convergent le jeu du flûtiste Renaud François et la source électroacoustique réalisée à partir des sons de flûte. La bande passée à l'envers (le reflux) est ici en friction avec le son plus voluptueux de l'instrument. Réalisé au studio électroacoustique du Conservatoire de Pantin, Bande de Moebius associe à la bande magnétique le jeu en direct de l'organiste Bernard Foccroulle qui crée cette pièce d'envergure (24′) au Festival de Royan, dans la cathédrale de la ville. L'œuvre fait référence au célèbre ruban du mathématicien qui ne comporte qu'une seule face se continuant, par torsion, des deux côtés. Elle prend une dimension spatiale et sonore inédite, alliant puissance et complexité rythmique. Vagues (1984), qui referme le coffret, est une pièce pédagogique sollicitant le geste de très jeunes enfants (de 8 et 9 ans) sur un ensemble de percussions. S'y associe la bande magnétique qui émancipe l'espace de résonance de l'instrumentarium. Vagues est créée dans le cadre du Conservatoire du Blanc-Mesnil qu'a longtemps dirigé Fernand Vandenbogaerde, rappelant que l'électroacoustique est (aussi) un jeu d'enfants.
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Fernand Vandenbogaerde (né en 1946) : Les années 67 à 84 : œuvres mixtes et acousmatiques ; Renaud François, flûte ; Bernard Foccroulle, orgue. 1 coffret de 4 disques vinyles. Metaphon. Notice de présentation en français et anglais. Durée : 190:00
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