La Missa Assumpta est Maria de Marc Antoine Charpentier sous la baguette de Gaétan Jarry

En ce lieu d'exception voulu par Louis XIV autant pour la liturgie que pour la musique, la Messe de Charpentier en l'honneur de Marie offre ses trésors grâce à la phalange inspirée de l'Ensemble Marguerite Louise conduite par Gaétan Jarry, réunis autour du grand orgue pour célébrer cette fête sacrée.

Au sein du nombre important des œuvres de Marc-Antoine Charpentier, compositeur phare de la période baroque en France, la Missa Assumpta est Maria (Assomption de Marie) écrite vers 1669 représente son dernier et grand chef-d'œuvre. Ses dimensions et son inspiration royales semblent faites pour le lieu même de la Chapelle du château. Cette Messe traite d'un sujet qui reste central dans la religion catholique, nourrie des styles italien et français réunis. C'est sans doute la messe de Charpentier la plus complexe, concertante et nécessitant un petit chœur de solistes, un grand chœur à cinq voix et un orchestre. Le contrepoint est savant et la profonde foi qui s'en dégage éblouit l'auditeur.

Dans l'atmosphère de la Chapelle du château de Versailles, les dimensions de l'œuvre se révèlent. Les voix de l'Ensemble Marguerite Louise sont constituées par la Maitrise et le Chœur adulte. La fraicheur des voix d'enfants, tendres et fragiles se mêlent avec une grande harmonie avec les voix d'hommes disposées à quatre voix. Les couleurs ainsi mêlées incitent au rêve et aux images de cette élévation au ciel de la mère de Jésus. Gaétan Jarry, organiste et fondateur de l'Ensemble Marguerite Louise insuffle un élan lumineux, n'hésitant pas à se mettre également aux claviers du grand-orgue de la chapelle. Dans ses messes en effet, il n'est pas rare que Charpentier indique ici ou là l'intervention de l'orgue, en interlude des différentes parties de l'œuvre, indiquant : « Ici l'orgue joue ».

Pour ces raisons, Gaétan Jarry interprète après le Sanctus de la messe, une pièce de Louis Marchand, lui-même organiste en ces lieux du roi Louis XIV. La Tierce en taille est une pièce méditative utilisant un jeu soliste dans le registre du ténor, apportant une profondeur unique et que l'interprète ici déclame avec une intensité poignante, comme une méditation. La Messe s'achève par un grand Plein-jeu, cette sonorité magique et lumineuse de l'orgue qui évoque le ciel, aboutissement même de l'Assomption. La musique de Jean-Adam Guilain dont la plume fut sans doute guidée par son maitre Marchand trouve ici sa place au sein du discours royal de Charpentier.

Cette très belle collection offre en situation ce qui fit les heures de gloire de la musique versaillaise. Ce nouveau volume rend justice au génie créateur de Marc-Antoine Charpentier, dont on sait les malheurs qui furent les siens avec Jean-Baptiste Lully et de son fameux privilège royal qui l'avait protégé de toute concurrence.