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Le Quatuor Danel joue Chostakovitch aux Bouffes du Nord

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Paris. Théâtre des Bouffes du Nord. 07-IV-2025. Dmitri Chostakovitch (1906-1975) : Quatuor à cordes n°1 en ut majeur, op. 49. Quatuor à cordes no 8 en ut mineur, op. 110. Quatuor à cordes no 5 en si bémol majeur, op. 92. Quatuor Danel.

Primé il y a quelques semaines aux ICMA 2025 pour son intégrale des quatuors de Chostakovitch, le revient à Paris dans le cadre de la Belle Saison avec trois d'entre eux, interprétés avec une grande maturité.

D'abord réservés aux formations russes et longtemps identifiés au Quatuor Borodine, les quatuors de Chostakovitch se sont imposés depuis aux programmes de toutes les formations internationales, à tel point que des ensembles d'Europe de l'Ouest comme le les ont déjà enregistrés à plusieurs reprises en intégral au disque.

Dans le cadre des concerts de la Belle Saison, cette formation passe par les Bouffes du Nord pour rejouer le n°1, puis mettre en regard le n°8 avec le n°5, dont les similarités apparaissent d'autant plus identifiables que les deux ouvrages sont proposés dans cet ordre. Déjà, le Moderato du Quatuor n°1 opus 49 démontre la maturité et la maîtrise acquises par les Danel dans cette musique actuellement. Avec cette pièce encore relativement légère, les couleurs des deux violons apportent une belle lumière, bien relancée par l'acoustique de la salle de théâtre parisienne.

Pour le Quatuor n'°8, le violoncelle vénitien Guarnerius (1739) de Yovan Markovitch n'a pas tout à fait la chaleur des phrases de l'alto de Vlad Bogdanas, mais il participe bien à la tension insufflée par le premier violon de Marc Danel et secondée par le Jacobs (1680) de Gilles Millet, tous deux présents depuis la création de la formation en 1991. Au Largo, les coups d'archets répétés sont moins frappants que ceux des russes sous la période soviétique. Cependant, ils montrent que l'œuvre n'a rien perdu de sa puissance dans le monde d'aujourd'hui et lui procure un climat pensif, d'une sombre clarté, en accord avec l'atmosphère de la salle.

Dernier joué, le Quatuor n°5 permet de comprendre combien il contient déjà tout ce que l'on retrouvera huit ans plus tard dans le Huitième. De ce long ouvrage en trois mouvements écrit  en 1952 alors que Staline vit encore, Marc Danel et Vlad Bodganas délivrent joliment les courtes cantilènes, tandis que Gilles Millet se démarque souvent par la précision du contrepoint, et que le violoncelle de Yovan Markovitch ressort bien du finale. Déjà dans ce Quatuor n° 5 le climat de tension subi par le compositeur se ressent tout le temps, et l'on remarque également les prémices des coups d'archets nerveux retrouvés au n°8. Et comme celui-ci, le Cinquième s'achève dans une noire douceur, très bien maîtrisée par le .

Face aux chaleureux applaudissements, les musiciens reviennent pour ajouter un « encore » au programme, l'Élégie de l'opéra Lady Macbeth de Mentsk transcrite pour quatuor par Chostakovitch lui-même, puis se permettent une boucle en bissant l'Allegro du Quatuor n°1.

Crédits photographiques : ResMusica

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Paris. Théâtre des Bouffes du Nord. 07-IV-2025. Dmitri Chostakovitch (1906-1975) : Quatuor à cordes n°1 en ut majeur, op. 49. Quatuor à cordes no 8 en ut mineur, op. 110. Quatuor à cordes no 5 en si bémol majeur, op. 92. Quatuor Danel.

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