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La Fille du Régiment rencontre Napoléon à Versailles

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Versailles. Opéra Royal de Versailles. 4-IV-2025. Gaetano Donizetti (1797-1848) : La Fille du Régiment, opéra-comique en deux actes sur un livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges & Jean-François Bayard. Mise en scène : Jean-Romain Vesperini ; assistante : Claire Manjarrès. Décors : Roland Fontaine. Costumes : Christian Lacroix ; assistant : Jean-Philippe Pons. Vidéo : Étienne Guiol. Lumières : Christophe Chaupin. Avec : Gwendoline Blondeel, Marie ; Patrick Kabongo, Tonio ; Jean-François Lapointe, Sulpice ; Éléonore Pancrazi, la Marquise de Berkenfield ; Jean-Gabriel Saint-Martin, Hortensius ; Flore Royer, la Duchesse de Craketorp ; Attila Varga-Tóth, un paysan/un notaire ; Jérémie Delvert, un caporal ; Jean-Romain Vesperini, Napoléon (rôle muet). Chœur de l’Armée française ; Chœur de l’Opéra Royal (chefs de chœur : Aurore Tillac & Émilie Fleury). Orchestre de l’Opéra Royal, direction musicale : Gaétan Jarry.

Avec une mise en scène picturale et bouffe du premier opéra en français de Donizetti, intègre l'ouvrage dans l'histoire de France et de Versailles, bien servi par le chant.

En cas d'invasion russe, nul ne sait si nous aurons assez de canons, mais il est certain que nous saurons répondre par la portée de nos voix, tant nous pouvons être rassurés après la prestation du dans la nouvelle production de La Fille du Régiment à l'Opéra Royal de Versailles ! Principal protagoniste pour cet opéra, le chœur du régiment donne puissance et grandeur à toutes ses scènes, soutenu parfois aussi par le , notamment dans les parties où s'ajoutent des voix de femmes.

Pour mettre l'œuvre en image, assume une vision très classique, assistée par des costumes de Christian Lacroix, des décors de Roland Fontaine et des vidéos d'Étienne Guiol, sous les lumières de Christophe Chaupin. Pur divertissement, un brin trop facile et avant tout porté à faire rire le bourgeois, notamment dans les textes parlés modernisés entre les morceaux chantés, cette mise en scène a la qualité de s'appuyer sur l'histoire. Alors que Louis-Philippe règne lors de la création de l'œuvre à l'Opéra Comique (1840), celui-ci a également rouvert récemment Versailles en y intégrant une galerie de tableaux en hommage à la France, où l'accent est plus mis sur les victoires napoléoniennes que sur celles de la royauté. Partant de cette idée, Vesperini n'hésite pas à se travestir lui-même en Empereur pour apparaître en scène dans ce rôle muet ajouté, mais s'en sert surtout pour mettre le livret en images, avec en arrière-scène de nombreuses peintures sur carton-pâte inspirées de celles de la galerie précitée. Au finale de l'opéra, Vesperini reprend l'idée de Lily Pons au Met cent ans après la création (1940), où tous les protagonistes concluent le Salut à la France par La Marseillaise ; notre période politique est à nouveau « troublée », mais à Versailles, la démocratie est sauve !

Pour porter l'action comique, on préfère toutefois la musique aux images, et plus particulièrement le chant. L'Orchestre de l'Opéra Royal se voit certes bien rythmé par , mais cette direction manque de finesse et de subtilité, et l'ensemble ne convainc vraiment que par ses cordes. Alors, et c'est le principal pour un opéra de cette époque, l'attention se concentre sur les voix, à commencer par celle pleine de fraicheur de la Fille du Régiment (Marie) de . Comme la majorité de la distribution, celle-ci présente un style plus français que purement bel cantiste, mais au moins, elle offre une bonne compréhension des paroles, tant parlées que chantées. Un peu à contre-emploi (on a davantage l'habitude de chanteuses aux voix plus matures), finit par convaincre par son jeu d'actrice burlesque en Marquise de Berkenfield, mais on lui préfère le timbre plein et plus adapté au personnage du baryton canadien pour Sulpice. dispose d'une voix légère qui correspond ici bien à Tonio, surtout dans l'acoustique facile de la salle créée pour Louis XIV. Il ressort toutefois moins dans les ensembles que qu'il retrouvera dans ce même théâtre, ainsi qu' et , dès le début de la saison prochaine, pour une nouvelle production de Cendrillon de Rossini.

En complément de distribution, outre les chœurs déjà cités pour leur excellente prestation, campe une jolie Duchesse de Crakentorp tandis que des petits rôles masculins se remarque mieux Jérémie Delvert en caporal qu'Attila Varga-Tóth en paysan et notaire. Et enfin, nous concluront sur un protagoniste de toute beauté : le chien du directeur des lieux Laurent Bruner, du joli nom « photogénique » de Leica, présent sur scène et aux saluts avec un petit tonneau accroché au collier.

Crédits photographiques : © Julien Benhamou

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Versailles. Opéra Royal de Versailles. 4-IV-2025. Gaetano Donizetti (1797-1848) : La Fille du Régiment, opéra-comique en deux actes sur un livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges & Jean-François Bayard. Mise en scène : Jean-Romain Vesperini ; assistante : Claire Manjarrès. Décors : Roland Fontaine. Costumes : Christian Lacroix ; assistant : Jean-Philippe Pons. Vidéo : Étienne Guiol. Lumières : Christophe Chaupin. Avec : Gwendoline Blondeel, Marie ; Patrick Kabongo, Tonio ; Jean-François Lapointe, Sulpice ; Éléonore Pancrazi, la Marquise de Berkenfield ; Jean-Gabriel Saint-Martin, Hortensius ; Flore Royer, la Duchesse de Craketorp ; Attila Varga-Tóth, un paysan/un notaire ; Jérémie Delvert, un caporal ; Jean-Romain Vesperini, Napoléon (rôle muet). Chœur de l’Armée française ; Chœur de l’Opéra Royal (chefs de chœur : Aurore Tillac & Émilie Fleury). Orchestre de l’Opéra Royal, direction musicale : Gaétan Jarry.

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