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Lopakhine à l’Athénée : rêve fou de Julien Moreau et Liza Machover

Dans le spectacle hybride et en partie autobiographique Lopakhine danse à Paris, le comédien et danseur se livre sur ses doutes en tant qu'artiste ou les espoirs fous de ses débuts. Un spectacle touchant.

Au cœur du spectacle solo mis en scène par pour le comédien/danseur , Lopakhine danse à Paris, il est question d'émancipation, de famille, de rencontre avec l'art, de breakdance, de la Cerisaie bien sûr et de son héros Lopakhine, de réussites spectaculaires et d'échecs cuisants, et de ce que la rencontre avec l'art peut laisser comme traces dans les corps.

Assis au bord du plateau, commence en se livrant au public : son enfance en Mayenne ou sa seule perspective était de rejoindre l'usine du coin comme son grand-père et son père avant lui… jusqu'à ce qu'il découvre le mouvement de la vague, un soir à la télé, qui marque ses débuts dans le breakdance, et constitue une véritable révolution pour l'adolescent. Sur une projection de ses débuts de danseur que l'acteur commente ou sur lesquels il superpose des mouvements, Julien Moreau retrace sa carrière, ses rêves, ses espoirs, dont celui de gagner beaucoup d'argent pour acheter une grande maison à ses parents, un peu comme Lopakhine, le héros de Tchekhov, fils et petit-fils de serfs, qui fut capable de racheter la maison des maîtres de ses parents : La Cerisaie. Un rêve et un nom qui reviennent régulièrement dans le spectacle joué et dansé, comme un fil rouge.

Ce rêve c'est d'abord celui de la réalisatrice du spectacle, , qui fait curieusement écho à celui du comédien. Pour elle, le choc se produisit en voyant La Cerisaie de Tchekhov, avec sa classe, à l'âge de 17 ans. Sans comprendre pourquoi, elle fond en larme lorsque le personnage de Lopakhine arrive sur scène, tournant sur lui-même en annonçant qu'il a racheté la Cerisaie. Une émotion et un parcours qui résonnent chez Julien Moreau et qui est encore palpable lorsque l'acteur de 32 ans prononce les mêmes mots que Lopakhine et tourne sur lui-même sur la petite scène de la salle Christian Bérard du théâtre de l'Athénée-Louis Jouvet. C'est un moment fondateur qui a mené à l'abandon de ses études pour étudier le théâtre à Paris.

Les moments où le comédien se mue en danseur sont peu nombreux mais impressionnants. Le long corps dégingandé de Julien Moreau tournoie, se déploie avec fluidité ou au contraire se meut comme un robot. Il duplique les mouvements de breakdance projetés derrière lui ou évolue seul, de manière fiévreuse, comme si les mots ne suffisaient plus à retranscrire les émotions contenues. Ce spectacle-confession original et touchant, met au centre les doutes et les espoirs des artistes, les illusions perdues et le retour à la réalité. Un jeu de miroir en somme, construit grâce à Prémisses, qui soutient la jeune création dans le domaine du spectacle vivant.

Crédit photographique : © Philippe LeRoy

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