Les Contes de Perrault de Félix Fourdrain, nouvelle réussite des Frivolités Parisiennes
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Paris. Théâtre de l’Athénée. 4-IV-2025. Félix Fourdrain (1880-1923) : Les Contes de Perrault, féérie lyrique en 4 actes. Livret : Arthur Bernède, Paul de Choudens. Mise en scène : Valérie Lesort. Conseiller artistique : Christophe Mirambeau. Scénographie, costumes et décors : Vanessa Sannino. Avec : Anaïs Merlin (Cendrillon, Le petit Poucet, Chaperon rouge) ; Julie Mathevet (la fée Morgane) ; Romain Dayez (Olibrius) ; Enguerrand de Hys (Le Prince charmant) ; Lara Neumann (Madame de Houspignoles) ; Camille Brault (Le Chat Botté) ; Éléonore Gagey (Aurore) ; Hortense Venot (Javotte) ; Richard Delestre (Croquemitaine, Meunier, Huissier) ; Philippe Brocard (La Pinchonniere, Barbe-Bleue) ; Lucie Komitès (La reine Guillaumette) ; Geoffroy Buffière (Le roi Guillaume). Orchestre et chœur des Frivolités Parisiennes, direction : Dylan Corlay
Les Frivolités Parisiennes réveillent une nouvelle belle endormie du répertoire lyrique français : les Contes de Perrault, féérie lyrique en quatre actes de Félix Fourdrain. Mis en scène avec ingéniosité par Valérie Lesort, le spectacle navigue entre burlesque et merveilleux.
Ici le Petit Poucet devient Prince charmant puis Riquet à la Houpe, rencontre Cendrillon, future Peau d'Âne, et croise en chemin le Chat Botté et le Petit Chaperon rouge. Les contes, s'enchaînent au fil des actes, sous l'effet des interventions de la fée Morgane et du diabolique Olibrius, dans une histoire un peu folle, légère et joyeuse. On doit le livret à Arthur Bernède, le romancier populaire et créateur de Belphégor, et à Paul de Choudens, l'éditeur des éditions éponymes, tous deux librettistes de nombre d'œuvres lyriques au tournant du XXe siècle. Certains dialogues parlés, actualisés pour les besoins comiques, sont savoureux (voir Croquemitaine, provisoirement vegan, et Barbe-bleue, en quête d'une prochaine victime). La metteuse en scène Valérie Lesort (Vingt mille lieues sous les mers, Les Voyages de Gulliver, Ercole Amante) et le conseiller artistique Christophe Mirambeau (Cole Porter in Paris) parviennent à restituer sans reconstituer, en alliant premier et second degrés. C'est une féérie qui s'affiche comme telle, sur le fil étroit entre parodie et merveilleux. Tout y contribue : les décors en papiers découpés ou ombres chinoises, évoquant un livre pop-up ; les costumes, ingénieux et drôles, montrant tout de suite qu'on a affaire à des personnages de papier, parodiant Walt Disney ici et là ; les danses et les marionnettes, apportant leurs touches poétiques et drôles ; et bien sûr le jeu des acteurs, avançant de biais sur la scène, et posant, pour un effet comique assuré. Il y a un art d'évoquer beaucoup avec relativement peu de moyens et d'espace scénique, avec un sens du rythme certain.
La partition de Félix Fourdrain, prolifique compositeur tombé aux oubliettes de l'histoire, se place dans la tradition des opérettes et des fééries lyriques, en vogue depuis les années 1870, avec Offenbach puis Massenet (mais aussi Jane Vieu, entendue récemment à la Philharmonie de Paris). Elle en a les ingrédients : des airs efficaces, comme la Valse de la Fée Morgane, reprise par le chœur au final de l'un deux, des airs comiques (l'air du Bicarbonate de soude) et de belles scènes de groupe, non parfois sans rappeler Cendrillon ou Esclarmonde de son maître Jules Massenet. L'orchestre d'une trentaine d'instrumentistes, logé dans la petite fosse de l'Athénée, est dirigé de manière alerte par Dylan Corlay. Célesta, castagnettes, timbales et autres percussions, harpes, cordes et vents participent d'une écriture orchestrale colorée, illustrative et chiadée. Les parties vocales principales sont faites pour des chanteurs capables de bien jouer, plutôt que l'inverse. Les rôles-titres sont remarquables, tant dans le jeu, que la voix : la soprano Anaïs Merlin est une belle découverte. Elle dialogue à égalité avec Enguerrand de Hys, qui reprend sans problème le rôle du prince écrit pour soprano. Julie Mathevet, un peu Delphine Seyrig en fée Morgane, dose justement le comique de ses interventions et séduit par sa voix de soprano léger, tout comme Camille Brault, qui prête sa voix de mezzo au Chat botté de notre enfance. Il faut en revanche attendre le dernier acte pour entendre la voix lyrique de l'Olibrius joué par Romain Dayez, qui avant cela joue surtout la farce. Quelques rôles comiques ont des emplois plus théâtraux que vocaux, comme Croquemitaine et Barbe-Bleue, tenus par Richard Delestre et Philippe Brocard. Lara Neumann, en belle-mère de Cendrillon est drôlissime, tandis que les seconds rôles contribuent tous à la belle qualité du plateau vocal (un regret est de ne pas entendre Geoffroy Buffière dans un rôle plus fourni).
Crédits photographiques : Enguerrand de Hys, Anaïs Merlin, Julie Mathevet, chœur des Frivolités Parisiennes © Fabrice Robin
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Paris. Théâtre de l’Athénée. 4-IV-2025. Félix Fourdrain (1880-1923) : Les Contes de Perrault, féérie lyrique en 4 actes. Livret : Arthur Bernède, Paul de Choudens. Mise en scène : Valérie Lesort. Conseiller artistique : Christophe Mirambeau. Scénographie, costumes et décors : Vanessa Sannino. Avec : Anaïs Merlin (Cendrillon, Le petit Poucet, Chaperon rouge) ; Julie Mathevet (la fée Morgane) ; Romain Dayez (Olibrius) ; Enguerrand de Hys (Le Prince charmant) ; Lara Neumann (Madame de Houspignoles) ; Camille Brault (Le Chat Botté) ; Éléonore Gagey (Aurore) ; Hortense Venot (Javotte) ; Richard Delestre (Croquemitaine, Meunier, Huissier) ; Philippe Brocard (La Pinchonniere, Barbe-Bleue) ; Lucie Komitès (La reine Guillaumette) ; Geoffroy Buffière (Le roi Guillaume). Orchestre et chœur des Frivolités Parisiennes, direction : Dylan Corlay