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La magicienne Martha Argerich revient à Beethoven

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Paris. Maison de la Radio ; Auditorium. 03-04-2025. Ludwig van Beethoven, (1770-1827) : Concerto pour piano n°2 en si bémol majeur, op. 19. Martha Argerich, piano. Symphonie n°7 en la majeur, op. 92. Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Ion Marin

Sans Myung-Whun Chung déclaré forfait en début de semaine et remplacé par , le court concert Beethoven du Philharmonique de Radio France garde toute sa splendeur grâce à la géniale .

Ce devait être une semaine de retour des directeurs musicaux, où le lendemain de Daniele Gatti devant le National de France, Myung-Whun Chung était attendu pour deux soirs avec le Philharmonique de Radio France. Mais annoncé souffrant, le chef coréen doit laisser sa place, reprise dans un style majestueux par , par la même occasion accompagnateur de dans le Concerto n° 2 de Beethoven avant de diriger  la Symphonie n° 7 du même compositeur.

Sans entracte ni ouverture, ce concert intégré dans le nouveau format de « Concerts courts » de Radio France débute directement par le concerto, l'un des seuls encore joué par la pianiste. Enregistré par elle dès 1985 avec Giuseppe Sinopoli, puis en live en 2004 avec Claudio Abbado, l'ouvrage était encore repris en 2020 pour l'un des derniers albums de Seiji Ozawa, ou encore l'an passé pour un live à Mannheim disponible en vidéo sur Youtube. Et dans cette partition exaltée depuis plus de quarante années, Martha reste Martha, du génie dans les doigts dès la première intervention, après une écoute attentive de l'introduction orchestrale, à regarder le chef sur un podium étonnamment tourné à 30° vers la gauche derrière le piano.

Devant une telle subtilité et une telle facilité, que dire qui n'ait déjà été raconté, décortiqué ou souvent trop éludé ? La reprise du premier thème présenté avec majesté par le Philharmonique est traitée encore plus finement du clavier, avant un long et superbe exposé du deuxième thème, puis un retour au premier, jusqu'à la cadence, comme toujours choisie dans sa version la plus courte, et où seulement ici, la grande Argerich semble le premier soir se chercher. Fascinante dans l'Adagio, l'Argentine soutire toute la splendeur des accords beethovéniens, d'un phrasé léger, superbement ralenti vers la coda du mouvement. Rythmé sans être pris trop rapidement, le Rondo finale délivre son bel allant, bien accompagné par l'orchestre, même si là encore on ne voit et n'entend qu'elle. Habituel dans son répertoire maintenant extrêmement limité, le bis donne à écouter les deux Gavottes de l'English Suite n°3 de Bach, œuvre jamais enregistrée officiellement en intégralité par la pianiste.

À peine le temps d'ôter le Steinway et de forcer quelques spectateurs pressés de partir à se rassoir, que revient en scène devant une formation très légèrement renforcée, dans laquelle sont arrivées trompettes et timbales, absentes du concerto. Majestueux et un peu trop démonstratif par l'éloquence des gestes, le chef montre toutefois ses qualités pour impliquer comme il le souhaite le Philharmonique de Radio France dans la Symphonie n°7. Mais si cela fonctionne au Poco sostenuto et plus encore à l'Allegro con brio conclusif, qui profitent au passage des excellents cors et violons de la formation, l'approche presque « tchaikovskienne » de Marin peine à s'accorder à l'Allegretto et le Presto. Moins passionnante que celle de Gatti la veille pour la Symphonie n° 1, cette interprétation de la 7ème par Ion Marin permet toutefois d'ajouter un complément cohérent après la magie délivrée par Argerich.

Crédits photographiques : © ResMusica

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Paris. Maison de la Radio ; Auditorium. 03-04-2025. Ludwig van Beethoven, (1770-1827) : Concerto pour piano n°2 en si bémol majeur, op. 19. Martha Argerich, piano. Symphonie n°7 en la majeur, op. 92. Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Ion Marin

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