À la Philharmonie de Paris, un Petit grand festival ouvert sur le monde et la nature
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Paris. Philharmonie. 29 et 30-III-2025. Dans le cadre du Petit grand festival.
29 et 30-III-2025. Philharmonie des enfants. Dans nos poches de Rois. Sandrine Anglade, écriture et conception. Théo Cardoso, écriture sonore et musicale. Leslie Moquet, costumes et scénographie. Clément Barthelet, jeu et scénographie.
29-III-2025. Amphithéâtre. Mahaut fille de bois, spectacle musical sur des textes d’Anouch Paré. Xavier Legasa et Véronique Samakh, mise en scène. Compagnie Le Carrosse d’Or. Ensemble De Caelis, direction musicale : Laurence Brisset.
30-III-2025. Salle des concerts. Be like the Bird. Œuvres de Sarah Quartel (née en 1982). Kate Colebrook, marionnettes et mise en scène. Rose Romain, marionnettes. Musiciens de l’Orchestre de Paris. Chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris ; Chœur de jeunes de l’Orchestre de Paris (chefs de chœur associés : Rémi Aguirre Zubiri, Edwin Baudo, Désirée Pannetier, Béatrice Warcollier), direction : Richard Wilberforce
Pour sa deuxième édition, ce festival jeunesse concentre en deux jours une riche programmation pour les familles, des tout-petits aux jeunes ados. Nous nous sommes essayé à un parcours pour des enfants à partir de 6 ans.
Il ne semble pas y avoir un espace de la Philharmonie et de la Cité de la Musique prévu pour le public qui n'ait été utilisé pour l'occasion. Concerts et spectacles, ciné-concert, animations et ateliers en tous genres… l'institution fait feu de tout bois pour le jeune public. Si bien que, même si les représentations sont presque toutes données au moins deux fois, il n'est pas matériellement possible au curieux même le plus endurant de tout voir.
Dans nos poches de rois de Sandrine Anglade, les sons de la nature au plus près
Donnée six fois pendant le week-end, cette performance investit une salle intimiste de la Philharmonie des enfants, pour une expérience sensorielle millimétrée. Munis de casques audio, enfants et parents sont les yeux rivés sur le comédien Clément Barthelet, qui, dans un sympathique décor de feutrine verte, simule une ballade en forêt et commente sa découverte des plantes et des animaux. Sa voix captée en direct s'enrichit dans l'oreille des spectateurs de sons qu'il produit en même temps, et de sons enregistrés déclenchés en direct par un ingénieur du son, Théo Cardoso, également concepteur de l'écriture sonore. Les bruits de la nature sont discrètement rehaussés de quelques créations. Ainsi, à la grande et belle leçon livrée par le texte, à savoir qu'on ne protège bien que ce que l'on connaît et que l'on ne connaît que ce que l'on nomme, s'ajoute comme une discrète suggestion l'idée, très en phase avec le lieu, que la musique naît en premier lieu de l'imitation des sons de la nature.
Fasciné par le comédien et par son propos joyeux, faussement naïf et volontiers humoristique, qui distille une connaissance et un amour profonds de la nature, le public n'a aucun mal à jouer le jeu d'un chœur participatif final qui met en joie petits et grands. Pour ces derniers, le titre de la performance s'éclaire à la fin avec l'image des trésors (plumes, feuilles, cailloux…) que l'on met dans sa poche pendant les sorties dans la nature : nostalgie garantie !
Un conte médiéval avec l'Ensemble De Caelis
Dans l'Amphithéâtre de la Cité de la Musique, l'ensemble de Laurence Brisset présente avec la compagnie Le Carrosse d'Or un spectacle mêlant musique médiévale et marionnettes. Mahaut fille de bois raconte l'histoire, inventée par Anouch Paré à partir d'éléments pris dans les récits du Moyen Âge, d'une petite poupée de bois substituée au berceau à un petit garçon, et qui à force d'efforts devient une vraie fille et une jeune femme. Loin d'un récit édifiant à la Pinocchio, ce conte nous entraîne dans des aventures pleines de magie où règne avant tout le pouvoir de l'imaginaire. Griffon, sorcière, fée, chevalier, les personnages de l'imagerie médiévale sont là, mais sans jamais donner dans le cliché, et avec des leçons finales sur le thème de l'identité qui, si elles sont bien contemporaines, ne sont pas assénées avec facilité.
L'histoire peut être déroutante, voire difficile à suivre quand des chansons, dont certaines en ancien français, sont censées faire avancer l'action. Mais un enchantement se dégage du plateau, avec les jeux de marionnettes et d'accessoires divers, et des artistes qui passent avec brio du maniement des marionnettes à celui d'instruments de musique, du chanté au parlé, de la danse à la régie. La découverte des instruments médiévaux, organetto, vièles, guiterne et plusieurs sortes de flûte, est un autre intérêt de ce spectacle d'une bonne heure. Peut-être un peu long pour les enfants de sept ans (l'âge plancher indiqué) qui ont tendance à avoir du mal à rester en place, ce spectacle riche et intelligent est de ceux qui supportent probablement une mise en contexte préalable ou une deuxième vision.
Be like the bird concert participatif par et pour les enfants
La Salle des concerts accueille deux représentations d'un concert qui, en même temps qu'il fait référence aux oiseaux argentés qui parsèment la façade de la Philharmonie, célèbre également les dix ans du Chœur d'enfants (9 à 14 ans) et du Chœur de jeunes (15 à 18 ans) de l'Orchestre de Paris. Richard Wilberforce est à la manœuvre pour diriger un petit ensemble (piano, contrebasse, violoncelle, violon, clarinette et percussions) mais surtout plus de 150 jeunes chanteurs, dans des partitions de la Canadienne Sarah Quartel dont trois ont été spécialement composées pour l'occasion. Belle et prenante, ni dissonante ni mièvre, c'est une musique faite pour plaire à tous, et pour permettre l'expression des jeunes chanteurs avant de rechercher l'originalité.
Le chef du Chœur de l'Orchestre de Paris, assisté de ses quatre associés, a fort à faire car il s'agit d'un véritable spectacle choral, avec mise en scène (Kate Colebrook), marionnettes et accessoires, et utilisation intense des espaces de la salle, coursive, avant-scène, balcons, allées et circulations diverses. Le propos, poétique, est centré sur différentes étapes de la vie d'un oiseau, et convoque de belles marionnettes que les choristes aident à manipuler, quand ils ne font pas vivre la scène avec toutes sortes d'accessoires colorés. Animé, joyeux, tout en mouvements d'ensembles et en belles surprises, dont des parties chantées en chœur avec la salle, ce spectacle est aussi une fête par la beauté des voix parfaitement mises en place. On sent beaucoup de travail et d'investissement à tous les niveaux.
Les vidéos projetées en fond de scène, qui ne font que reprendre en gros plan des mouvements de marionnettes et d'accessoires vus sur scène, apportent peu. Quitte à attirer l'attention du spectateur, des sur-titres auraient été sûrement plus utiles. Mais même sans comprendre toutes les paroles (en anglais principalement), on est saisi par le chant et les cinquante minutes que dure le concert sont loin d'être trop longues pour les enfants, même un peu plus jeunes que les 8 ans minimum indiqués.
Chose rare dans un concert pour enfants, un bis vient couronner ce beau moment de communion, signe parmi d'autres du fait que les jeunes ont vraiment leur place à la Philharmonie de Paris.
Crédits photographiques : Dans nos poches © Anne-Sophie Rami ; Mahaut, fille de bois © Pierre Morel ; Be like the bird avec le Chœur d'enfants de l'Orchestre de Paris © Denis Allard
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Paris. Philharmonie. 29 et 30-III-2025. Dans le cadre du Petit grand festival.
29 et 30-III-2025. Philharmonie des enfants. Dans nos poches de Rois. Sandrine Anglade, écriture et conception. Théo Cardoso, écriture sonore et musicale. Leslie Moquet, costumes et scénographie. Clément Barthelet, jeu et scénographie.
29-III-2025. Amphithéâtre. Mahaut fille de bois, spectacle musical sur des textes d’Anouch Paré. Xavier Legasa et Véronique Samakh, mise en scène. Compagnie Le Carrosse d’Or. Ensemble De Caelis, direction musicale : Laurence Brisset.
30-III-2025. Salle des concerts. Be like the Bird. Œuvres de Sarah Quartel (née en 1982). Kate Colebrook, marionnettes et mise en scène. Rose Romain, marionnettes. Musiciens de l’Orchestre de Paris. Chœur d’enfants de l’Orchestre de Paris ; Chœur de jeunes de l’Orchestre de Paris (chefs de chœur associés : Rémi Aguirre Zubiri, Edwin Baudo, Désirée Pannetier, Béatrice Warcollier), direction : Richard Wilberforce