Auteur d'une discographie essentiellement, mais pas seulement, consacrée à la musique française, le pianiste Jean-Pierre Armengaud pose avec cet enregistrement le premier jalon d'une intégrale qui devrait comprendre cinq volumes consacrés à l'œuvre pour piano de Clara Schumann. Un bien bel hommage !
Dès les premières notes, on est immédiatement conquis par la sonorité, l'élégance, la poésie, la fluidité et la souplesse du jeu de Jean-Pierre Armengaud, tout d'expressivité, d'émotion contenue, de pudeur et de sincérité, ce qui n'exclut nullement la virtuosité (sans laquelle Clara ne serait pas Clara…).
Née trop tôt dans un monde trop vieux, Clara Schumann fait partie de ces voix étouffées, par son père, par son mari Robert, par sa famille et par la société : « Une femme ne doit pas prétendre à composer », tel est l'amer constat que Clara tire dans son journal intime à l'âge de 21 ans alors qu'elle est déjà une pianiste virtuose reconnue. En dépit de toute ces difficultés, Clara continue à composer encore et encore, tout en interprétant infatigablement les œuvres de son époux.
Le présent album nous donne un aperçu de son évolution en tant que compositrice depuis les Trois Romances op.11 (1839) où s'affirme déjà une voix toute personnelle ; le Scherzo n° 2 (1841) tout de virtuosité ; les Préludes et Fugues op.16 (1845) comme un hommage à J.S Bach ; les Variations sur un thème de Robert Schumann (1853) appartiennent à la dernière période créatrice qui s'interrompra à la mort de Robert ; les Trois romances de l'opus 21 (1853) datent de la même époque, dédiées à Johannes Brahms ; les Romances sans numéro d'opus, en si mineur et la mineur, referment sur une note mélancolique ce bel album très convaincant. On attend la suite…
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