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Jean-Claude Gallotta et son Cher Cinéma

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Paris. Le Centquatre. 21-III-2025. Dans le cadre du Festival Séquence Danse. Cher Cinéma. Chorégraphie : Jean-Claude Gallotta. Assistante à la chorégraphie : Mathilde Altaraz. Musique originale composée et interprétée par Éric Capone et Sophie Martel. Textes : Jean-Claude Gallotta et Claude-Henri Buffard. Dramaturgie : Claude-Henri Buffard. Lumières et scénographie : Manuel Bernard assisté de Benjamin Croizy. Costumes : Jacques Schiotto assisté d’Anne Bonora. Groupe Emile Dubois. Avec : Axelle André, Alice Botelho, Ibrahim Guétissi, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Clara Protar, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro et Thierry Verger.

Dans le cadre de la 13e édition du festival parisien Séquence Danse au 104, nous livre un hommage touchant, élogieux, mais sobre, au 7ème Art, à travers sa toute dernière pièce, Cher Cinéma. Une heure de témoignages intimes, construits tel un puzzle et traversés par l'ardeur de sa danse si particulière, si intarissable.

La vie est souvent parsemée de rencontres, plus ou moins enrichissantes, éphémères ou fructueuses. aime se souvenir des meilleures, de celles qui l'ont marqué, qui l'ont étoffé, qui l'ont nourri, lui et son langage. Des hommages, il en a rendu beaucoup tout au cours de sa longue et foisonnante carrière : à Merce Cunningham (Le Jour se rêve), à Serge Gainsbourg et Alain Bashung (L'Homme à tête de chou), au compositeur Pavel Haas (Hommage à Pavel Haas), au rock'n'roll (My Rock et My Ladies Rock) ou encore, à un ami disparu (Fragments d'une nuit – Hommage à Yves P.). Jamais en revanche il n'avait pris le temps de se pencher sur ses rencontres cinématographiques. Alors voilà que Gallotta se souvient de Leos Carax, Anne-Marie Miéville, Jean-Luc Godard, Toni Marshall, Nanni Moretti, Robert Guédiguian, Claude Mouriéras, Raoul Ruiz, Patrice Chéreau ! Chaque séquence se ponctue, tel un leitmotiv, d'un « Ce que j'ai appris de vous… ». La liste de noms est vaste, mais Gallotta a indéniablement beaucoup appris de chacun d'entre eux, de l'exigence à la dignité, en passant par l'insolence et l'intensité.

« En fin de compte, je n'aurai eu qu'une école… le cinéma. » Gallotta, en voix off et à la première personne du singulier, va faire défiler des anecdotes et commence surtout par souligner l'évidence : le cinéma n'aura cessé de l'influencer. Soit le cinéma est allé le chercher, soit Gallotta est allé à lui. D'évidentes affinités et/ou d'effervescentes complicités qui ont fait naître des projets quand d'autres ne se sont pas réalisés. Mais le cinéma lui a avant tout laissé un savoureux sentiment, celui d'une grande gratitude. En fond de scène, neuf chaises qui meublent une scénographie totalement épurée. Aucune image projetée. Seulement une bande-son électrique, entraînante et variée qui enrobe neuf corps tout en évidence.

L'autre, la musique et… la danse ! Celle qui « couvre les mots inutiles » et celle qui « a des ressorts que le cinéma ne soupçonne pas » ou encore celle « qui ne se raconte pas ». Cher Cinéma va se « monter » dans l'évocation des mots. Les séquences parlées se suivent, mais ne se ressemblent pas (même si certains le trouveront). Un flux fugitif de mouvements qui s'envole vers un autre univers pulsatile. Plan séquence, travelling, gros plan sur neuf danseurs et danseuses en costumes-cravates et chemises blanches, qui sont étonnement imprégnés de cet élan gallottien, aussi primesautier qu'ardent. Entre ensembles et duos, ils et elles envahissent tout l'espace de grands-jetés fougueux et tours attitudes convulsifs. La troupe s'agglutine et s'éclate, les lignes se confondent tout azimut mais en harmonie, mêlant précision et sensibilité. D'une fidélité absolue, à la dramaturgie et , l'alter ego de toujours, s'immiscent pour parfaire le ton généreux et franc, cher à Gallotta. On a vraiment plaisir à retrouver cette grande famille d'une vitalité inouïe et le doyen des danseurs, , pour ne citer que lui.

Notre regard est hautement sollicité face à cette fresque cinémato(choré)graphique, parfois grave, parfois ironique, mais qui ne tombe jamais dans le nostalgique mièvre ou le narcissisme autobiographique. Le caressant langage gallottien gambade aisément, allant même jusqu'à accentuer les bouts des doigts de ses interprètes, éclairés en gros plan par des lampes de poche. Le fringuant chorégraphe, tout sauf artificiel, nous prouve une fois de plus que l'audace n'a pas d'âge. Cher , ce que j'ai appris de vous… de la justesse !

Crédits photographiques : © Guy Delahaye

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Paris. Le Centquatre. 21-III-2025. Dans le cadre du Festival Séquence Danse. Cher Cinéma. Chorégraphie : Jean-Claude Gallotta. Assistante à la chorégraphie : Mathilde Altaraz. Musique originale composée et interprétée par Éric Capone et Sophie Martel. Textes : Jean-Claude Gallotta et Claude-Henri Buffard. Dramaturgie : Claude-Henri Buffard. Lumières et scénographie : Manuel Bernard assisté de Benjamin Croizy. Costumes : Jacques Schiotto assisté d’Anne Bonora. Groupe Emile Dubois. Avec : Axelle André, Alice Botelho, Ibrahim Guétissi, Fuxi Li, Bernardita Moya Alcalde, Clara Protar, Jérémy Silvetti, Gaetano Vaccaro et Thierry Verger.

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