L’ensemble Diabolus in Musica en Val de Loire

Avec son nouveau directeur artistique Nicolas Sansarlat, l'ensemble Diabolus in Musica part en Val de Loire pour interpréter les polyphonies courtoises du XV^e siècle.

A la cour royale de Louis XI, à l'aube de la Renaissance, tout noble, conformément au modèle courtois de l'époque, s'appropriait le répertoire musical interprété dans ce disque. L'ensemble Diabolus in Musica a pris le parti d'employer deux pratiques historiquement informées, voix et instruments ne se mêlant pas encore à cette période de l'histoire : soit une interprétation à trois ou quatre voix a cappella (Axelle Tamby Bernage, Alban Robert, Raphaël Boulay, Romain Bockler), soit jouer les parties avec leur luth (Bor Zuljan), leur rebec, leur vièle (Nicolas Sansarlat), leur clavicythérium (Freddy Eichelberger) et leur harpe (Marie-Domitille Murez), ce dernier instrument étant le plus sonore de cet instrumentarium !

Les choix d'interprétation pour chaque piste de lecture sont clairement explicités dans la dernière partie du livre qui accompagne cet enregistrement, Nicolas Sansarlat expliquant également la construction de chaque pièce interprétée et l'effet recherché, voire la symbolique retracée par chaque compositeur. En abordant cette programmation musicale en un seul tenant, l'auditeur pourrait se lasser d'une atmosphère intimiste et sereine quasiment homogène tout du long, les interprètes faisant le choix de renouveler l'écoute par les différents timbres de leurs bas instruments et non par des ambiances et des dynamiques changeantes induites des pièces choisies.

La retranscription de ces chansons polyphoniques principalement à formes fixes à trois ou quatre voix, extraites de six manuscrits retraçant la vie musicale médiévale du Val de Loire au XV^e siècle, intitulés « Chansonniers du Val de Loire », et découverts par les musicologues il y a une dizaine d'années fait une part de l'intérêt du projet. La force de cette proposition tient aussi à la prise en compte de la multiplicité de l'art médiéval de cette région, riche en raison du choix du Roi de résider à Tours.

Spécialiste de la musique du Moyen-Age, l'universitaire Jane Alden retranscrit ainsi dans une vingtaine de pages, les liens entre la musique, la poésie, la littérature (le Roman de la Rose est très présent), la peinture (le livre est joliment illustré)… Les partitions retraçant magistralement cette fusion où lettrines se mêlent à des enluminures qui ont une place toute aussi importante dans l'art narratif des artistes de l'époque.