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Gil Shaham et Stanislav Kochanovsky séduisent dans Brahms et Tchaïkovski

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Aix-en-Provence. Grand Théâtre de Provence. 15-III-2025. Johannes Brahms (1833-1897) : Concerto pour violon en ré majeur, op. 77. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Suite Orchestrale n° 3 op. 55. Gil Shaham, violon. NDR Radiophilharmonie, direction : Stanislav Kochanovsky.

Le violoniste est de retour au Grand Théâtre de Provence aux côtés du chef et de la dans un programme consacré au Concerto pour violon de Brahms et à la Suite orchestrale n°3 de Tchaïkovski.

Les premières mesures de l'Allegro non troppo s'élèvent avec ferveur et nous sommes d'emblée frappés par la clarté des cordes. Sans chercher à s'imposer en force, l'orchestre allemand souligne la richesse harmonique de ces pages. L'atmosphère sereine et évocatrice qui se dégage de cette vaste introduction nous transporte au cœur d'une nature sauvage chère à Brahms. se fond dans cet univers brahmsien avec naturel, usant de sa virtuosité à bon escient. Riche en nuances, son jeu restitue l'urgence de l'œuvre mais aussi sa poésie. On apprécie particulièrement la profondeur de son intonation, la rondeur du vibrato – aigus souverains, graves veloutés – mais aussi le soin particulier qu'il apporte à chacune de ses entrées.

Toutefois, la projection sonore perd quelque peu en puissance dès que le soliste se tourne vers Kochanovsky dans un dialogue complice, comme s'il ne voulait rien perdre de sa direction. Leurs échanges se révèlent être organiques, tout comme l'entente entre le chef et l'orchestre qui apparaît idéale. Chaque thème est ainsi envisagé avec ses contrastes, dans une unité expressive qui creuse pleinement le lyrisme, notamment la beauté des contre-chants. Comme souvent dans l'œuvre de Brahms, chaque regard porté en arrière est teinté de mélancolie et marque une rupture avec la relation au présent.

L'alchimie entre les musiciens opère de plus belle dans les mouvements suivants. Dans l'Adagio, le Stradivarius de pénètre nos sens et émeut vivement. Toutefois, nouvelle déception avec l'acoustique des lieux. Les plans sonores sont faussés selon l'emplacement des pupitres et nous sommes ainsi privés de la mélodie pénétrante du hautbois. Enfin, l'Allegro giocoso, célèbre pour ses accents tziganes, séduit par sa fraîcheur. L'alternance de climats entre les passages fougueux et lyriques fonctionne, porté par un bel engagement physique de part et d'autre.

Le violoniste américain offre deux bis lumineux de Bach. L'Allegro de la Sonate n° 2, puis la Gavotte en rondeau de la 3e Partita.

Après l'entracte, l'orchestre s'illustre dans la Suite Orchestrale n° 3 de Tchaïkovski. L'œuvre est intitulée « Suite », mais avec ses quatre mouvements elle a bien l'allure d'une symphonie. Le premier volet, Elégie, dévoile les contours d'une écriture solaire qui réunit les caractéristiques musicales du compositeur russe. Ce mouvement lyrique déroule avec grâce une pâte orchestrale équilibrée d'une touchante amplitude expressive. Dans la Valse qui suit mais aussi certaines parties en fin de pièce, des couleurs plus sombres apparaissent. On retrouve dans cet Allegro moderato des sonorités soyeuses aux influences slaves. Après un Scherzo tout en finesse, le long finale ouvre des perspectives différentes comme s'il s'agissait d'un autre concert. Les différents pupitres sont à l'honneur, attentifs à la direction précise et souple de . Introduit par les cordes, le thème principal est suivi de variations qui dépeignent une succession de différents tableaux. La petite harmonie se distingue dans la 3e avec un dialogue enlevé entre les flûtes, les bassons et les clarinettes. Dans la 4e variation, on retrouve le Dies irae grégorien, psaume du XIe siècle, puis dans la 10e, un solo exalté joué par le premier violon aux accents tziganes. Le finale culmine sur une couleur flamboyante, brillamment mené par les percussions et les cuivres, avec une exubérante polonaise au phrasé majestueux.

Ovationnés par le public, l'orchestre allemand et leur chef russe reviennent interpréter deux bis rafraîchissants: Tsar Saltan et son Vol du Bourdon de Rimski-Korsakov, puis l'ouverture du Casse-Noisette de Tchaïkovski.

Crédits photographiques : Gil Shaham © Chris Lee ; © Evgeny Evtyukhov

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Aix-en-Provence. Grand Théâtre de Provence. 15-III-2025. Johannes Brahms (1833-1897) : Concerto pour violon en ré majeur, op. 77. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Suite Orchestrale n° 3 op. 55. Gil Shaham, violon. NDR Radiophilharmonie, direction : Stanislav Kochanovsky.

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1 commentaire sur “Gil Shaham et Stanislav Kochanovsky séduisent dans Brahms et Tchaïkovski”

  • caroline Pelosi dit :

    Bravo pour cet article qui fait revivre plus d’une semaine après tout les émotions éprouvées lors de ce concert.
    Le temps d’une lecture …me voilà replongée dans un Brahms interprèté avec la grande délicatesse et musicalité de Gil Shaham !
    Merci 🙏

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