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Anniversaire Ravel avec Beatrice Rana à Radio France

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Maurice Ravel (1875-1937) : Pavane pour une infante défunte. Une barque sur l’océan. Concerto en sol. Ma Mère l’Oye. La Valse. Beatrice Rana, piano. Orchestre National de France, direction musicale : Cristian Măcelaru.

Pour le cinquième et dernier concert Anniversaire Ravel organisé par Radio France, invite , bien moins convaincante au concerto que ne l'est l' dans l'accompagnement et le reste de la soirée.

Avec cinq concerts dont un de musique de chambre avec Marie-Nicole Lemieux et quatre programmes symphoniques, Radio France fête comme il se doit les 150 ans de la naissance de . Sur quinze jours à peine, toutes les grandes pièces pour orchestre auront pu être entendues, avec dès le premier soir – le 28 février à la Philharmonie de Paris- l' en compagnie d'Alexandre Tharaud dans le Concerto pour la main gauche.

Pour le second concerto du compositeur, joué lors du dernier concert à l'Auditorium de Radio France, les organisateurs ont fait appel à . Mais si la star permet de remplir intégralement la salle et semble ravir une majorité du public présent pour elle, elle inquiète par son jeu de plus en plus automatisé et de moins en moins ajusté aux œuvres interprétées. D'une agilité toujours spectaculaire, elle pénètre dans le Concerto en sol majeur comme si elle abordait Rachmaninov, avec un toucher devenu ces dernières années très délié et trop martelé, sans jamais vraiment dialoguer avec l'orchestre, pourtant idéal pour l'accompagner.

Parfaitement lancé par un « clac » très net, l'Allegramente est achevé par un clavier très percuté, avant que Rana ne devienne toute douce et presque pianississimo pour tenter de rendre émotionnel l'Adagio assai. Preuve qu'elle n'écoute que peu autour, elle prend souvent le choix du tempo, au risque de le modifier à son gré par rapport à l'instant d'avant. Et si cela peut fonctionner avec de très grands solistes remplis d'idées, on cherche ici quel discours elle veut porter, incapable de s'adapter en tout cas en fin de mouvement à celui du superbe cor anglais, qu'elle regarde à plusieurs reprises seulement pour se recaler sur son rythme. Toujours incroyable dans la célérité, elle ne fait qu'une bouchée du Presto final, mais si l'on avait encore un doute sur le fait qu'elle n'a rien à y raconter, le bis achève de nous convaincre : dans un concert anniversaire et intégralement Ravel, elle revient en scène pour proposer en bis… un extrait de Casse-Noisette de Tchaïkovski !

Dommage que l'on n'ait pu offrir ce concert à Seong-Jin Cho (qui avait bissé la Pavane ici-même l'an passé après le Concerto n° 5 de Saint-Saëns), Chamayou, Kantorow, ou surtout que l'on n'ait pu convaincre Martha Argerich de rejouer cette œuvre pour ce concert anniversaire, car autour du concerto s'entendent ce soir de belles choses. Mal engagée par des cors (les titulaires ne sont pas présents), la Pavane pour une Infante défunte trouve une fine inspiration sous la baguette de , où apparaissent déjà les splendeurs de la petite harmonie. Une barque sur l'océan est la pièce la plus passionnante de cette soirée, car même si son orchestration ne retrouve pas tout le génie de la partition pour piano, le chef en fait ressortir tous les coloris et bercements, dans une mer ici symboliste, pour ne pas dire presque debussyste.

En seconde partie, le directeur musical semble moins familier avec Ma Mère l'Oye, dirigée avec moins d'inspiration et dont les quintes sont fortement perturbées par celles de toux de deux spectateurs. Malgré cela, et si les cuivres pèchent encore sans parvenir à soutenir Le Jardin féérique, les bois font merveilles, tout particulièrement la flûte de et le hautbois de Thomas Hutchinson. Du même niveau depuis le début de la soirée, la première violon et la première harpe exaltent également tous leurs grands moments, de même que dans La Valse, pour laquelle Măcelaru revient plein d'énergie, à même de la faire virevolter et tournoyer sans jamais la fracturer, jusqu'à une coda loin de la noirceur de certaines interprétations, mais pleinement emportée jusqu'aux derniers instants.

Crédits photographiques : © Arte Live & France Musique (Print)

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Maurice Ravel (1875-1937) : Pavane pour une infante défunte. Une barque sur l’océan. Concerto en sol. Ma Mère l’Oye. La Valse. Beatrice Rana, piano. Orchestre National de France, direction musicale : Cristian Măcelaru.

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