Vivaldi revisité par Le Consort : une nouvelle saison pour un chef d’œuvre intemporel
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Le Quattro Stagioni. Antonio Vivaldi (1678-1741). RV 269,315,293,297. Concertos pour violon RV 264,155,292. Gregorio Lambranzi (?-1750) : Nuova e curiosa scuola de’ balli teatrali. Orchestre Le Consort. Théotime Langlois de Swarte, violon et direction. Julie Roset, soprano. 2 CD Harmonia Mundi. Enregistrés à l’Arsenal de Metz en juillet 2024. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 60:30
Harmonia MundiDans la continuité de leur précédent album Vivaldi sorti l'année dernière chez Harmonia Mundi, les musiciens du Consort, menés avec fougue par le violoniste Théotime Langlois de Swarte, nous offrent un florilège de concertos pour violon du Prêtre Roux, formant un parfait écrin aux célèbres Quatre Saisons.
Il y a tout juste 300 ans, Vivaldi publie Il cimento dell'armonia e dell'inventione, qui s'ouvre par les quatre concertos pour violon consacrés aux saisons. Déjà célèbre depuis la publication de l'Estro armonico en 1711, le compositeur offre au monde un véritable manifeste du violon concertant. Il en amplifie la portée par l'ajout de « sonnets démonstratifs » qui déroulent avec précision les actions décrites par la musique, comme les didascalies d'un théâtre sans paroles. Les interprètes sont ainsi clairement invités à imiter les oiseaux, les aboiements des chiens, la trompe de chasse, le vol des mouches, le tonnerre et autres bruits de la nature conviés par l'écriture musicale. Les cordes du Consort s'y prêtent avec un bonheur communicatif, qui balaye d'entrée les interrogations de l'auditeur enclin à se demander pourquoi proposer une nouvelle version d'une œuvre dont on ne compte plus les interprétations.
Dans un texte de présentation d'une grande qualité analytique, Théotime Langlois de Swarte nous dit que les Saisons de Vivaldi ont été à l'origine de son désir de devenir violoniste, et cela s'entend, tant la joyeuse énergie qu'il dégage est communicative. Il voit dans le cycle des saisons une métaphore de la vie et une réflexion sur le temps, sous-tendue par la symbolique des tonalités. Le résultat est extrêmement convaincant. Dans le mouvement lent de l'Eté, on sent réellement la chaleur écrasante qui enveloppe l'impression de temps suspendu, avant le fracassant orage de grêle du Presto. La chasse du troisième mouvement de l'Automne est un autre grand moment de virtuosité. Avec ses ruptures de tempo et les contrastes entre le murmure des pianissimos et les fulgurances des fortissimos, cette interprétation déploie une très grande poésie. Et on apprécie que les sonnets descriptifs soient intégralement reproduits dans le livret d'accompagnement. En conclusion du cycle des Quatre Saisons, l'air Nulla in mundo pax sincera chanté par la soprano Julie Roset prolonge l'idée de renouveau perpétuel.
Le deuxième CD qui complète cet album propose quatre autres concertos dans les mêmes tonalités que les Saisons, comme un cycle en miroir. On y retrouve la même chatoyance de couleurs contrastées et le même élan communicatif. Les danses du théâtre vénitien de Gregorio Lambranzi illustrent une des sources d'inspiration de Vivaldi en nous plongeant dans l'univers populaire de la commedia dell'arte. Ces petites danses en duo ou en trio permettent une joyeuse parenthèse au milieu des concertos en grand effectif. En complément de ce programme, trois mouvements lents enchaînés évoquent la fin du cycle de la vie, avant l'annonce de la Résurrection par l'Adagio de Gentili joué avec une grande intensité par la violoniste Sophie de Bardonnèche pour un final tout en poésie. Vivaldi n'a pas fini de nous faire frissonner.
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Le Quattro Stagioni. Antonio Vivaldi (1678-1741). RV 269,315,293,297. Concertos pour violon RV 264,155,292. Gregorio Lambranzi (?-1750) : Nuova e curiosa scuola de’ balli teatrali. Orchestre Le Consort. Théotime Langlois de Swarte, violon et direction. Julie Roset, soprano. 2 CD Harmonia Mundi. Enregistrés à l’Arsenal de Metz en juillet 2024. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 60:30
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