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Beach birds et Mycelium à l’Opéra de Lyon : glisser du beau au sublime

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Lyon. Maison de la danse. 12-III-2025. Ballet de l’Opéra de Lyon. Nature Studies.

Beach birds. Chorégraphie : Merce Cunningham. Assistante chorégraphique : Carol Teitelbaum. 11 interprètes du Ballet de l’Opéra de Lyon. Musique : John Cage. En partenariat avec le Conservatoire national supérieur musique et danse de Lyon, piano et bâtons de pluie : Thomas Ficheux, bâtons de pluie : Hyesu Yoon. Costumes et lumières : Marsha Skinner.

Mycelium. Chorégraphie : Christos Papadopoulos. Assistant chorégraphique : Georgios Kotsifakis. 19 interprètes du Ballet de l’Opéra de Lyon. Musique : Coti K. Lumières : Eliza Alexandropoulou. Costumes : Angelos Mentis.

Maîtres de Ballet pour les deux pièces : Amandine François, Marco Merenda, Raùl Serrano Nùnez.

L'initiative du directeur de la danse du , Cédric Andrieux, de faire dialoguer pour le programme Nature studies deux œuvres majeures évoquant la nature sans jugement est d'autant plus intéressante qu'elles dégagent chacune des énergies et des esthétiques opposées.

Beach birds, pièce iconique de fut créée en 1991, et est entrée au répertoire du Ballet de l'Opéra de Lyon en 2008 tandis que Mycelium a été créé en 2023 par pour le , en coproduction avec la Biennale de la danse de Lyon et le Théâtre de la Ville de Paris. Réunies pour la première fois, les deux pièces creusent au cœur de la nature leur inventivité.

La première, Beach birds, sur fonds changeants monochromes de couleurs diurnes, saisit des figures d'oiseaux marins tout en piqués géométrisés, qui pourraient être autant de pièces d'un échiquier. Dans leur costume noir, pour les bras et le cou, et blanc, que la peintre Marsha Skinner imaginait telle une calligraphie, chaque danseur imprime son individualité, dessinant sa trajectoire en sa bulle, accueillant cependant le nouvel élément surgissant, le regardant parader, puis l'entourant. Les duos et trios se font et défont sans altérer la rigidité des ensembles, comme si l'humain regardait l'animal derrière une vitre, contemplant la perfection que ses figures suggèrent, allant jusqu'à se statufier, chaque muscle tendant en dehors, vers l'immobilité. Les notes de s'égrènent indépendamment des mouvements, du piano aux bâtons de pluie, jusqu'aux silences qui donnent à entendre les frottements des pieds nus des danseurs progressant sur un sable absent. La beauté de ces oiseaux, algues ou rochers, sur une patte le plus souvent, demeure renversante, comme le surgissement d'êtres à part que rien ne perturbe à l'aurore ou à l'aube de l'orangé final.

Quant à la seconde pièce, le raz-de-marée souterrain de Mycelium, ces ramifications fongiques qui forment des bataillons propres à sauver des arbres, elle puise en un noir-lumière, où ondule et vibre en chœur une vingtaine de danseurs au regard fixe face public, leurs pieds en chaussettes noires disparaissant presque pour souligner leurs bras nus dépassant de leurs costumes souples de soie noire. Ils répètent quasiment la même pulsation du début à la fin, dans une impression de fluidité organique majestueuse, leurs mouvements de recul ou d'envol empruntant aux murmurations de bancs de poisson ou d'oiseaux qui font l'ADN du travail minimaliste et pourtant foisonnant de . La partition électronique de Coty K, avec lequel le chorégraphe travaille dès ses débuts, crée des tourbillons de tempêtes organiques ou de bruits plus sourds, accompagnant le bouleversement que suscitent les accélérations et les variations de bras de l'ensemble. Cela donnerait l'impression qu'un tableau de Pierre Soulages s'est animé dans un élan de vitalité revigorante.

De la beauté de Beach birds que l'on contemple, on passe au sublime de Mycelium qui mène aux tréfonds de l'âme en ces rhizomes mystérieux qui opèrent en une région souterraine au-delà de toute interprétation anthropomorphique.

Crédits photographiques : © Agathe Poupeney / Ballet de l'Opéra national de Lyon

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Lyon. Maison de la danse. 12-III-2025. Ballet de l’Opéra de Lyon. Nature Studies.

Beach birds. Chorégraphie : Merce Cunningham. Assistante chorégraphique : Carol Teitelbaum. 11 interprètes du Ballet de l’Opéra de Lyon. Musique : John Cage. En partenariat avec le Conservatoire national supérieur musique et danse de Lyon, piano et bâtons de pluie : Thomas Ficheux, bâtons de pluie : Hyesu Yoon. Costumes et lumières : Marsha Skinner.

Mycelium. Chorégraphie : Christos Papadopoulos. Assistant chorégraphique : Georgios Kotsifakis. 19 interprètes du Ballet de l’Opéra de Lyon. Musique : Coti K. Lumières : Eliza Alexandropoulou. Costumes : Angelos Mentis.

Maîtres de Ballet pour les deux pièces : Amandine François, Marco Merenda, Raùl Serrano Nùnez.

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