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Décès de Sofia Goubaïdoulina

 

Elle est un mystère et un phénomène qui n'a pas d'analogue », écrivait son compatriote Alfred Schnittke. Née en 1931 à Tchistopol, en République autonome tatare, la compositrice s'est éteinte le 13 mars en Allemagne où elle résidait depuis 1991.

Elle débute très jeune la musique, affichant d'emblée des dons pour l'improvisation et l'exploration sonore du piano sur lequel elle commence sa formation. Elle étudie à l'Académie de musique (1946-1949) puis au Conservatoire de Kazan (1949-1954) avant d'intégrer la classe de composition au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou. Elle se range du côté de l'avant-garde et fréquente le studio de musique électronique qui vient de s'ouvrir (1960) où elle rencontre ses confrères Edison Denisov et Alfred Schnittke. Elle réalise en 1969 une pièce électronique (Vivente – Non Vivente). Mais son originalité dérange, elle est peu jouée et écrit, pour survivre, de la musique de films. En 1979, elle est inscrite sur une liste noire par l'Union des compositeurs de l'URSS comme Denisov et Schnittke. La création à Vienne en 1981 de son concerto pour violon Offertorium par Gidon Kremer marque le début de sa reconnaissance internationale, malgré son absence sur les lieux du concert.

Ayant grandi à Kazan, carrefour de deux grandes traditions religieuses, orthodoxe et musulmane, Goubaïdoulina, dont le grand-père paternel était un mollah, dira plus tard : « Je suis l'endroit où l'Orient rencontre l'Occident ». Accordant à la musique une dimension spirituelle, les œuvres de nature religieuse prennent une place importante dans son catalogue : Sept paroles (1982), La Passion selon Saint-Jean (2000). Passionnée de folklore, Goubaïdoulina participe en 1975, à la fondation de l'Ensemble Astreya qui pratique l'improvisation sur des instruments traditionnels en provenance de Russie, du Caucase, de l'Asie centrale… C'est un laboratoire du son pour la compositrice qui écrit des œuvres pour bayan, l'accordéon traditionnel russe (De Profundis 1978), pour percussion (Glorius percussion 2008) ou pour Koto (...Early in the Morning, Right Before Waking … 1993), œuvres originales autant qu'habitées mêlant mystique chrétienne et philosophie orientale, où la compositrice donne libre cours à sa pensée et imagination créatrices. Citons encore sa symphonie en douze mouvements, Stimmen…Verstummen … (1986) où la cadence silencieuse est attribuée au chef d'orchestre, et Sonnengesang, pour violoncelle, chœur de chambre et percussion.

En 2001 sa maison de Kazan devenait le Centre de la musique contemporaine alors qu'elle s'était installée en Allemagne, à Appen près de Hambourg, pour se consacrer pleinement à la composition. Retenue en URSS jusqu'en 1980, elle a bénéficié du soutien des instrumentistes qui ont joué sa musique dans le monde entier, parmi lesquels Gidon Kremer, le Kronos Quartet, le Quatuor Arditti, Simon Rattle, Guennadi Rojdestvenski, Mstislav Rostropovitch, Anne-Sophie Mutter… (MT)

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