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L’ode à la nature de Renée Fleming au Palais Garnier

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Paris. Palais Garnier. 09-III-2025. « Voice of Nature : The Abthropocene ». Chansons, airs, mélodies et lieder de divers auteurs et compositeurs : Dickens, Haendel, Muhly, Canteloube, Schneider, Bjork, Villa-Lobos, Shore, Puts, Green, David, Browne, Hahn, Messiaen, Leoncavallo, Cilea, Strauss. Renée Fleming, soprano, Howard Watkins, piano. Projection vidéo : film de la National Geographic Society.

La grande soprano américaine est revenue au Palais Garnier, qui en 2022 lui avait consacré un gala, pour y donner un récital éclectique, né d'un projet éminemment  personnel porteur de message et intitulé « Voice of Nature : Anthropocene ». 

Tous les strapontins sont occupés au parterre de l'Opéra Garnier ce dimanche soir. La venue de à Paris est un évènement qu'on ne saurait manquer ! Un grand écran surplombe le piano. Vêtue d'abord d'une robe du soir verte comme les prairies, la star arrive sur scène et prend le micro pour dire en français, puis dans sa langue natale, deux mots sur le programme de son récital. Un projet né pendant le confinement de la pandémie, alors qu'elle recherchait « réconfort » et « équilibre émotionnel » dans la nature autour de chez elle. Voice of Nature, ce fut d'abord un album en collaboration avec Yannick Nézet-Seguin couronné d'un Grammy Award en 2023. Ce récital parisien en est largement inspiré, en tout cas pour sa première partie. 

Elle est à l'image de ses longues promenades, invitant à la méditation et à la rêverie, longue ode mêlant chanson pop  (, ), jazz et chants de compositeurs (Canteloube, Villa-Lobos), aria d'opéra (Haendel), musique de film (la chanson en sindarin du Seigneur des Anneaux)…Des musiques qui lui sont familières depuis toujours, qui font partie de sa vie, certaines écrites pour elle (Endless Space de , et Evening de ) et qu'elle interprète sur fond d'images projetées de paysages, d'animaux dont on contemple la beauté : un film réalisé en partenariat avec la National Geographic Society. 

Qu'elle tienne le micro pour chanter Pretty Bird de , ou qu'elle le repose pour Care Selve de Haendel, adaptant le timbre de sa voix et ses intonations au style musical, la couleur inaltérable de sa voix, toutes ses qualités qu'on lui connait, la souplesse de sa ligne vocale, la longueur du souffle, la projection toujours facile, laissent admiratif. Hormis l'incursion dans l'aigu cette fois peu réussie de Twillight and Shadow d', tout demeure parfaitement contrôlé. Ce demi-programme, aussi éclectique que cohérent musicalement, très américain dans l'esprit, séduit et déconcerte à la fois. Mais la pertinence du message porté par les paroles, la musique et les images, ne laisse pas indifférent tant il est adressé avec conviction venant tout droit du cœur de la diva dans une qualité d'interprétation  irréprochable. 

La seconde partie est plus conventionnelle dans sa composition, quoique toujours en rapport avec la nature : un bouquet formé de mélodies françaises, d'airs véristes italiens, et de lieder de , répertoire que chérit particulièrement. Le velouté de sa voix qui n'exclut pas une diction toujours exemplaire, le phrasé tout en onctuosité, et le legato légendaire de la soprano apportent aux mélodies de Renaldo Hahn (L'heure exquise, Si mes vers avaient des ailes, et les Étoiles) un charme incomparable, et une délicieuse et suave sensualité à Paysage, l'un des si rares Poèmes pour Mi d' dont elle en chante trois ce soir (avec Actions de grâces et La Maison). Son ton se fait pétillant et malicieux lorsqu'elle entonne l'air « Musette svaria sulla bocca viva » extrait de La Bohème de Leoncavallo. Et l'on se laisse envouter par la beauté de son souffle lorsqu'elle incarne Adriana dans « Io son l'umile ancella » de . La voix toujours admirablement souple, la soprano est aussi chez elle dans les trois lieder de qu'elle chante à la fin de son récital (Schlechtes Wetter, Wiegenlied, et le joyeux Muttertändelei qui donne lieu à un amusant jeu scénique).

Au public comblé de bonheur, elle offre de choisir un bis parmi deux proposés, et la salle ne pouvant se départager, elle chantera finalement les deux ! D'abord un sublime Morgen de , émouvant, extatique, magnifiquement étiré…puis dans un autre registre et au micro, mais tout aussi émouvant, Hallelujah de Leonard Cohen, demandant au public, qui s'y prête de bonne grâce, de l'accompagner dans le refrain. et , son discret pianiste dont la fluidité du jeu aura été l'écrin de sa voix, reçoivent à juste titre une ovation debout. 

Crédit photographique © Sébastien Mathé / Opéra national de Paris

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Paris. Palais Garnier. 09-III-2025. « Voice of Nature : The Abthropocene ». Chansons, airs, mélodies et lieder de divers auteurs et compositeurs : Dickens, Haendel, Muhly, Canteloube, Schneider, Bjork, Villa-Lobos, Shore, Puts, Green, David, Browne, Hahn, Messiaen, Leoncavallo, Cilea, Strauss. Renée Fleming, soprano, Howard Watkins, piano. Projection vidéo : film de la National Geographic Society.

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