À Toulouse, la musique populaire à l’honneur avec Chansons dansées à la Halle aux grains

Le Ballet du Capitole présente actuellement Chansons dansées à la Halle aux grains, un programme en trois parties autour de Jacques Brel, Barbara et la musique traditionnelle de l'Italie du Sud.

Comme évoqué l'année dernière lors d'une interview, Beate Vollack, directrice de la danse de l'Opéra national du Capitole, a souhaité mettre en valeur la polyvalence de ses danseurs en proposant un florilège d'époques et de styles pour sa toute première programmation annuelle. Brel, Barbara et Cantata sont les trois parties d'un triptyque intitulé Chansons dansées, qui comme son nom l'indique part de la musique populaire à texte pour proposer un voyage chorégraphique au sein de trois univers poétiques singuliers.

Et c'est à Ben van Cauwenbergh que revient l'honneur d'ouvrir le spectacle sur l'iconique voix de son compatriote belge Jacques Brel. Créé en 1993, lorsque le chorégraphe occupait également le poste de directeur du Ballet du Théâtre national de Hesse à Wiesbaden, Brel est un extrait d'un autre triptyque intitulé La vie en rose, dans lequel il a également travaillé sur les voix de Gilbert Bécaud et d'Edith Piaf. Tables de bistrots, seaux à champagne et lumière nocturne : c'est dans ce décor de café que la compagnie fait une glorieuse entrée sur une Valse à mille temps chorégraphiée à la hauteur de son caractère iconique. Neufs autres titres incontournables lui succèdent, alternant chansons d'amour (Ne me quitte pas) et scène de la vie quotidienne (Les Bourgeois, Amsterdam), tous illustrés avec justesse dans un style classique technique et contemporain, faisant également appel à la théâtralité des interprètes qui incarnent divers personnages inspirés des années 40.

Le programme se poursuit dans une ambiance plus intimiste, autour d'une lampe haute à franges et d'un fauteuil ancien, plongés dans le noir et soulignés par une découpe. Les costumes des cinq, puis des sept danseurs, apportent une touche plus moderne à l'ensemble, tout en rappelant la chanteuse éponyme avec des vêtements aux coupes simples et épurées, fabriqués dans divers types de tissus noirs (pantalon en toile, haut en velours, pantacourt à paillettes ou encore haut transparent). La pièce Barbara, qui est aussi la toute première création française de la jeune chorégraphe anglaise indépendante Morgann Runacre Temple, est habilement écrite dans une gestuelle contemporaine très ancrée dans le sol, tout en isolations, ondulations et en glissés. Durant les cinq morceaux sélectionnés, dont Nantes uniquement interprété au piano par Christophe Larrieu, la chorégraphe parvient à amener le public dans une dimension émotionnelle abstraite à la hauteur de toute la puissance des textes de « la dame en noir ».

Avec Cantata, nous quittons finalement la chanson francophone pour un détour dans les rues de Naples où résonnent les chants, l'accordéon et les percussions légères de la musique traditionnelle de l'Italie du Sud. Accompagnée en direct par quatre musiciennes, toute la compagnie est réunie sur scène dans une énergie festive et viscérale. Pieds nus, cheveux détachés et vêtements effet « rapiécé » dans les tons bordeaux, nous voilà propulsés au cœur d'une fête populaire où différents groupes ou personnes se laissent porter par la musique, pendant que les autres regardent. Dans un contemporain acrobatique, énergique et quelque peu désarticulé, l'éminent chorégraphe italien Mauro Bigonzetti a souhaité explorer la variété des relations entre les êtres, de la séduction à la querelle, en passant par la jalousie et la communion de groupe. Une conclusion réussie à un programme cohérent, qui ouvre une fenêtre sur des références culturelles plus grand public, sans toutefois vraiment sortir des sentiers battus.

Crédits photographiques : © David Herrero