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À Marseille, prima l’Orfeo en ouverture de Mars en Baroque

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Opéra de Marseille. 2-III-2025. Claudio Monteverdi (1567-1643) : L’Orfeo, favola in musica sur un livret d’Alessandro Striggio. Mise en espace : Jimmy Boury. Romain Bockler, Orfeo ; Maria Chiara Gallo, Messaggiera ; Julie Vercauteren, Proserpina ; Louise Thomas, Euridice ; Alexandre Baldo, Plutone ; Jean-Manuel Candenot, Carone ; Immanol Iraola, Apollo ; Lise Viricel, Musica ; Gabrielle Vartebian, Ninfa ; Logan Lopez Gonzales, Speranza. Chœur de l’Opéra de Marseille. Concert Soave. Direction musicale : Jean-Marc Aymes

De l'opéra avant toute chose : c'est ce que nous proposent et , les directeurs artistiques du festival marseillais, dont la 23e édition est sous-titrée « Prima l'Opera ». Et s'ouvre sur la représentation de l'Orfeo de Monteverdi par le .

On ne présente plus le chef d'œuvre de Monteverdi, qui n'avait étonnamment jamais été donné dans la cité phocéenne. Occasion pour l'Opéra de Marseille de fêter en beauté son centenaire. Bien sûr, on aurait souhaité une mise en scène et en décor plutôt que cette modeste mise en espace de Jimmy Boury sur un fond de vidéo trop statique. Peut-être aurait-il suffit que les chanteurs solistes délaissent leur partition pour que l'émotion soit plus spontanément transmise ? Tout cela est un peu figé. Heureusement, la présence de l'orchestre sur la scène, réparti en deux chœurs (cordes d'un côté, vents de l'autre) compense le risque d'ennui visuel et nous donne à voir qu'il participe pleinement à l'action. De même que l'excellent Chœur de l'Opéra de Marseille qui tient un rôle essentiel, comme dans le théâtre antique, et ponctue le drame de ses interventions, dans des alternances entre grand chœur et petit chœur de solistes.

L'excellence instrumentale apparaît dès la Toccata introductive, à laquelle des roulements de tambour donnent une allure martiale. C'est le baryton qui s'acquitte avec brio des interventions de percussions et se révèlera un virtuose des castagnettes pour accompagner les danses joyeuses de l'acte I. L'arrivée de la Musica, campée par , apporte un contraste tout en délicatesse sur un tapis de cordes pincées. Les chœurs des Nymphes et des Bergers participent allègrement à la fête. propose un Orfeo assez convaincant vocalement, surtout à l'acte III lorsqu'il tente d'attendrir Carone dans l'air Possente spirto, où les diminutions virtuoses de son chant répondent à celles des violons et des cornets. Dans le rôle de Carone, manque un peu de puissance, contrairement à la basse profonde d' en Plutone, qui nous fait trembler en annonçant l'implacable condition du retour d'Euridice. Mais c'est l'excellent contre-ténor Logan Lopez Gonzales qui domine la distribution masculine dans le rôle de l'Espérance, et on s'émeut pour le destin du malheureux Orfeo en entendant la terrible sentence Lasciate ogni speranza voi ch'entrate. Pour la distribution féminine, c'est Maria Chiara Gallo qui remplace Maria Cristina Kiehr, souffrante, dans le rôle central de la Messagère. Son intervention pour annoncer la mort d'Euridice devrait être le moment le plus poignant de l'œuvre : il n'en est malheureusement rien, et Orfeo semble à peine ému par le drame. Quant à la courte intervention d'Euridice () à l'acte IV, elle nous offre des chromatismes déchirants fort bien conduits.

C'est depuis les claviers que dirige l'ensemble avec précision. Le rôle du continuo est essentiel dans cette œuvre, réalisé ici de main de maître par les continuistes des deux chœurs instrumentaux (autour de J.M. Aymes côté cordes et de l'organiste Emmanuel Arakélian côté vents). Mention spéciale pour le théorbe et les solos de la harpiste dont on aurait aimé trouver le nom sur les programmes. Cette œuvre charnière entre la Renaissance et le baroque naissant pose avec autorité les bases de la monodie accompagnée, et marque l'ouverture d'un mois de programmation d'une très grande qualité pour Mars en Baroque.

Crédit photographique : © Christian Glaenzer

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Opéra de Marseille. 2-III-2025. Claudio Monteverdi (1567-1643) : L’Orfeo, favola in musica sur un livret d’Alessandro Striggio. Mise en espace : Jimmy Boury. Romain Bockler, Orfeo ; Maria Chiara Gallo, Messaggiera ; Julie Vercauteren, Proserpina ; Louise Thomas, Euridice ; Alexandre Baldo, Plutone ; Jean-Manuel Candenot, Carone ; Immanol Iraola, Apollo ; Lise Viricel, Musica ; Gabrielle Vartebian, Ninfa ; Logan Lopez Gonzales, Speranza. Chœur de l’Opéra de Marseille. Concert Soave. Direction musicale : Jean-Marc Aymes

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