Renaud Capuçon and Friends au Grand Théâtre de Provence
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Aix-en-Provence. Grand Théâtre de Provence. 28-II-2025. Gustav Mahler (1860-1911) : Quatuor avec piano. Gabriel Fauré (1845-1924) : Quatuor pour piano et cordes n° 2, op.45. Richard Strauss (1864-1949) : Quatuor pour piano et cordes, op.13. Renaud Capuçon, violon. Paul Zientara, alto. Julia Hagen, violoncelle. Guillaume Bellom, piano.
Au Grand Théâtre de Provence, le violoniste Renaud Capuçon entouré en quatuor de Paul Zientara, Julia Hagen et Guillaume Bellom interprète des œuvres de Fauré, Strauss et Mahler.
Mahler n'était encore qu'un jeune étudiant de 16 ans au Conservatoire de Vienne lorsque son Quatuor avec piano, écrit en un seul mouvement, vit le jour. D'autres pièces de musique de chambre furent commencées sans jamais être achevées. Dans la lignée du romantisme de Schubert et Brahms, cette œuvre sied aux musiciens dont la complicité est évidente tout au long du concert. Le premier thème joué dans les graves du piano est le fondement quasi obsessionnel de tout le mouvement. Chaque développement thématique est interprété avec verve. Le pianisme de Guillaume Bellom trouve ici une variété digitale de premier plan. L'homogénéité des cordes contribue à cette beauté esthétique où chacun s'illustre à travers des sonorités vibrantes.
Le voyage musical se poursuit avec le Second Quatuor pour piano et cordes de Fauré. Ecrite en 1886, la partition ouvre la deuxième période du compositeur qui voit sa musique atteindre une nouvelle plénitude. Les thèmes sont plus développés et l'architecture plus raffinée. De plus, la relation entre le piano et les cordes s'est complexifiée tandis que l'expression s'est assombrie. Une énergie fiévreuse caractérise l'Allegro molto moderato. La mise en tension est parfaitement menée, notamment dans les climax. Cette sorte de forme sonate est esquissée avec deux thèmes contrastés. Le premier, d'une force constante, est tout en mouvement. Le second est davantage serein et poétique. Avec leurs couleurs impressionnistes d'un charme envoûtant, les plages lyriques séduisent, tout comme l'Adagio non troppo construit sur un carillon dans les graves du piano (souvenir d'une sonnerie de cloches ariégeoises). Malgré une projection faussée en raison de l'acoustique sèche de la salle, la cantilène mélancolique de l'alto retient le temps et nous plonge dans un état de rêverie, sublimé par l'expression à fleur de peau des cordes et des teintes cristallines du clavier. Dans le dernier volet, le violon lumineux et incisif de Renaud Capuçon est en osmose avec ses complices, Paul Zientara et Julia Hagen. La densité harmonique de ces pages leur offre peu de répit à l'image des ostinati agités du piano et de ses interventions véhémentes.
La deuxième partie de la soirée permet d'entendre un autre chef d'œuvre qui mériterait d'être plus souvent programmé, le Quatuor pour piano et cordes de Strauss. Cette pièce de jeunesse témoigne de l'influence de Brahms, mais aussi de Mendelssohn avec cette manière d'alterner des phrasés passionnés et des contrastes incisifs. La fougue et la virtuosité impétueuse du jeune Strauss rappelle l'énergie brahmsienne notamment à travers son climat ténébreux, sa portée dramatique, mais aussi les variations de courts motifs thématiques (Allegro). Le quatuor s'illustre sans retenue dans une version équilibrée où l'alchimie est palpable : chacun s'écoute et respire avec l'autre. Le legato idéal de Bellom vient trouver la générosité de Capuçon, flexible à souhait dans ses interventions. Ils entraînent leurs compères dans une flamboyante interprétation caractérisée par ses contrastes (Vivace), et son discours empreint de piquant et d'humour (Scherzo). D'une beauté immédiate, l'Andante est autant mélancolique que touchant de réalisme.
Enthousiaste, le public obtient un bis avec une reprise brillante du Scherzo de Strauss.
Crédits photographiques : Paul Zientara © Tatiana Megevand ; Guillaume Bellom © Jean-Baptiste Millot ; Julia Hagen © Julia Wesely ; Renaud Capuçon © Benjamin Decoin
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Aix-en-Provence. Grand Théâtre de Provence. 28-II-2025. Gustav Mahler (1860-1911) : Quatuor avec piano. Gabriel Fauré (1845-1924) : Quatuor pour piano et cordes n° 2, op.45. Richard Strauss (1864-1949) : Quatuor pour piano et cordes, op.13. Renaud Capuçon, violon. Paul Zientara, alto. Julia Hagen, violoncelle. Guillaume Bellom, piano.